Je ne sais pas comment surmonter une rupture difficile et une expérience qui augmente mes insécurités sur ma transidentité
Il y a 2 mois 1/2, j’ai commencé à fréquenter une fille (cis et hétéro qui a juste daté des gars cis). J’ai attendu un peu avant de lui dire que j’étais trans, et turns out que quand je lui ai dit, elle m’a dit qu’elle le savait déjà et que ça la dérangeait pas. Pendant le temps qu’on s’est fréquentés, je lui ai redemandé plusieurs reprises si elle était sure qu’elle était ok avec ça, elle l’était. On a couché ensemble plusieurs fois, toujours avec ma prothèse, et elle m’a dit qu’elle aimait vraiment ça, que c’était le meilleur sexe de sa vie et etc. On voulait les deux prendre notre temps et on était pas prêts à être avec quelqu’un mais finalement, on s’est laissés emportés et on agissait comme un couple, elle m’a presque dit je t’aime. À un moment elle a réalisé qu’elle n’était pas prête et qu’elle voulait qu’on arrête. On a été amis pendant 2-3 semaines pendant lesquelles on s’écrivait et qu’on s’est vus juste un peu (même si elle me donnait des mixed signals du genre elle me fait un long câlin en me disant qu’elle est bien avec moi et que ça change pas, qu’elle me texte random qu’elle s’ennuie). Finalement, ces derniers jours, j’ai essayé de lui donner plus d’espace parce que j’avais l’impression qu’elle s’éloignait mais elle a fini par me dire que ça ne lui convenait plus qu’on soit amis quand elle sent que je veux plus et elle non, qu’elle s’excuse du « love bombing » mais qu’elle ne se sent plus du tout comme elle se sentait il y a quelques semaines, qu’elle essayait de se faire croire quelque chose. Elle m’a nommé plusieurs raisons qui m’ont toutes fait mal, mais elle a vraiment mis au clair que c’est pas juste qu’elle n’est pas prête mais que peu importe le moment, ce serait non. J’ai fini par lui demander la journée suivante si le fait que j’étais trans était aussi une raison, et elle m’a dit que oui, que « le fait que ce n’était pas un problème voulait pas dire que c’est quelque chose qu’elle veut ». Ça m’a vraiment détruit, d’autant plus que la dernière fois qu’on a couché ensemble, je l’ai finalement laissée me toucher parce que je lui faisais vraiment confiance et qu’elle m’avait rassuré à 100% et rendu assez à l’aise. Tout de suite après, j’ai eu beaucoup de dysphorie, mais j’essayais de pas trop y penser, je me disais qu’elle allait pas partir pour ça anyways, mais là je peux pas m’empêcher de me sentir absolument dégueulasse et je sais pas quoi faire pour arrêter de me sentir mal. Déjà je suis blessé de tout ce qu’elle m’avait dit et de la perdre même en amie, mais tout ça vient en rajouter une couche.
De ce que j’en comprends, en plus de ta rupture, tu as vécu un sentiment de rejet lié à ta transidentité. Il est normal que cela ravive des insécurités et que tu te sentes encore vulnérable. Il est très important de reconnaître que ce genre de situation, même si c’est difficile à accepter, ne reflète pas la valeur de ta personne ni la légitimité de ta transidentité. Il y a des personnes qui ne sont pas prêt‧e‧s à être en relation pour de multiples raisons et cela ne fait pas de toi quelqu’un de moins valable, indigne d’amour ou qui ne mérite pas de relations satisfaisantes.
Tu as fait un grand effort en cherchant à être honnête avec elle et en t’assurant qu’elle était à l’aise avec ton identité. Même si elle t’a affirmé que ce n’était pas un problème pour elle, sa vision a changé et cela peut provoquer certains sentiments difficiles. Parfois, les sentiments des autres peuvent être influencés par des facteurs personnels ou des incompréhensions qu’on ne peut pas contrôler, mais cela ne signifie pas que tu mérites moins d’amour ou de respect.
Je sais que cette situation te cause de la dysphorie et des blessures émotionnelles profondes. Cela peut sembler accablant, mais il est essentiel de prendre soin de toi et de ne pas laisser ces expériences déterminer ta perception de toi-même. Ce que tu ressens est légitime, mais il est aussi crucial d’exprimer ta douleur et de ne pas garder ces émotions pour toi. Il pourrait être aidant d’en parler à des proches de confiance, ou, si tu te sens à l’aise, à un‧e psychologue ou un‧e sexologue thérapeute qui pourrait t’accompagner dans ce processus. Tu n’as pas à porter le poids de la situation seul.
Tu mérites des relations où tu te sens respecté, valorisé et aimé pour qui tu es. C’est une douleur transitoire, même si elle semble infinie et il est possible d’en guérir. Ne te laisse pas définir par ce rejet. Entoure-toi de personnes qui te soutiennent dans ton parcours et cherche des espaces où tu peux être toi-même sans jugement. Tu as le droit de prendre ton temps pour guérir et redéfinir ta confiance en toi et en tes relations.
Sois doux avec toi-même et prends le temps dont tu as besoin pour te reconstruire,
Mélo, étudiante au baccalauréat en sexologie et stagiaire pour AlterHéros