15 février 2022

J'aimerais faire mon coming-out genderfluid à mes parents et amis...

Bonjour, je m’appelle Achille/Alyzée, je suis né dans un corps d’homme et je suis pansexuel, genderfluid et femboy. J’aimerais faire mon coming out auprès de mes parents et de mes amis, mais c’est surtout mes parents qui pose problème, car mes parents ne comprennent pas commet c’est possible que quelqu’un qui soit né-e femme/homme puisse être homme/femme car pour eux il y a les hormones qui jouent, et beaucoup d’autre choses.

Mais ils disent aussi qu’ils sont très ouverts, alors je ne sais pas si je dois leurs dire, pour ma pansexualité ,ma genderfluidité et ma féminité, et si oui, comment ? Pareil pour mes amis.

J’ai aussi des pensées plutôt noires telle que des pensées de suicide, pas forcément des envies de suicide, mais juste des pensées, car je me sens vraiment mal a l’aise.

Merci d’avoir pris le temps de lire mon message et d’y répondre.

Achille/Alyzée.

Maxim-e

Salut Achille/Alyzée,

 

Très jolis noms 🙂 Merci beaucoup de nous écrire!

 

Alors, tu aimerais faire un coming à ta famille et tes ami·e·s sur le plan de ton orientation (pansexuel) et de ton genre (genderfluid, femboy).

 

Heureusement on a beaucoup de questions sur le coming out en tant que genderfluid sur notre site! Je vais donc commencer par reprendre un extrait d’une réponse précédente et compléter par la suite :

 

Mon collègue Hadrien a déjà rassemblé une petite liste de conseils dans cette réponse à un‧e ado qui voulait faire son coming out en tant que genderfluid, ça pourrait être un bon endroit pour commencer :

  • Tu peux le faire graduellement, en exprimant petit à petit des pans de ton identité genderfluid (par exemple, en changeant ta coupe de cheveux ou ta garde-robe) pour permettre à ta mère de s’habituer.
  • Tu peux choisir la façon de l’annoncer à ta mère, en fonction de tes préférences (lieu, moment, canal de communication écrit ou verbal…), ainsi que le temps que tu veux consacrer à la discussion (courte ou longue).
  • Tu peux demander à une personne de confiance de t’accompagner au moment de faire ton coming out à ta mère pour te soutenir.
  • Tu peux insister sur l’aspect positif de la nouvelle: lui dire que c’est un moment important pour toi, que c’est une preuve de confiance et que tu ressens du soulagement à lui dévoiler cette partie de toi.
  • Tu peux essayer de répondre à ses questions, nuancer ou reformuler ses propos. Sache toutefois que tu n’as pas à faire son éducation ou à subir d’insultes.
  • Si la conversation prend une tournure qui te met mal à l’aise, planifie une «porte de sortie», c’est-à-dire un endroit où tu peux te retirer. Tu pourrais ensuite réessayer d’aborder le sujet plus tard, si tu en as envie

 

Pour te préparer à toute sorte d’éventualiés, tu pourrais suvoler cet article de C’est comme ça qui mentionne les réactions négatives possibles des parents (mises en doute, déni, questions sur l’origine, honte ou dégout, idées reçues, etc.) lors d’un coming out en tant que gay ou bisexuel·le. Il y aurait quelques adaptations à faire pour genderfluid, mais je crois que ça peut être une base utile quand même!

 

Le site WikiTrans est une belle introduction, simple et attrayante, pour les réalités trans et gendefluid que tu peux utiliser et partager. Je te recommanderais surtout les pages suivantes :

 

Une activiste non-binaire que j’aime beaucoup s’appelle Florence Ashley, deux de ces textes pourraient être utile à montrer à test parent dans la période entourrant un coming out. 

Il peut s’agir d’une façon d’introduire le sujet de façon générale, ou de donner des ressources après avoir fait ton annonce.

 

Sinon, j’aime beaucoup ce petit F.A.Q. de transkids qui aborde spécifiquement les jeunes (moins de 18 ans) trans et comment bien les soutenir tout en adressant plusieurs mythes et stéréotypes. Un autre sur les mythes et stéréotypes, en anglais cette fois mais facilement traduisible avec google. Et enfin, maon ami·e Alex Simon a écrit des articles sur l’importance des pronoms et la non-binarité (qui inclut les genres fluides et multiples!) qui pourraient aider à compléter.

 

Bon! Tu es encore là? Si oui merci pour ton attention et ta patience 🙂 Mais je n’ai pas encore fini!

