Bonjour et merci d’avoir fait appel à AlterHéros!

Si je comprends bien, tu avoues ressentir quelques fois de l’attirance pour les filles et cela te dérange et te met dans l’inconfort. De plus, tu dis qu’il y a une fille dans ta classe que tu regardes souvent, parce que tu soupçonnes qu’elle soit lesbienne, d’autant plus qu’elle est tom-boy, tout comme toi.

Tout d’abord, j’aimerais préciser que le fait qu’elle soit tom-boy n’a rien à voir avec son orientation sexuelle. Il est possible d’être une fille tom-boy et complètement hétérosexuelle, comme d’être une fille féminine, entourée principalement de filles et d’être lesbienne! Malheureusement, ce seul élément ne nous donne donc pas tant d’indices que cela.

Tu dis qu’elle te regarde souvent : comment interprètes-tu ses regards? Tu me dis aussi la regarder: peut-être te rend-elle simplement tes regards, en se demandant elle-même pourquoi tu la regardes ? Ou bien (et c’est à toi d’en juger) tu ressens vraiment une certaine attirance à ton égard dans la manière dont elle te regarde, et alors peut-être bien qu’elle est réellement bisexuelle ou lesbienne. Il sera très difficile d’en être certaine, à moins bien sur de le lui demander.

Après, tu te demandes si tu es toi-même lesbienne, tout en te disant que tu n’aimes pas ça. Il est très courant que des jeunes filles ou des jeunes garçons ressentent ce qu’on appelle de « l’homophobie intériorisée » dès qu’iels (contraction ils + elles) commencent à ressentir de l’attirance pour les personnes du même genre.  Ceci s’explique premièrement par le fait que l’homosexualité reste encore un sujet tabou, surtout à l’adolescence. Ensuite, il peut être difficile de s’accepter en tant que gay ou lesbienne dans une société qui, trop souvent, présente l’hétérosexualité comme modèle unique et dans laquelle sévit encore beaucoup d’homophobie. Il est donc naturel que tu sois réfractaire à ces sentiments-là dans un premier temps. Je pense que si l’on voyait plus de couples gays et lesbiens s’afficher dans la rue et dans les lieux publics, ce sentiment d’ « homophobie intériorisée » serait probablement moins répandu…

Quoi qu’il en soit, il serait dommage que ces sentiments désagréables te bloquent,  au point de t’empêcher de découvrir qui tu es réellement, si tu es effectivement lesbienne ou bisexuelle…

Tu dis également avoir peur qu’une lesbienne tombe amoureuse de toi. Sur quoi se base cette peur? L’homosexualité ne s’attrape pas, et même si la fille dont tu  parles est vraiment lesbienne ET intéressée par toi (attention, ces deux facteurs ne vont pas forcément de paire), je ne pense pas qu’elle se jetterait sur toi sans sonder ton opinion auparavant (comme dans tout rapport humain en fait). Et si ton opinion est défavorable, il est évident qu’elle ne fera rien sans ta volonté, sinon cela serait considéré comme une agression, et serait réprimandé par la loi.

Néanmoins, je ne pense pas que le plus important soit de savoir si oui ou non la fille dont tu parles est lesbienne ou même bisexuelle. Je comprends que cela t’intrigues, mais quand bien même tu serais fixée, cela ne te renseignerait pas beaucoup plus sur ton orientation sexuelle à toi…

Sinon, tu me dis que tu es avec ton chum depuis trois mois. J’aimerais maintenant sonder ta « satisfaction hétérosexuelle » pour pouvoir essayer de déterminer où tu te situes : te considères-tu comblée sur le plan affectif ? Ressens-tu de l’attirance sexuelle et romantique pour ton copain? Si tu as des fantasmes sexuels, mettent-ils en scène des hommes, des femmes, les deux ? Si vous avez déjà eu des rapports sexuels, comment as-tu trouvé ça? Penses-tu pouvoir t’épanouir dans une relation à long terme avec un garçon?

Ces questions, ou plus précisément tes réponses à ces questions, vont orienter ta réflexion vers la bisexualité (= attirée par les deux genres) ou vers l’homosexualité (= attirée par les femmes seulement). Voici une échelle d’orientation sexuelle développée par Alfred Kinsey qui pourrait également peut-être t’aider. Elle prouve que l’homosexualité et l’hétérosexualité se situent aux extrémités d’un même continuum, et qu’il y a beaucoup de nuances entre les deux :

0          Hétérosexualité exclusive (46% de la population)
1             Hétérosexualité prédominante, avec quelques expériences homosexuelles
2             Hétérosexualité préférentielle, avec expériences homosexuelles plus qu’occasionnelles
3             Bisexualité sans préférence (autant de comportements homosexuels qu’hétérosexuels)
4             Homosexualité préférentielle,  avec expériences hétérosexuelles plus qu’occasionnelles
5             Homosexualité prédominante, avec quelques expériences hétérosexuelles
6         Homosexualité exclusive (4% de la population)

D’après cette échelle, comme tu peux le voir, les numéros 1 à 5 (en gras) décrivent tous une forme de bisexualité différente, et comptabiliseraient environ 50% de la population. Il est important de préciser qu’une personne peut se déplacer sur l’échelle au cours de sa vie sans jamais se fixer à un numéro particulier. D’autres au contraire resteront au même numéro toute leur vie. Cela est très variable et aucune de ces possibilités n’est moins enviable ou moins saine que l’autre. Il est probable que tu te situes à quelque part sur cette échelle, puisque tu dis avoir déjà ressenti une certaine attirance pour les filles, bien que tu l’aies immédiatement refoulée.

Après, à toi de trouver le numéro qui te corresponds le mieux (pour l’instant). Cela peut prendre quelques temps avant d’arriver à te situer, mais le plus important reste de ne pas te mettre de pression, ni de barrières, mais de t’écouter, et d’être attentive à tes pensées, à ton corps et à tes désirs : cela  reste la meilleure manière pour arriver à trouver les réponses que tu recherches.

J’espère que ces quelques mots auront pu t’aider ou du moins t’apporter quelques éléments de réponse. N’hésite surtout pas à nous réécrire si tu as d’autres questions.

Marion