Comment avoir des relations sexuelles 100% safe avec un autre homme?

Bonjour,

J’arrête pas de me chicaner avec moi même à cause du risque des IST/MST/… même l’idée de masturber un mec me fait peur (ex : sperme dans les yeux)

=> Comment avoir des relations sexuel 100% safe-sex avec un autre homme ?
Solution où je suis 100% sur que je n’aurais pas à douter.

Ben, la réponse est simple, je m’achete des sex-tiy (fleshjack, ….) et rien de sexuel avec d’autres personnes.
C’est un peu trop simple car il me faut un contact amical et/ou un contact d’ordre sexuel.

Oui, mais à une époque, je faisais du cyber-sexe et j’ai arrêté quand je suis sortit avec mon ex (un peu avant même).
Ma psychiatre, quand je lui est parlé de cela, m’a critqué sur le principe de l’exhib sur internet.
Un jugement inconfortable pour ma part.

Maintenant, avec le COVID, le cyber sexe à pris une autre dimension et dans les solutions 100% safe sex, le cyber sexe en fait partie.

Mais quel est votre avis/positions sur le sujet ?

Maxim-e

Salut Stéphane!

 

D’abord je veux saluer ta préoccupation pour ta santé et celle des autres. Visiblement, c’est quelque chose qui te tient énormément à cœur et je trouve cela fantastique, surtout à notre époque.

 

Tu te demandes donc comment avoir des relations sexuelles 100% safe/sécuritaire, afin de n’avoir strictement aucun risque d’attraper ni de transmettre une ITSS.

 

Je crois que tu as déjà une partie de la réponse que tu cherches. Tu mentionnes la masturbation en solo ainsi que la sexualité virtuelle.  Les conversations érotiques par texto ou au téléphone, l’échange de photos ou de vidéos, les vidéoconférences à deux ou plus sont de très bonnes façons de répondre à ses besoins en matière de sexualité et d’érotisme sans courir de risques de transmission d’ITSS (ni de la COVID). 

 

Ta psychiatre a émis des jugements au niveau de l’aspect d’exhibitionnisme en ligne, ce à quoi j’aimerais apporter une nuance majeure : le consentement. Pour moi, il y a toute une différence entre participer à un sex party sur Zoom planifié entre adultes consentant.e.s versus montrer ses organes génitaux sur un site de clavardage qui connecte aléatoirement des personnes. Tu me suis? Le consentement et les discussions sur ce que chaque personne désire et ne désire pas c’est très important, en ligne et en personne. Je t’invite, si tu le souhaites, à consulter ce guide sur le Sexting qui offre tous les outils nécessaires pour t’éclairer dans tes prises de décision en ce qui concerne la sexualité numérique. 

 

Un aspect que ta psychiatre n’a également peut-être pas pris en compte est que la séduction et la sexualité entre hommes a un historique, des codes et des normes différentes de celle des hétéros. Les hommes ayant des relations avec d’autres hommes ont longtemps dû (et doivent encore) se créer leurs propres espaces de rencontre, que ce soit des bars, des salles de bains, la nature et maintenant des applications ou des sites internet. Ces lieux sont généralement connus et désignés comme tels. Si ça t’intéresse tu pourrais écouter l’épisode de podcast suivant.

 

Les pratiques sexuelles numériques ont tout de même certains risques. Les photos et vidéos intimes des gens sont parfois publiées ailleurs sans leur consentement. Pour cette raison, certaines personnes peuvent par exemple éviter de montrer leurs visages ou tout signe distinctif, comme un tatoo.

 

J’aimerais aussi aborder la sexualité en personne. Tu penses à la masturbation mutuelle mais tu crains les dangers d’une éclaboussure de sperme. Tu peux toujours demander à ton partenaire de t’avertir pour que tu puisses te tasser. 🙂 Je pense que cela pourrait aussi te faire du bien de mieux comprendre les mécanismes de transmission et de prévention des ITSS.