 

Tu te demandais aussi des précisions sur le coming out pan et sur le coming out auprès des ami·e·s. Je crois que beaucoup des trucs de l’extrait pourraient s’appliquer, sinon, tu peux décider si tu veux faire les deux coming out de genre et d’orientation en même temps ou à des moments différents. Tu pourrais en faire un pour tester leur niveau d’ouverture et préparer le terrain pour que le suivant soit plus facile, ou faire uniquement une annonce pour en finir plus rapidement. À toi de voir. Si les gens autours de toi ne sont pas très familier·ères avec la communauté LGBTQ+ il est possible qu’iels ne connaissent pas la définition de pan, ou la différence entre bi et pan, et que tu te retrouve à devoir leur expliquer. Tu peux y aller avec tes propres mots ou mobiliser des textes comme celui-ci ou celui-là.

 

Tu abordes l’aspect de la biologie, laisse-moi mettre mes lunettes de chercheur·euse scientifique sérieuse·euse 🤓 Le sexe biologique ne fait pas uniquement référence aux organes génitaux internes et externes, il s’agit en fait d’une multitude de caractéristiques, certaines visibles et d’autres non. Tu nommes d’ailleurs les hormones, à moins de faire un bilan hormonal en laboratoire, il serait impossible de connaître la quantité de testostérone et d’oestrogène que tu as. Ton corps est le tien, il t’appartient, tu n’es pas un homme alors logiquement tu n’as pas un corps d’homme. Toute sorte de personnes ont toutes sortes de corps, indépendamment de leurs identités et expressions de genre. Qui plus est, le fait d’avoir un pénis (de larges épaules, une barbe, etc.) n’empêche personne de porter des talons hauts, des jupes ou du maquillage, pas plus que le fait d’avoir une vulve (de larges hanches, des seins, etc.) n’empêche pas de porter des chaussures de sport, des pantalons et aucun maquillage. Enfin, les différents aspects du sexe biologique peuvent être modifiés, il est possible d’entamer une transition médicale et d’avoir recours à l’hormonothérapie et aux chirurgies pour modifier son corps selon les objectifs que l’on souhaite. Ces diverses notions en lien avec le sexe biologiques ne sont pas toujours facile à expliquer à des gens qui n’ont pas les bases, si tu aimerais en parler à ta famille et tes ami·e·s tu pourrais également consulter cette sympatique brochure illustrée et en français.

 

En terminant, je trouves encouragent de me rappeler qu’à travers les pays et l’histoire il y a toujours eu des personnes qui ne faisaient pas exactement ce qui était attendu de leur sexe assigné à la naissance, et même qui jouaient avec les codes et les normes en lien avec les genres. Historiquement on peut penser à Chevalier d’Éon, Jeanne d’Arc, David Bowie ou Prince, plus récemment à Hunter Schafer, Ezra Furman, Kai Cheng Thom, Meg-John Barker, aux jumelles Wachowski. Et il y en a tellement d’autres modèles inspirants.  Mon point est qu’on n’est pas seul·e·s.

 

Tu dis avoir les idées noires et penser au suicide. C’est sérieux et je t’avoue que ça m’inquiète. Même si tu ne penses pas poser de geste, c’est un signe que ta détresse est importante. As-tu des personnes de confiance dans ton entourage à qui tu pourrais en parler? Est-ce que tu pourrais rencontrer un·e professionnel·le en santé mentale, comme un·e psychologue, à ton école peut-être? Tu pourrais sûrement avoir des rencontres confidentielles si tu ne veux pas inquiéter tes parents. Sinon, il y a des numéros gratuits que tu peux appeler en France pour parler à des intervenant·e·s qui savent comment agir face à ce type de pensées :

  • Ligne Azur (diversité sexuelle et de genre et détresse, appels et courriels, 8h-23h) : 0 810 20 30 40
  • Suicide écoute (crises et pensées suicidaires, 24h) : 01 45 39 40 00 (24/7) 
  • SOS Amitié (période difficiles, appels et chat en ligne, 9h-23h) : 09 72 39 40 50 
  • Fil Santé Jeunes (santé, sexualité, amour, mal être, etc.) : 0 800 235 236 
  • SOS Suicide Phénix (crises et pensées suicidaires, appels et chat en ligne, 13h-23h) : 01 40 44 46 45

 

Je comprends que tu es dans une situation stressante et déprimante, et que la pandémie ne fait rien pour aider, mais je t’assure qu’il s’agit d’un contexte temporaire, qu’il y de belles choses dans ton avenir et toute une tonne de raisons de garder espoir. Ne serait-ce que pour écouter de la nouvelle musique ou voir un nouveau lever de soleil.

 

Bon courage en tout cas, et écris-nous à tout moment au besoin :)!

 

Maxim·e, intervenant·e pour AlterHéros

Iel/they/them, accords neutres

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