11 avril 2023

Comment avoir une relation amoureuse quand on est asexuel.le, non binaire et neuroatypique ?

Hello,
Je suis une personne TDAH non binaire (pour le moment) asexuelle (aegosexuelle + précisément) qui a de grosses difficultés dans les relations sociales, notamment (mais pas exclusivement) pour rencontrer des ami.e.s et des amoureux.ses.

Mais je me sens très seul.e au quotidien et j’aimerais de la proximité physique et émotionnelle récurrente avec une ou plusieurs personnes (idéalement polyamour, mais bon on fait ce qu’on peut).
Précision peut-être inutile dans ce contexte mais je suis en dépression depuis des années (sans avoir aucunes tendances au suicide ou à l’automutilation, donc je tiens quand même la route), dépression que je ne soigne pas pour des raisons qui me regardent.

Peut-être que je me fais des idées mais je pense qu’une relation amoureuse telle que je l’imagine pourrait me sortir de cette situation de solitude dépressive.

Je sais que c’est particulièrement difficile de trouver un.e partenaire pour une personne asexuelle car c’est une orientation méconnue et très invalidée, et la plupart des gens place le sexe au centre des relations amoureuses, ou le considère au minimum important sans être central. Moi je veux de l’intimité physique sans rapport sexuel, ce que beaucoup ne comprendront pas.
En plus, mon asexualité ne correspond pas à ce que suppose la plupart des personnes informées (ce qui représente déjà une minorité) car j’ai bien des désirs, qui n’inclus ni mon propre corps ni d’autres personnes réelles, je suis parfois attiré.e physiquement par quelqu’un.e sans pour autant vouloir une relation sexuelle, je préfère mes fantasmes irréels. Je ne me sens pas inclu.e dans ce que beaucoup considèrent comme « la norme asexuelle » : désintérêt voire dégoût pour le sexe, zéro fantasmes, pas d’attirance physique etc.

C’est aussi compliqué pour les non binaires à cause de la méconnaissance et des préjugés sur leur(s) genre(s). Je pense que nombreux.ses sont celleux qui n’envisageraient même pas de se mettre en couple avec une personne non binaire. Alors pour un genre fluide… c’est encore plus difficile car la majorité des gens ne veut pas avoir à remettre en question la façon dont iel percoit son amoureux.se en fonction des fluctuation du genre de cellui-çi !

Et mes problèmes relationnels, en partie (mais pas seulement) dus à mon TDAH. Je n’ai pas du tout d’ami.e.s donc je suis, si on considère ce qui est fréquemment recherché chez un.e partenaire potentiel.le, moins intéressant.e que celleux ayant une vie sociale développée. J’ai du mal avec le fait de m’exprimer, de tenir une conversation, de rebondir sur les intérêts des autres (qui sont souvent bien différents des miens). En plus j’ai un esprit lent et je ne comprends souvent pas l’humour.
Aussi, comme apparemment beaucoup de personnes neuroatypiques, j’ai une hygiène de vie déplorable et je peine à maintenir quotidiennement le minimum de propreté corporelle pour paraître tout juste correct.e.

Considérant tout cela, je me demande quelle.s personne.s voudrai.en.t s’engager dans une relation romantique 1) platonique incluant quand même de la proximité physique telle des calins, bisous, contacts physiques non sexuels, 2) avec une personne non binaire utilisant pronoms et accords difficiles à employer pour beaucoup, et dont le genre est fluctuant ce qui peut amener la situation à changer dans une mesure plus ou moins grande, 3) avec une personne ayant un TDAH impactant fortement ses relations interpersonnelles et son hygiène de vie ? Soyons honnêtes, je ne corresponds à l’idéal amoureux de personne.

Sachant qu’en plus je ne suis pas à l’aise à faire des rencontres sur internet (même sur une appli dédiée ace, c’est le concept de chatter avec des inconnu.e.s qui me dérange).

Admettons que je tombe je ne sais comment sur cette ou ces perles rare.s, il faudrait qu’on s’attire romantiquement et physiquement, que nos personnalités soient compatibles, que ça soit géographiquement et techniquement possible … Ca réduit encore les opportunités.

Ça m’inquiète beaucoup car je souffre d’être seul.e et je ne veux pas continuer comme ça, pour autant je veux une relation saine. J’ai peur que ce que je cherche n’existe que dans mon imagination et qu’en réalité il n’y ait personne qui à la fois me plaise et m’accepte moi et mes conditions.

