#contrainte à l'hétérosexualité
#en questionnement
#hétéronormativité
#lesbienne
#orientation sexuelle
13 janvier 2023

Je pense que je suis lesbienne, mais il y a certains moments, comme maintenant, où je doute énormément. Est-ce que ces doutes sont normaux?

Bonjour, je m’appelle Emmy, j’ai treize ans.

Ça fait depuis que j’ai douze ans que je pense être lesbienne, quand j’ai réalisé mes sentiments pour une fille de mon âge. Même si il y a de longue périodes où je suis sûre de ce que je suis, il y en d’autres (comme maintenant) ou je doute énormément. Je ne pense pas être bisexuelle, parce que je n’ai jamais vraiment aimé les garçons, si mes souvenirs sont bons. Je suis sûre d’être lesbienne, mais pourtant, il y a des fois où je ne peux pas m’empêcher, quand je pense qu’un garçon a peut-être un intérêt pour moi, de m’intéresser à lui aussi.

Même si je pense que c’est parce que je n’ai jamais vraiment eu confiance en moi, me sentir aimer par les garçons qui aujourd’hui sont très facilement dégoûté de tout, surtout des filles dans mon genre, me fait peut-être me sentir mieux et plus confiante, et puis j’entendais souvent des garçons de ma classe dire que j’étais moche, alors peut-être que je me prend d’interêt seulement par envie de me «venger» en quelque sorte ?

Voilà, je voudrais savoir si ces doutes sont normaux et ne veulent pas dire que je suis depuis toujours hétéro, parce que je me sens extrêmement bien dans la communauté LGBT… j’espère ne pas avoir fait d’autre faute.

Merci d’avance !

Émilie Grandmont

Bonjour Emmy!

 

Merci de faire confiance à notre équipe pour répondre à ta question. 🙂

Premièrement, je tiens à te dire que c’est très commun et normal d’avoir parfois des doutes sur notre orientation sexuelle, peu importe ce qu’elle est. Pour ce qui est surtout de toutes les orientations autres qu’hétérosexuelles, nous continuons tout de même à être influencés par l’hétéronormativité qui nous entoure. Je vois que tu as déjà eu une très bonne réflexion sur les raisons qui pourraient alimenter ces intérêts que tu penses avoir parfois pour des garçons et je suis tout à fait d’accord avec ce que tu dis.

Puisque, d’une manière ou d’une autre, nous nous faisons projeter des stéréotypes de genre binaires (et hétéro), que ce soit au sein de notre famille, de nos groupes d’amis, à l’école, au travail ou dans la société en général, nous conservons de manière subconsciente ces fausses idées qu’il faut plaire au genre opposé, que nous devons fonder une famille et que la seule manière de le faire est en étant en couple hétéro, et je pourrais en nommer bien d’autres! Ce que tu me nommes ressemble à un concept intéressant (mais avec lequel j’ai une relation conflictuelle) qui se nomme la « contrainte à l’hétérosexualité ». C’est un concept qui s’explique justement par l’hétéronormativité, mais il est généralement réservé à la communauté lesbienne. Il se décrit pas mal avec ce que j’ai mentionné plus haut dans ce paragraphe, donc non seulement que c’est le fait de considérer l’hétérosexualité comme la norme, qu’il soit même imposé par la société, mais est aussi expliqué par le fait que les femmes seraient depuis longtemps influencées à définir leur identité et leur sexualité au travers de leurs relations avec des hommes. Si tu souhaites en apprendre plus sur ce concept, si tu sens qu’il te rejoint, je t’invite à lire « Am I a Lesbian Masterdoc » (en anglais).

Maintenant, pourquoi je te propose cette lecture tout en disant que j’apprécie plus ou moins le terme « contrainte à l’hétérosexualité (comphet) »? C’est parce que c’est un concept très binaire, donc qui exclut l’existence des personnes trans, non-binaires, bisexuelles et pansexuelles (petite critique du comphet de ma part ici). Toutefois, si tu fais la lecture avec un œil critique, en connaissant ses défauts, je crois qu’il donne de bonnes pistes pour comprendre pourquoi les personnes lesbiennes se retrouvent parfois ou souvent en questionnement, permettant de se sentir moins seul·e·s dans ces expériences.

Après tout ça, il est important de savoir que même si tu as des doutes, même si tu as déjà eu un intérêt pour un garçon et même si tu en as maintenant, ça ne t’enlève pas le droit de t’identifier comme lesbienne. Tu mentionnes plusieurs fois que tu es sûre de l’être, alors fais-toi confiance, tu es la mieux placée pour le savoir! Tant que tu es confortable avec ce terme et que c’est comme ça que tu t’identifies toi-même, c’est tout ce qui compte. 🙂

 

J’espère que cette réponse pourra t’aider! N’hésite pas à nous recontacter si tu as d’autres questions,

Émilie (elle/she), pour AlterHéros

Similaire