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13 octobre 2005

J'ai attendu un mirage

Témoignage

AlterHéros

Cupidon était au rendez-vous cette journée là. Cette journée où tu es entré dans ma vie. Comme un petit rayon soleil de printemps qui a réchauffé mon cœur et qui m’a laissé rêver de jours chauds d’été où je serai amoureux. Je t’ai immédiatement vu et ai été séduit par ton regard timide et curieux. Nous avons échangé maladroitement quelques phrases détachées qui t’ont fait rougir et j’ai craqué pour toi. Simplement, comme ça. Cette journée d’avril, je l’ai bien senti cette décharge électrique qui a fait sauté une pulsation à mon cœur que tu venais de conquérir. Jamais auparavant, j’avais été victime d’un tel de coup de foudre.

« Mais qui était ce bel inconnu qui était apparu de nulle part dans mon univers? », voilà la question que je me suis posé. Longtemps j’avais attendu qu’un tel moment arrive, mais je ne l’avais pas prévu ainsi. Le soir du 16 avril, de retour dans mon grand lit seul, j’ai pensé à toi. Je me suis laissé bercer par nos brefs souvenirs de nous, par ton sourire de gosse tannant et par le fantasme d’être avec toi.

Et pendant plusieurs jours, j’ai laissé ma timidité et mes préoccupations pour mon voyage que j’étais sur le point d’accomplir guider mes actions. Je partais dans les prochains jours pour un long voyage de trois mois pour un projet humanitaire. Je me disais que c’était absurde de penser plus loin avec toi. Or, c’est en parlant de toi à un ami que j’ai réalisé que je devais faire quelque chose pour provoquer notre destin amoureux. Je partais dans quinze jours, c’était peut-être suffisant pour tomber en amour? Je n’avais jamais été entreprenant ainsi dans le passé, mais je ne pensais rien n’avoir à perdre, alors je t’ai écrit un courriel pour t’inviter à prendre un verre. Tu m’as répondu en me remerciant d’avoir eu le « gut » de provoquer les choses et tu as accepté volontiers mon invitation.

Le temps était froid et venteux la journée où je t’ai revu pour la deuxième fois. C’était seulement une rencontre, mais j’étais impossiblement énervé et excité à l’idée de te revoir et en savoir davantage sur toi. Je ne te connaissais pas, je ne savais rien de toi. Tu étais le plus beau mystère que je connaisse à ce moment. Notre toute première rencontre remontait à deux semaines déjà et l’image de ton visage se faisait de plus en plus flou. Lorsque tu m’as serré la main en me revoyant, je me suis dit « ah oui, c’est bien lui. Je me souviens. Je ne m’étais pas trompé. » Nous avons échangé pendant presque trois heures dans un restaurant. J’ai pu admirer ton sourire, tes manies et la magie à continuer à opérer. Nous avons ri, nous avons parlé de nos vies, et tu es venu me reconduire. Dans ta voiture, je me souviens, je frissonnais de partout. Et ce n’était pas le froid du printemps, mais bien l’excitation de t’avoir trouvé, la nervosité d’être avec une personne qui m’intéressait et de ne savoir quoi penser de la suite des événements.

On s’est revu le lendemain chez moi. Nous étions envahis par l’urgence de se connaître et d’en profiter le plus possible. Je te trouvais beau. J’étais tout de suite à l’aise avec toi, on pouvait parler de tout et de rien, sans avoir peur de manquer de sujets de conversations. En grignotant des bouchées que tu avais apportées, allongés sur mon tapis du salon, j’ai glissé ma main sur ta jambe, je me suis approché lentement et doucement vers tes lèvres et je t’ai embrassé. Tes lèvres étaient si douces, si délicates. Je pouvais lire ta timidité dans tes yeux mais j’y voyais aussi ce désir et cette affection nouvelle que tu me portais. Je me sentais monter en amour avec toi. Le futur était si prometteur. J’atteignais un nouveau summum de bonheur encore inconnu.