 

Ce long tableau de l’INSPQ, un centre québécois de recherche et d’expertise en matière de santé publique, explique les risques associés à chaque pratique sexuelle. J’aimerais surtout revenir sur la distinction suivante :

  • Aucun risque : aucune preuve d’un potentiel de risque, les conditions ne sont pas réunies. Par exemple, abstinence, masturbation solitaire, sperme sur une peau saine.
  • Risque négligeable : transmission possible en théorie, mais aucun cas confirmé. Par exemple, pénétration digitale (avec doigts), orale ou anale avec protection (condom ou digue dentaire), sperme sur une peau avec une plaie ouverte.
  • Risque faible : transmission documentée dans certains cas anecdotiques ou dans des conditions spécifiques. Par exemple, relation orale non protégée, sperme dans les yeux.
  • Risque élevé : fort potentiel de transmission. Par exemple, relation pénétrative non protégée.

 

Tu comprends bien la nuance? Je t’invite à noter qu’il ne s’agit pas du taux de risque en général, mais des risques de transmission dans l’éventualité où une personne a une relation avec une autre personne ayant une ITSS ou au statut inconnu.

 

Pour qu’il y ait transmission, l’agent infectieux situé dans les sécrétions (sperme, liquide pré-éjaculatoire, salive, sang) doit traverser une muqueuse (surface interne de la bouche, de l’anus, de l’urètre). Les méthodes barrières (condom lors de la pénétration orale et anale et digues dentaires lors de l’anulingus) de même que le lubrifiant lors de la pénétration réduisent énormément les risques mais ne peuvent pas garantir à 100% que tu n’attraperas jamais d’ITSS, d’où l’intérêt de se faire dépister régulièrement. La plupart des ITSS n’ont pas de symptômes au début mais sont très faciles à traiter et n’ont pas de conséquences lorsqu’elles sont diagnostiquées à temps. 

 

La page Prévention de REZO, un organisme qui travaille auprès des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, trace une ligne entre les stratégies efficaces (dépistage, condoms, digues dentaires, PrEP, PPE, lubrifiant) et les stratégies à efficacité faible ou inconnue. Cette deuxième catégorie comprend des techniques comme diminuer son nombre de partenaires ou éviter d’avoir des relations sexuelles. Il peut sembler logique de penser que de ne pas avoir de partenaire sexuel enlève tous les risques d’ITSS, mais la réalité dépend de plusieurs facteurs. Une personne peut choisir l’abstinence de prime abord, ressentir beaucoup de pression et d’inconfort là-dedans, puis finir par avoir des rapports sexuels sans avoir les outils en main pour se protéger. C’est pourquoi je recommande davantage d’avoir toutes les informations pour faire des choix éclairés sur sa santé sexuelle.

 

Par ailleurs, si un jour tu prends la décision de rencontrer une autre personne à des fins de rencontres sexuelles, il est toujours possible d’avoir une conversation avec cette personne pour connaître la date de son dernier test de dépistage et ses différentes prises de risque depuis son test de dépistage. Cela pourra t’aider à définir tes propres limites en termes de santé sexuelle. 

 

Si tu veux continuer ton éducation, je te propose ce joli petit guide de CATIE qui aborde le safer sex, le consentement, les ITSS, les condoms, les digues dentaires, les lubrifiants, le dépistage ainsi que d’adorables illustrations. 🙂

 

En conclusion, la plupart des gens arrivent à avoir une sexualité épanouie et empreinte de plaisir et de désir avec un.e ou des partenaire.s stable.s. ou occasionnel.le.s. Bon, j’en conviens, la pandémie a un impact important sur la rencontre de partenaires et les relations entre gens de foyers différents. Mais toujours est-il que les mesures sanitaires et de sécurisexe peuvent être appliquées de façon à réduire les risques et maximiser la jouissance.

 

En te souhait une bonne semaine,

 

Maxime, intervenant.e pour AlterHéros

Iel/they/them, accords neutres

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