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22 novembre 2019

Serait-il possible de m'éclairer plus sur le fait d'être trans sans/avec peu de dysphorie?

Bonjour,
Cela fait maintenant quelques mois que je me questionne activement sur mon genre après un an de questioning on-off… J’ai pleine conscience du fait qu’avec le temps, je serai plus éclairé et que, si j’ai besoin, la transition reste une option.
Cependant, je cherche toujours à en lire plus sur les expériences de personnes trans et j’ai du mal à m’y identifier, dans le sens que leurs expériences font souvent appel à la dysphorie de genre très directement. Je n’ai aucune idée de si j’ai de la dysphorie de genre, mais si oui, elle serait très subtile. Ça me remet toujours dans le doute qu’au fond, je suis peut-être simplement une fille cisgenre avec du mal à m’accepter en tant que fille.
Je me casse la tête à rechercher les signes dans toute mon enfance et adolescence, et ils demeurent assez mixtes. Je n’étais pas tomboy, mais je n’étais pas «girly» non plus. Mes intérêts ont toujours été assez neutres, je crois. Je m’identifie aussi beaucoup plus souvent à des personnages masculins que féminins. J’ai toujours eu l’impression d’avoir une «vibe» neutre, qui tend parfois vers le masculin ou le féminin. Mes amies proches sont toutes des filles, et bien que je ne m’identifie pas à leurs expériences/activités à 100% j’aurais probablement du mal à m’intégrer à un groupe de gars et à m’y identifier, aussi.
Mon corps, bien que je changerais certains aspects, me dérange plus ou moins. Je changerais ma voix et mes courbes pour être plus masc/androgyne, si je pouvais, mais ça ne me stresse pas pour autant. Si non, je suis correct avec tout le reste. Je m’imagine parfois que je serais probablement plus heureux si je serais né garçon, mais je me sentirais semblablement pareil face à mon genre. Je m’habille souvent en veste et en jeans pas trop serrés, puisque je me sens inconfortable dans des habits trop féminins/accentuant mes attributs féminins. Ça ne me dérange pas quand les autres me réfèrent par elle ou par mon nom de naissance, mais ça m’irrite lorsque les gens me casent fille explicitement par stéréotypes/rôles. Je ne me sens pas et je ne me vois pas nécessairement fille, alors j’ai souvent du mal à comprendre comment les autres peuvent le penser.
À ce point, je suis plutôt certain de me retrouver sur le spectre de la non-binarité, mais je continue de bloquer sur le côté trans.
Je n’ai pas encore vraiment parlé de mon questionnement et j’hésite de le faire. Je n’ai pas vraiment expérimenté, non plus, bien que je voudrais. J’ai peur des réactions, si les gens vont me prendre au sérieux ou non, ou bien me rejeter. J’ai deux amies à qui je pourrais faire confiance, mais je ne sais pas comment aborder le sujet. Je ne veux pas non plus que les gens assument mon identité simplement par le fait même d’expérimenter. J’ai aussi d’autant plus peur de la réaction de ma famille. Ma mère ne m’a pas semblée très ouverte aux personnes non-binaires à quelques reprises. En plus d’être ace, je me retrouve dans une situation un peu difficile puisqu’il me semble que tout sauf mon asexualité et mon identité non-binaire passerait mieux pour elle, et probablement d’autres personnes. Je veux dire, elle m’accepterait plus facilement si j’étais gai/bi, ou encore trans binaire.
Je me demandais alors s’il serait possible de m’éclairer plus sur le fait d’être trans sans/avec peu de dysphorie, s’il existe des expériences semblables à la mienne pour mieux me repérer. Aussi sur comment je pourrais aborder le sujet plus facilement avec des proches… 🙂
Merci beaucoup,
-Hayden