Nous nous sommes téléphonés, j’ai fait la connaissance de ton chat, nous avons vu un film, je suis resté à coucher. L’urgence d’en profiter s’est poursuivie jusqu’à mon départ. J’avais l’impression de vivre pleinement chaque moment présent avec toi. On s’était avoué que c’est fou ce que nous vivions.

Le soir avant que je prenne l’avion, nous étions si heureux d’être ensemble, mais à la fois chagrinés de se séparer après avoir passé ces jours si intenses à deux. Tu m’as promis de m’être fidèle pendant mon voyage, malgré que cet engagement pouvait paraître absurde vu de l’extérieur, mais tu étais prêt à prendre ce risque. Tu m’as dit que tu m’attendrais et que tu avais terriblement hâte déjà que je revienne pour que l’on puisse continuer notre histoire d’amour. Je t’ai promis de t’écrire des lettres, de t’envoyer des courriels et de te téléphoner. Nous avons échangé nos adresses, nous nous sommes étendus dans le gazon sous les étoiles, nous nous sommes embrassés et nous nous sommes séparés.

Mais nous ne nous sommes jamais vraiment quittés. Pendant trois mois, je t’ai écrit plus de cinquante lettres. Presque une à chaque deux jours. Je t’ai tout raconté de mon voyage, de mes aventures, de mes craintes, de mes angoisses, de mes joies. Je t’ai parlai de moi, de nous, de notre futur amour, des autres. Je t’ai envoyé des fleurs, des photos et des surprises. Tu m’as aussi envoyés des lettres où tu me racontais ton coup de foudre pour moi, combien l’attente de mon retour était longue, combien tu avais hâte que je revienne. Tu m’as téléphoné à quelques reprises. On devenait gaga à s’entendre. Nous étions en amour. Après chaque appel, je remontais pendant quelques jours sur mon nuage. Cette histoire d’amour était exquise. Je me trouvais tellement chanceux de pouvoir vivre cette aventure avec toi. C’était le comble du romantisme moderne. L’attente fut terriblement longue, je comptais les jours qui restaient sur un petit bout de papier. Il n’y avait pas un jour où tu as échappé à mon esprit.

Pendant trois mois, nous avons réussi à maintenir la flamme dans nos cœurs l’un pour l’autre. Et les 93 jours ont fini par s’écouler et je suis revenu, bronzé et les cheveux longs. Ça ne faisait aucun doute que j’avais changé physiquement, mais je me trouvais plus aimable que jamais. Je venais de terminer un projet extraordinaire dont j’étais si fier. J’avais tant de choses à partager avec toi. J’étais prêt à tout. Je voulais tellement aimer.

À l’aéroport, tu es venu me chercher. Tu m’as a
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acute; des fleurs et une carte. On a passé une nuit magique où je t’ai parlé de mon voyage et tu m’as écouté avec un sourire jusqu’aux oreilles. J’étais si content d’être revenu au Québec dans mon pays natal et d’être avec toi. J’étais si convaincu que nous étions fait l’un pour l’autre que j’ai oublié qu’il fallait continuer le jeu de la séduction. J’avais la tête pleine d’aventures, d’amour, d’anticipation et d’appréhension.

Nous avons fait l’amour pour la première fois cette chaude nuit d’août. Pour la première fois, nous nous donnions un à l’autre, après avoir imaginer ce moment tant de fois. Tu étais plus beau que jamais. J’aimais ton odeur, ton corps, tes yeux, tes cheveux, ton sourire. Chaque partie de ton corps était une prolongation de mes découvertes de voyage. J’avais enfin atteint le trésor au bout d’une longue chasse.

Le lendemain, nous avons repris notre rythme fou d’avril. Tu es venu me chercher quelques minutes après ton travail et nous sommes allés chez toi. Nous avons regardé quelques photos de ta famille sur ton ordinateur où tu avais affiché une photo de moi. Nous avons dormi ensemble pour une troisième fois. Contrairement à la première fois en avril, quelque chose qui avait changé. Dans ton sommeil, tu me sourirais et m’enlaçais. Je me sentais bien avec toi. Malgré tout, avec mon retour, j’étais en décalage avec tout autour de moi. Je n’étais pas encore redevenu moi-même, la personne que tu avais connue en avril.

