Salut Eva,

D’abord, je tiens à te dire que je suis désolée d’entendre la situation que tu décris. J’espère sincèrement que tu as les ressources nécessaires autour de toi pour passer à travers cette épreuve.

Comme tu l’as mentionné, une agression sexuelle ou tout autre situation traumatique peut jouer sur l’intérêt sexuel, la perception de la sexualité et le désir. Il est possible que, par exemple, tu étais attirée par tous les genres, mais que suite à cet événement, tu ne souhaites plus avoir de relations amoureuses ou sexuelles avec les hommes, par choix.

Si tu t’es identifiée comme bi ou pan dans le passé, cela montre que tu as ressenti une attirance pour plusieurs genres, mais il est normal que cette perception évolue au fil du temps et selon ton vécu. L’orientation sexuelle n’est pas toujours statique. Elle peut fluctuer, se redéfinir ou s’ajuster à différents moments de la vie, notamment lorsque tu traverses des expériences fortes qui affectent tes émotions et ta compréhension de toi-même. L’important n’est pas de mettre une étiquette sur qui tu es ou ce que tu veux, mais de te rapprocher de situations qui te font plaisir, de trouver des moments qui se rapprochent de ce qui te rend confortable et surtout de t’écouter.

Il est possible que l’agression que tu as vécue ait modifié la façon dont tu te sens par rapport aux hommes, que ce soit par une association négative, un sentiment de rejet ou même une forme de protection émotionnelle envers les hommes. Parfois, des événements traumatiques peuvent créer des barrières psychologiques ou émotionnelles qui influencent nos attirances ou nos relations futures. Cela ne signifie pas que ton orientation sexuelle a changé de manière définitive, mais plutôt qu’elle peut être influencée temporairement par ce que tu as vécu. Ce n’est pas rare que des personnes redéfinissent leurs attirances ou se sentent distant·e·s de certains genres après un traumatisme.

Le TDI (trouble dissociatif de l’identité) pourrait également jouer un rôle dans la façon dont tu perçois ton orientation sexuelle. Il implique souvent des expériences de dissociation ou de fragmentation de l’identité, ce qui peut rendre l’exploration de l’orientation sexuelle plus complexe. Les différents « états » ou identités qui émergent avec un TDI peuvent avoir des préférences et des attirances différentes, ou bien certaines parties de toi peuvent avoir des réactions très spécifiques aux différents genres en fonction de ton vécu personnel avec chacune de ces dynamiques.

Il est maintenant important de reconnaître que ton orientation sexuelle peut fluctuer en fonction de ton vécu, de tes émotions et de ton processus de guérison. Ce n’est pas parce que tu t’es identifiée comme bi ou pan auparavant que tu es « bloquée » dans une certaine catégorie. Il est aussi normal de ne pas avoir de certitude immédiate après un traumatisme, ou même d’avoir des périodes où tu te sens plus attirée par un genre en particulier, comme c’est le cas actuellement avec ta distance vis-à-vis des hommes.

Je te conseille de prendre ton temps, de t’autoriser à ressentir et à explorer sans pression. Si tu te sens perdue ou que ce questionnement devient trop difficile à gérer seule, il peut être utile de consulter un·e professionnel·le qui pourra t’accompagner dans ce processus. Cela pourrait t’aider à démêler les influences de l’agression et du TDI, le cas échéant, sur ta perception de toi-même et de ton orientation, en plus de t’offrir un espace pour redécouvrir ton identité en toute sécurité.

L’important, c’est que tu sois bien avec toi-même, quel que soit l’endroit où te mène ce questionnement. Il n’y a pas de réponse « correcte » ou de pression à se conformer à une étiquette. Il s’agit de ce que tu ressens, de ce qui te fait sentir le plus authentique et en paix avec toi-même.

Je te souhaite beaucoup de courage pour la suite,

Mélo, intervenante sociale pour AlterHéros