Comment traduire les pronoms et les accords non-binaires en français?
Bonjour,
je suis écrivain, traducteur/auteur pour un magazine littéraire et artistique montréalais. Je traduis présentement un entretien avec un.e artiste autochtone qui est Two-Spirit. Je n’ai jamais traduit de texte sur une personnalité non binaire ou two-spirit avant. Dans le texte original, en anglais, on y utilise le pronom They pour référer à cette personne, ce que j’avais souvent lu et entendu, mais jamais eu la chance de traduire. Je tiens à respecter cet.te artiste, et la communauté two-spirit et non binaire montréalaise, mais j’ignore qu’elle formule est la plus utilisée en français à Montréal pour ce genre de traduction? J’ai vu sur le web le possible emploi du iel, du ille, par exemple, pour combiner le il et le elle en un seul pronom. J’ai aussi pensé former deux ou trois néologismes et je me demandais ce que vous en pensiez. Au lieu de dire que cette personne est auteur/auteure, j’ai pensé former le mot « autaire ». Même chose avec le mot « conservataire » pour son travail de conservateur/trice d’art, et « rédactaire » pour son emploi de rédacteur/trice.
Je souhaite simplement travailler dans le même sens que votre communauté, et peut-être aider à faire avancer les choses, ne serait-ce que minimalement, au niveau de langue écrite, en publiant une traduction respectueuse et représentative de la réalité non binaire et bispirituelle.
Existe-t-il des ressources en ligne pour ma question, et qui sont représentatives de la réalité montréalaise?
Je vous remercie pour votre aide! xx
je suis écrivain, traducteur/auteur pour un magazine littéraire et artistique montréalais. Je traduis présentement un entretien avec un.e artiste autochtone qui est Two-Spirit. Je n’ai jamais traduit de texte sur une personnalité non binaire ou two-spirit avant. Dans le texte original, en anglais, on y utilise le pronom They pour référer à cette personne, ce que j’avais souvent lu et entendu, mais jamais eu la chance de traduire. Je tiens à respecter cet.te artiste, et la communauté two-spirit et non binaire montréalaise, mais j’ignore qu’elle formule est la plus utilisée en français à Montréal pour ce genre de traduction? J’ai vu sur le web le possible emploi du iel, du ille, par exemple, pour combiner le il et le elle en un seul pronom. J’ai aussi pensé former deux ou trois néologismes et je me demandais ce que vous en pensiez. Au lieu de dire que cette personne est auteur/auteure, j’ai pensé former le mot « autaire ». Même chose avec le mot « conservataire » pour son travail de conservateur/trice d’art, et « rédactaire » pour son emploi de rédacteur/trice.
Je souhaite simplement travailler dans le même sens que votre communauté, et peut-être aider à faire avancer les choses, ne serait-ce que minimalement, au niveau de langue écrite, en publiant une traduction respectueuse et représentative de la réalité non binaire et bispirituelle.
Existe-t-il des ressources en ligne pour ma question, et qui sont représentatives de la réalité montréalaise?
Je vous remercie pour votre aide! xx
B.
Merci beaucoup pour ta confiance envers AlterHéros! Et merci également pour ta sensibilité envers les personnes non-binaires et bispirituelles. Il nous faut davantage de journalistes comme toi! 🙂 Mes propos ci-dessous proviennent de mon propre vécu en tant que personne non-binaire francophone. Toutefois, chaque personne non-binaire a la possibilité de déterminer quelles formes d’accords ou de pronoms elle préfère. Par exemple, certaines personnes-binaires apprécient utiliser le pronom « iel », mais vont opter pour des accords au masculin, au féminin, en alternance, ou en privilégiant des tournures de phrases neutres. La meilleure façon de rédiger un article concernant cet.te artiste autochtone serait alors de lui demander directement quels accords iel préfère. 🙂
– « les auteurs et autrices ont écrit ce livre sur l’écriture inclusive » : on dédouble pour préciser le masculin et le féminin.
Pour : on visibilise bien le genre féminin.
Contre : pas inclusif des personnes non-binaires.
– « les auteurices ont écrit… » // « les auteur-e-s ont écrit… » : on inclut en un seul mot
Pour : le fait de créer un nouveau mot/incorporer le – e – rend le terme inclusif tout en insistant pas sur l’aspect dualité qu’il y a dans la première méthode (ça reste mon opinion, d’autres personnes pourraient ne pas être d’accord avec ça)
Contre : tout le monde n’est pas confortable avec la lecture de néologismes et ça peut poser des questions d’accessibilité si on pense par exemple aux logiciels de vocalisation de textes (pour le – e -)
– « les personnes ont écrit … » // « ce livre a été écrit par… »
(autre exemple : dire « le corps étudiant » plutôt que « les étudiants/étudiantes »
Pour : c’est parfaitement inclusif de tous les genres.
Contre : certaines études liant linguistique et psychologie montrent qu’utiliser un terme neutre (comme « personne ») entraîne des représentations généralement masculines.
Par rapport à la question des néologismes que tu as formés, je trouve ça intéressant, mais dans la mesure où des néologismes ont déjà été formés et sont utilisés dans le monde militant/queer, j’utiliserais ceux-ci. À savoir ceux qui reposent sur une co-construction entre la forme masculine et féminine ; auteurice, rédacteurice, conservateurice, etc. Ils ne sont pas nécessairement connus mais sont assez employés par les personnes trans/non-binaires. Enfin, concernant les adjectifs, on peut aussi créer des néologismes du type « heureuxe » (que j’ai vu souvent utilisé aussi).
En bref, il y a plusieurs choix possibles. Mon opinion pour parler d’une personne non-binaire serait d’utiliser les néologismes existants quand ceux-ci sont possibles de façon co-construite (comme les exemples cités plus haut), et sinon d’utiliser la construction en – e -. C’est ce qui à ma connaissance est le plus généralement utilisé.
Il est possible de jeter un coup d’oeil à cet article du journal francophone Libération concernant les personnes non-binaires.
Je reste disponible si tu as des questions ou même besoin d’une relecture. Et merci de poser la question
Morgan