Et la nuit de vendredi à samedi, tu as décidé d’aller rendre visite à ta famille. Tes parents ne sachant pas que tu es gai. Le samedi en soirée, nous nous retrouvés mais tu avais changé. Tu étais préoccupé, distant et ça ne cliquait plus comme avant. J’osais espérer que c’était simplement temporaire, après tout, tout allait si bien entre nous, ça pouvait bien fonctionner un peu moins bien une journée. Je préférais ne pas m’inquiéter tout de suite. Et la nuit de samedi à dimanche, nous n’avons presque pas dormi. Quelque chose n’allait pas de ton côté, du mien et je pouvais le sentir.

Et c’est ce dimanche là que mon cœur a cessé de battre. En prenant un café que tu m’avais préparé, tu m’as annoncé tout bêtement que tu ne ressentais rien pour moi, que tu te sentais vide d’émotions et que tu préférais que l’on cesse de se voir à tout jamais. Tu m’as annoncé que notre histoire d’amour était terminée, qu’il ne servait à rien de te faire changer d’idée, que tu ne reviendrais pas sur ta décision.

Bang! J’étais assommé, démoli, moi qui étais si amoureux de toi et vulnérable. Moi qui avais rêvé de cette relation pendant si longtemps. J’en voulais encore, j’en voulais tellement plus. Je t’ai posé mille et une questions pour savoir pourquoi, pour comprendre ce qui s’était passé. Je n’arrivais pas à y croire.

Tu es venu me reconduire une dernière fois chez moi. Dans ta voiture, je t’ai dit que tu allais terriblement me manquer après avoir partagé tous ces trois derniers mois intenses avec toi dans mes lettres, courriels et téléphones. Les larmes t’ont monté aux yeux, et tu m’as dit que j’allais te manquer beaucoup aussi et que le temps que nous avions partagé avait été pour toi aussi extraordinaire. Je me suis retourné pour te saluer mais tu n’as pas tourné ton regard. Tu es parti sans broncher, comme quelqu’un qui tente de se convaincre qu’il a pris la bonne décision.

Et depuis le 14 août, je suis sans nouvelles de toi. Je t’ai écrit une dernière lettre, l’épilogue de notre histoire. Je t’ai envoyé un courriel, je t’ai demandé de me réécrire avec des explications, mais tu n’as toujours pas répondu à mon appel. Tu as préféré m’éliminer de ta vie la plus rapidement possible pour une raison qui m’échappe. J’ai imaginé tous plein de scénarios pour m’expliquer ce qui avait mal tourné. Comment pouvais-tu abandonner notre projet de relation si rapidement en trois jours, après m’avoir attendu trois longs mois? Comment pouvais-tu être si certain que « nous » ne pourrait pas exister? Pourquoi n’as-tu pas réussi à prendre le bonheur qui s’offrait à toi? Pourquoi as-tu eu peur de notre amour? Croire que tu n’étais plus amoureux est une explication trop douloureuse.

Aujourd’hui, je réalise que les rôles sont inversés. Pendant trois mois, tu as attendu mes lettres que tu as lues attentivement. Maintenant, depuis deux mois, à tous les matins, je vais regarder mon courrier en espérant ta lettre de réponse qui n’arrivera jamais.

J’ai tenté de tourner la page. J’ai fréquenté une autre personne pendant quelques semaines mais mon cœur revient toujours à toi. Il revient au « toi » que je ne connais même pas, que je n’ai même pas eu le temps de connaître. Je suis tombé en amour d’un mirage.

Même si cette histoire se termine de façon tragique et incompréhensible, parfois, il y a des choses qu’on ne comprendra jamais. Ce que je sais de mon histoire à la Roméo & Juliette, c’est que ça en a valu la peine. Comme le dit le proverbe anglais, « mieux vaut souffrir d’avoir aimé que de souffrir de n’avoir jamais aimé ».

Ton guerrier

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