#Bisexualité
#en questionnement
#hétéronormativité
#hétérosexualité
#homosexualité
#orientation sexuelle
26 juillet 2023

Je me demande si je suis homosexuelle, bisexuelle ou hétérosexuelle...

Je me demande si je suis homosexuel,bisexuel ou hétérosexuel

Aidez moi!je suis perdu!!!

Sophie Desjardins

Salut Julie-Ann,

 

Je te rassure, tu n’es pas la seule à te poser cette question. Par contre, puisque tu ne m’as pas donné beaucoup d’informations sur toi-même pour m’aider à comprendre ce qui fait que tu te la poses, il va m’être difficile de personnaliser ma réponse. Je vais quand même faire de mon mieux.

Tout d’abord, je veux clarifier ce que chacun de ces termes signifie. Tu le sais probablement déjà, mais je vais les clarifier quand même parce que je sais à quel point l’éducation à la sexualité est souvent absente ou insuffisante au Québec. Pour toi qui t’identifies comme femme cisgenre dans ta question, être homosexuelle signifierait d’être attirée par les femmes. Hétérosexuelle serait une attirance pour les hommes et bisexuelle serait une attirance envers deux genre ou plus. En effet, on ajoute maintenant « ou plus » pour prendre en considération les personnes non binaires.

Je sens une certaine hésitation dans ta question courte et sans détails, et je ne peux m’empêcher de penser que cette hésitation est justifiée par quelque chose. Cela m’amène à penser qu’il y a, dans ton environnement social, la présence de l’idée que certaines orientations sont problématiques ou incorrectes. Même aujourd’hui, au 21e siècle, ces idées d’homophobie et de biphobie persistent malheureusement encore. Si j’ai visé juste, sache que la croyance que l’hétérosexualité est la seule sexualité valide et que tout le reste ne l’est pas est une croyance et non un fait. Être attiré par des personnes du même genre que soi ou par plusieurs genres n’est ni un trouble ni une maladie.  

Ton orientation devrait être déterminée par qui t’attire, point final. Ce désir de l’autre, cette attirance, c’est quelque chose qu’on a en nous et qui fait partie de nous. On la découvre en interagissant avec les autres et en écoutant nos sentiments et nos réactions. Au fond, ce que je dis, c’est que l’amour, c’est l’amour (une expression qui semble tourner en rond, mais qui indique que l’amour est valide pour ce qu’il est, quelle que soit sa forme). 

Il est aussi possible que ton hésitation tourne autour de la difficulté à différencier entre l’amitié et l’attirance. En effet, il y a beaucoup de points communs entre les deux et cela peut porter à confusion. Je crois d’ailleurs que plusieurs bonnes relations amoureuses sont des relations entre personnes qui seraient ami·e·s s’il n’y avait pas ce petit plus à leur connexion.

Qu’est-ce donc que ce petit plus? Je crois que les philosophes et autres penseurs n’ont pas encore tout à fait résolu cette question, mais pour ta question je dirais qu’il s’agit de vouloir quelque chose qu’on ne retrouve pas dans une relation amicale. Je te donne quelques exemples. Ça peut être le désir de se rapprocher physiquement et de se coller contre l’autre, le sentiment d’avoir des papillons dans le ventre quand on est en sa présence, le désir de passer du temps ou de partager des moments uniques avec cette personne. Ça peut être une personne qui envahit nos pensées, qui est toujours là dans notre tête et dont on s’ennuie en son absence. Et, évidemment, il y a le désir d’avoir des interactions physiques qu’on n’aurait pas avec un·e ami·e, comme l’embrasser ou avoir des relations sexuelles avec cette personne. 

Note que les attirances romantiques et sexuelles sont deux choses différentes et qu’il arrive qu’on ne ressente pas les deux en même temps pour une personne. On peut avoir envie d’une relation romantique sans qu’il y ait de sexualité ou avoir des relations sexuelles sans avoir de sentiments romantiques pour une personne. Parfois, ressentir l’un sans l’autre peut nous faire questionner si notre attirance est une vraie, mais il n’en est rien. L’une et l’autre sont tout à fait valides par elles-mêmes et n’ont pas obligatoirement besoin d’être liées.

Pour certaines personnes, l’hésitation sur leur orientation vient du fait que notre société considère tellement l’hétérosexualité comme étant la norme qu’elle la pousse et l’impose de plusieurs manières, que ce soit dans les téléséries, les films, la culture et les idées des gens autour de nous. C’est subtil, mais c’est aussi très fort comme phénomène. Et pour plusieurs, cela fait en sorte que toute attirance différente de l’hétérosexualité semble absolument devoir être remise en question ou justifiée. Si tu ressens de l’attirance pour des personnes qui ne sont pas des garçons, il est possible que tu sois dans cette situation. Si c’est le cas, sache que ton attirance est valide, quoi qu’en dise certain·e·s.

Enfin, je veux mentionner une idée qui revient souvent quand les gens se posent des questions sur leur orientation : qu’il faut l’essayer pour savoir si c’est vraiment notre orientation. C’est généralement un argument qui est amené quand on dit avoir une attirance autre que l’hétérosexualité, et c’est basé dans la fausse prémisse que l’hétérosexualité est meilleure et que toute autre orientation est une déviation. J’ai rarement entendu des gens indiquer qu’il fallait, pour une fille, essayer une relation sexuelle avec un garçon avant de prétendre être hétérosexuelle. Pourtant, si on suivait la logique de cette obligation d’essayer et qu’on n’assumait pas d’orientation supérieure, il faudrait bien le faire. 

Si je n’ai pas bien compris ta question, je t’invite à la préciser davantage. Dans tous les cas, n’hésite pas à écouter comme tu te sens et à explorer tes attirances à une vitesse qui respecte à la fois ton désir de relation et ta zone de confort.

 

Sophie (elle/she), bénévole pour AlterHéros

Similaire