Voilà, c’est tout. Pardon pour l’exhaustivité.
Je ne sais pas trop ce que vous pourrez répondre à ça franchement.

Maxim-e
Bonjour!
Notre site était en pause pendant les fêtes, c’est sans doute pour ça que tu n’as pas pu envoyer ta question. Et n’excuse surtout pas pour avoir écrit une question complète avec le contexte qui te semblait nécessaire 🙂
Il y a quelques aspects de ton message sur lequel j’aimerais rebondir. Pour commencer, je dirais que « l’idéal amoureux » n’existe pas. Je ne pense pas qu’il y ait d’humain parfait.e qui se brosse les dents trois fois par jour et qui sait toujours quoi dire dans toutes les conversations. J’entends quand même que tu as l’impression d’être inadéquat.e, ou de ne pas être désirable dans un contexte romantique. Il y a certaines choses sur lesquelles tu peux travailler, d’autres qui font partie de qui tu es, tu as des forces et des défauts comme tout le monde. Mais je crois sincèrement qu’il existe des personnes qui te ressemblent et avec qui tu pourrais développer des relations importantes.
Par exemple, l’asexualité est un spectre, il n’y a pas que des personnes asexuelles qui détestent toute forme de sexualité et d’intimité. Il y a peut-être une certaine norme, mais il y aura toujours des exceptions aussi.
Pour ce qui est de tes compétences sociales, c’est quelque chose qui se développe et s’apprend. C’est plus complexe lorsqu’on est neurodivers.e.s, mais ce n’est pas impossible. Je sais que ce n’est pas super encourageant à lire, mais d’expérience personnelle je t’assure qu’avoir plus de conversations avec des gens deviendra plus facile lorsque au fur et à mesure que tu deviendras plus familier.ère avec l’ordre général et les choses à dire.
Un autre point vraiment important à mon avis est que la diversité sexuelle (incluant la sexualité), la diversité de genre et la neurodiversité ne sont pas nécessairement des additions entièrement déconnectées les unes des autres. Je suis moi-même non-binaire, quelquepart sur le spectre de l’asexualité et avec des traits neuroatypiques, et la plupart des personnes autour de moi et dans ma communauté partagent beaucoup de ces expériences. C’est un peu comme le meme :
image.png
 C’est une blague stéréotypée, mais je crois tout de même que le fait de passer par un parcours atypique sur une sphère de son identité peut amener à se poser des questions et explorer davantage d’autres sphères ensuite. C’est quelque chose qui est étudié aussi, les personnes autiste ont tendence à avoir moins de relations sexuelles et à s’identifier moins comme hétéro ou cisgenre (source).
Bref, tout ça pour dire qu’il est important dans une relation d’avoir des choses en commun. Tu n’est pas la seule personne non-binaire au monde avec un genre qui fluctue, même chose en tant que personne asexuel.le qui ressens de l’attirance dans certains contextes ou comme personne avec un TDAH et des difficultés à manier les rudiment de l’hygiène de vie. Parler avec d’autres personnes qui vivent les mêmes enjeux pourrait t’aider à te sentir beaucoup moins seul.e, que tu trouves un.e partenaire romantique ou non.
Je ne suis pas en France, donc je ne connais pas tous les groupes et asso. Je sais qu’il y a Fransgenre pour les personnes trans et non-binaires, le MAG pour les personnes LGBTQ+, AVEN et AVA pour les personnes asexuelles, HyperSupers et Partout Pareil pour les personnes avec un TDAH. Il y en a sans doute plein d’autres que je ne connais pas. Il pourrait aussi y avoir des groupes en lien avec des hobbies (des jardins communautaires, une guilde de jeu vidéo multijoueur, des clubs de lecture ou de tricot par exemple). Généralement, avoir une activité ou une identité comme premier point en commun aide à partir des discussions plus facilement qu’avec de complets étranger.ères.
Enfin, même si développer des relations intimes et obtenir du soutien émotionnel pourrait certainement aider ta dépression, surtout si la solitude et l’isolement sont particulièrement difficiles. Mais je ne sais pas si cela pourrait tout régler non plus. Tu dis avoir tes raisons de ne pas soigner ta dépression, que tu as le droit de ne pas vouloir partager. Je ne te dirai pas quoi faire, je t’encouragerai seulement à faire des choses qui te font du bien.
J’espère que ma réponse t’aidera dans tes réflexions, même si je suis allé.e dans plusieurs directions.
Prends soin de toi,
Maxim·e, intervenant·e pour AlterHéros
Iel/they/them, accords neutres

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