Salut Lou! C’est super cool que tu aies pensé à AlterHéros pour chercher des réponses à tes questionnements!
De ce que je comprends, ça fait déjà un moment que tu as réalisé que tu ne te considères pas comme une femme, bien que ce soit le genre qu’on t’ait assigné à la naissance. Pourtant, l’identité « homme » ne semble pas te convenir à 100%, alors tu as fait des recherches sur la non-binarité et tu t’interroges sur les différentes identités non-binaires qui existent. Par ailleurs, tes questionnements semblent aussi partiellement liés à ton apparence. Je vais tenter de démêler quelques concepts pour t’aider dans ton cheminement, mais bien franchement, tu en as déjà fait un grand bout de chemin par toi-même! C’est super d’avoir autant d’introspection à ton âge! 🙂
Tout d’abord, je commencerais par dire que l’identité de genre (le(s) genre(s) que l’on ressent) et l’expression de genre (comment on se présente physiquement par les vêtements, la gestuelle, le maquillage, la prise d’hormones, les chirurgies, etc.) sont deux éléments distincts qui peuvent ou non être en concordance. C’est-à-dire qu’une personne peut se considérer comme une femme et être très féminine, par exemple, ou encore, pour reprendre ton exemple, se considérer non-binaire ou homme et avoir une expression de genre plutôt féminine. Dans tous les cas, ton apparence ne te rend pas plus ou moins valide dans ta compréhension de ton genre! Par ailleurs, l’expression de genre est un concept fluide. Ainsi, il est tout à fait possible de présenter de manière masculine la majorité du temps et, par moment, d’avoir envie de porter une robe et du maquillage, par exemple!
J’en viens à ton sujet principal : la non-binarité. Je vois que tu as déjà compris qu’être non-binaire signifie que notre genre n’est ni 100 % fille ni 100 % garçon. Dans ton message, tu nommes les identités « agenre » et « bigenre », alors je commencerai par celles-ci. Une personne agenre est une personne qui ne ressent pas d’identité de genre, ni homme, ni femme, ni aucune autre (j’y viens). Une personne bigenre, quant à elle, ressent deux genres à la fois. Ça peut être homme et femme, mais ça peut aussi être d’autres combinaisons de genres. Ce que j’essaie d’expliquer par là, c’est que le fait d’être non-binaire, ce n’est pas vraiment de ressentir un genre « entre homme et femme ». Le genre est un spectre qui n’a pas nécessairement « homme » à un pôle et « femme » à l’autre. Ces deux identités de genre les plus répandues font partie d’une multitude d’identités de genre parce que chaque personne ressent son (ou ses) genre(s) de manière très personnelle. Par ailleurs, le genre aussi peut être fluide et varier dans le temps, c’est ce qu’on appelle d’ailleurs être fluide dans le genre. Par exemple, une personne pourrait se sentir « homme » la majorité du temps et, parfois, se sentir plutôt femme ou agenre (pour ne nommer que ceux-là).
C’est vrai que ça peut être un peu difficile de s’y retrouver parfois, mais l’important c’est d’être à l’écoute de soi et de voir ce qui nous fait nous sentir bien. D’ailleurs, autant il peut être agréable, voire soulageant de trouver les mots justes pour parler de son identité de genre, autant il n’y a aucune obligation d’en trouver! Certaines personnes sont plus à l’aise sans étiquette tandis que d’autres créent de nouveaux mots qui résonnent davantage avec leur ressenti! Il faut se rappeler que le but des mots n’est pas de nous enfermer dans des définitions strictes, mais plutôt de nous aider à se comprendre et à se rassembler, alors si un terme ne te semble pas juste, rien ne t’oblige à l’utiliser! Toutefois, puisque tu le demandes, ce que tu me dis de ton genre (pas femme, mais partiellement homme), me fait penser à « demiboy » (demi-garçon), ce qui renvoie justement au fait de se sentir homme, mais pas à 100 %.
Ce qui peut aider aussi, dans l’exploration de son identité de genre, c’est d’échanger avec des personnes qui vivent des questionnements similaires. Il existe différentes associations, groupes communautaires, forums et groupes Facebook qui regroupent des personnes trans et non-binaires (par exemple celui-ci [
NB Francophone : Non-Binaire Queer Androgyne Genderfluid Agenre Xénogenre..]) si tu veux discuter. Se regrouper permet aussi de briser l’isolement que l’on peut ressentir quand on ne connaît pas de personnes qui vivent les mêmes questionnements que nous ou que notre entourage ne se montre pas toujours ouvert et à l’écoute. De ce que je comprends de ton message, lorsque tu as demandé à ton entourage d’utiliser un nouveau prénom pour toi, ça n’a pas très bien été reçu. Y aurait-il une ou deux personnes de confiance avec qui tu pourrais parler de tes réflexions? Avoir des proches qui nous soutiennent dans ces questionnements importants peut faire une grande différence. Sache aussi qu’il y a des ressources gratuites (lignes d’écoute, clavardage, applications) qui existent si jamais tu vis une situation difficile ou de la violence par rapport à ton identité de genre, comme l’association française pour les jeunes LGBTQ+ ou en questionnement :
C’est Comme Ça.
En bref, je t’invite à poursuivre ta réflexion par rapport à ton identité de genre et à t’entourer de personnes en qui tu as confiance dans ce cheminement. Sois bien à l’aise d’utiliser (ou pas) les mots qui résonnent avec ton ressenti, pour autant qu’ils te fassent du bien. Et par-dessus tout, n’oublie pas que, quels qu’il soient et quelle que soit ton expression de genre, tu es
valide. Se questionner sur son genre implique souvent d’essayer des choses (habits, noms, pronoms, mots pour se définir) et de changer d’idée, alors n’aies pas peur de te tromper! Ça fait simplement partie du processus de découverte de soi.
Sur ce, j’espère ne pas t’avoir trop étourdi.e avec mon pavé et, surtout, d’avoir pu éclairer un peu ton chemin. N’hésite surtout pas à nous réécrire si ça a soulevé d’autres questions, que tu as besoin de précisions ou pour nous donner des nouvelles! Ça nous fera toujours plaisir de te répondre.
Portes-toi bien!
Marion, pour AlterHéros