Est-ce que ne pas être en accord avec mon corps et la manière dont je l'utilise est lié à l'asexualité?
Bonjour,
Je vous recontacte car cela na vas pas fort et j’arrive plusieurs constatations (surement déjà discuté dans les échanges précédent).
Une des constatations est que si je mets en avant mon appareil génital (ex : masturbation devant un miroir ou en regardant l’appareil génital), où comme en 2018, l’utiliser de manière active, cela ne vas pas.
Une des autres constations est cette vision de moi couché, jambe ouverte, et un pénis qui me pénètre, mais mon appareil génital est absent.
Un fait, c’est qu’actuellement, je suis completement démotivé, même l’idée de sortir de ma boite, des sextoys, de les laver, les nettoyer… me bloque (histoire de me sodo).
La seul chose que je sais, c’est que la bite m’interesse, quelqu’un me montrerais une bite, je pense que certaine inhibition partirait.
Pour l’instant, c’est plus le porno sissy, shemale qui m’excite, j’ai même « fantasmer » à être sodo par une femme transgenre.
Seulement, dès que j’arrive sur vivre avec quelqu’un d’autres, cela ne vas pas.
Je suis et reste dans une phase introspective, sans envie/motivation d’aller dans les essais pratique.
J’arrête pas de tourner autour du pot, mon anxiété (du à un contexte professionnel et la pandémie) m’empêche de faire beaucoup de choses.
Et j’arrête pas d’essayer de trouver un patch, un workaround à un problème, ici par exemple, se serais d’être quelqu’un plutôt non-binaire qui pour se faire plaisir qui aurais l’usage exclusif de sextoys et
de regarder du porno gay et/ou sissy/ts (tout etant poilu,ce qui est très contradictoire avec les sissy ou femboy… et vus mon âge, mdr).
En écrivant et relisant cela, cela fais un peu penser à une asexualité, mais je suis pas en accord avec mon corps et la manière dont je l’utilise.
Donc, voila, je sais pas quel moyen je peux utiliser pour trouver la vérité sur MOI et donc je reviens vers vous.
Stéphane
Bonjour Stéphane,
C’est très utile d’avoir un point de vue extérieur lorsqu’on est confronté·e·s à des questionnements identitaires complexes selon moi, et ça me fait plaisir de te répondre aujourd’hui.
Alors, peut-être pour commencer est-ce que l’asexualité pourrait dans ton cas expliquer un certain inconfort avec tes organes génitaux et un certain manque d’intérêt pour la sexualité avec partenaire? Peut-être, il n’est pas impossible qu’une personne asexuelle apprécie certaines activités sexuelles (la pénétration ou la porno) mais ait généralement un désir plus faible ou plus spécifique que la moyenne des gens. Est-ce que tu as déjà entendu parler de la grey-sexualité? Il s’agit d’une identité asexuelle qui comprend un désir sexuel plus faible et uniquement présent dans certains contextes spécifiques. Il pourrait s’agir dans ton cas de ceux que tu nommes dans ton message.
Mais même sans avoir à mettre d’étiquette précise sur ton orientation, tu sembles avoir une bonne compréhension de ta sexualité au moment présent. La vérité sur toi n’a peut-être pas à se limiter à un seul mot après tout.
Tu mentionnes dernièrement avoir des fantasmes mettant en scène des femmes trans et des personnes féminines (“sissy”) et t’identifier d’une certaine façon à ces représentations de la féminité et du genre. D’un côté, c’est tout à fait légitime d’approfondir sa relation avec la féminité par l’érotisme et la pornographie. Je ne pense pas qu’il y ait d’âge pour être femboy si c’est ce que tu cherches, et les poils ça s’enlève 😉 D’un autre côté, je t’encourage aussi à faire attention aux termes et aux images parfois problématiques que l’on retrouve souvent dans la porno. Pour citer une réponse précédente de Guillaume :
Le terme shemale est un terme utilisé par l’industrie pornographie pour désigner une femme trans qui a toujours son pénis de naissance, mais qui a des caractéristiques physiques secondaires traditionnellement associées à la féminité. Ce terme est toutefois jugé très péjoratif par les différentes communautés trans à travers le monde. En effet, le terme ”she-male” (elle-mâle) tend à invalider l’identité de genre de ces femmes en les identifiant à leurs caractéristiques génitales d’abord et avant tout. Ce terme est très violent et est dénoncé par les femmes trans elles-mêmes. Je t’invite donc à demeurer critique à l’égard de l’usage de ce terme et à demeurer prudent sur l’image que ce terme renvoie au grand public. Une bonne façon de démontrer du respect envers ces femmes qui semblent occuper une grande place dans ton imaginaire sexuel est de s’informer sur les enjeux qui les concernent, par exemple en s’interrogeant sur Comment être un allié des personnes trans ou sur Les différentes questions à ne pas poser à une personne trans ou non-binaire.
Cette réponse de Rose Dorian apporte des précisions super intéressantes sur le porno, les attirances et les relations intimes avec des personnes trans.
Mon intention n’est pas de te culpabiliser, personne n’est parfait et connaît de base tous les bons mots, je voulais juste profiter de ta question pour t’informer sur des enjeux importants 🙂
Sinon, un autre élément (qui est aussi présent dans la réponse de Rose Dorian) est la différence entre fantasmes/préférences de porno versus ce que l’on veut et peut réaliser dans la vraie vie. Ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose de pas pouvoir faire tout ce à quoi on fantasme, tu mentionnes faire preuve d’ingéniosité et trouver différents compromis et “workarounds”. Tant mieux! Si finalement regarder de la porno et utiliser des jouets sexuels et t’identifier comme non-binaire est une option qui peut te combler, pourquoi pas essayer?
Et par ailleurs, il est tout à fait normal que le contexte de la pandémie et d’anxiété dans d’autres sphères de la vie impact aient un impact sur la sexualité, l’intimité et la motivation en général.
Je sais que plusieurs choses te semblent contradictoires et complexes, les émotions et les désirs le sont souvent.
Bonne chance dans cette phase introspective, en espérant qu’elle te porte fruit,
Maxim·e, intervenant·e pour AlterHéros
Iel/they/them, accords neutres