Phillie

Bonjour,
Cela fait maintenant quelques mois que je me questionne activement sur mon genre après un an de questioning on-off… J’ai pleine conscience du fait qu’avec le temps, je serai plus éclairé et que, si j’ai besoin, la transition reste une option.
Cependant, je cherche toujours à en lire plus sur les expériences de personnes trans et j’ai du mal à m’y identifier, dans le sens que leurs expériences font souvent appel à la dysphorie de genre très directement. Je n’ai aucune idée de si j’ai de la dysphorie de genre, mais si oui, elle serait très subtile. Ça me remet toujours dans le doute qu’au fond, je suis peut-être simplement une fille cisgenre avec du mal à m’accepter en tant que fille.
Je me casse la tête à rechercher les signes dans toute mon enfance et adolescence, et ils demeurent assez mixtes. Je n’étais pas tomboy, mais je n’étais pas «girly» non plus. Mes intérêts ont toujours été assez neutres, je crois. Je m’identifie aussi beaucoup plus souvent à des personnages masculins que féminins. J’ai toujours eu l’impression d’avoir une «vibe» neutre, qui tend parfois vers le masculin ou le féminin. Mes amies proches sont toutes des filles, et bien que je ne m’identifie pas à leurs expériences/activités à 100% j’aurais probablement du mal à m’intégrer à un groupe de gars et à m’y identifier, aussi.
Mon corps, bien que je changerais certains aspects, me dérange plus ou moins. Je changerais ma voix et mes courbes pour être plus masc/androgyne, si je pouvais, mais ça ne me stresse pas pour autant. Si non, je suis correct avec tout le reste. Je m’imagine parfois que je serais probablement plus heureux si je serais né garçon, mais je me sentirais semblablement pareil face à mon genre. Je m’habille souvent en veste et en jeans pas trop serrés, puisque je me sens inconfortable dans des habits trop féminins/accentuant mes attributs féminins. Ça ne me dérange pas quand les autres me réfèrent par elle ou par mon nom de naissance, mais ça m’irrite lorsque les gens me casent fille explicitement par stéréotypes/rôles. Je ne me sens pas et je ne me vois pas nécessairement fille, alors j’ai souvent du mal à comprendre comment les autres peuvent le penser.
À ce point, je suis plutôt certain de me retrouver sur le spectre de la non-binarité, mais je continue de bloquer sur le côté trans.
Je n’ai pas encore vraiment parlé de mon questionnement et j’hésite de le faire. Je n’ai pas vraiment expérimenté, non plus, bien que je voudrais. J’ai peur des réactions, si les gens vont me prendre au sérieux ou non, ou bien me rejeter. J’ai deux amies à qui je pourrais faire confiance, mais je ne sais pas comment aborder le sujet. Je ne veux pas non plus que les gens assument mon identité simplement par le fait même d’expérimenter. J’ai aussi d’autant plus peur de la réaction de ma famille. Ma mère ne m’a pas semblée très ouverte aux personnes non-binaires à quelques reprises. En plus d’être ace, je me retrouve dans une situation un peu difficile puisqu’il me semble que tout sauf mon asexualité et mon identité non-binaire passerait mieux pour elle, et probablement d’autres personnes. Je veux dire, elle m’accepterait plus facilement si j’étais gai/bi, ou encore trans binaire.
Je me demandais alors s’il serait possible de m’éclairer plus sur le fait d’être trans sans/avec peu de dysphorie, s’il existe des expériences semblables à la mienne pour mieux me repérer. Aussi sur comment je pourrais aborder le sujet plus facilement avec des proches… 🙂
Merci beaucoup,
-Hayden
 
Bonjour Hayden!
Merci pour la confiance que tu portes envers AlterHéros. Les questions que tu te poses sont tout à fait légitimes et c’est vrai qu’il manque de modèles accessibles auxquels tu pourrais t’identifier. C’est tout à ton honneur de me demander un coup de main aujourd’hui. Voyons ce que je peux faire pour toi.
Il y a un bon moment déjà que tu te questionne sur ton genre, mais tu n’arrives pas à t’identifier à l’expérience des personnes trans parce qu’il est souvent question d’une dysphonie de genre que tu ressens pas ou peu. À ce point, la non binarité est l’identité de genre qui colle le plus à ton ressenti, mais que tu hésites à parler de tes réflexions à tes proches par peur de leurs réactions. Si je comprends bien, tu aimerais donc être éclairé.e sur le fait d’être trans sans/avec peu de dysphorie et sur comment aborder le sujet plus facilement avec tes proches.
D’abord, commençons pas déconstruire un mythe encore trop présents dans nos communautés et dans les médias: Être trans ne signifie pas «être né dans la mauvais corps», ça signifie «ne pas s’identifier à son genre assigné à la naissance». Cette confusion par rapport à ce que c’est d’être trans nous amène trop souvent à penser que c’est la dysphorie de genre qui définie une personne trans. C’est plutôt le fait de s’identifier à une genre différent de celui qui nous a été assigné à la naissance qui définie une personne trans. Il est alors faux de dire que toutes les personnes trans doivent ressentir ou ressentent de la dysphorie de genre ou un profond inconfort par rapport à leur corps. Évidement, la dysphorie de genre est présente chez plusieurs personnes trans, et ce rapport au corps est tout à fait légitime et réel. Toutefois, être une personne trans ne ressentant pas ou peu de dysphorie ou ne voulant pas modifier son corps, ça existe aussi et c’est tout aussi légitime. La dysphorie ne rend pas une personne plus ou moins trans. Pourtant, tu as raison, il y a très peu de représentation et de modèle accessible de personnes trans binaires et non binaires ne vivant pas de dysphorie physique.
C’est la même chose pour les signes que tu cherches dans ton expériences de vie. Je pense qu’il est très sain et pertinent de questionner son genre en fonction de son histoire, mais je pense aussi qu’il faut comprendre que l’habillement, les intérêts et les amitiés ne définissent pas nécessairement l’identité de genre d’une personne. Dans le sens que tu peux avoir une présentation et des goût tout à fait conforme, ne pas voir de «signe» dans ton parcours, et quand même t’identifier à une identité de genre différente de celle qu’on t’a assignée à la naissance.
C’est tout à fait normal que ça t’irrite qu’on t’appose des rôles ou des mots féminins si tu ne t’identifies pas exclusivement comme une femme. As-tu déjà entendu parler de la dysphorie sociale? C’est une dysphorie qui ne se définit pas par un inconfort par rapport à son corps, mais plutôt comme un inconfort par rapport à la façon dont les autres nous perçoive. C’est une forme de dysphorie beaucoup plus présente qu’on le pense mais de laquelle on parle beaucoup moins.
Si jusqu’ici tu continues à te dire qu’être trans ne résonne pas avec l’expérience que tu as de ton genre, ce n’est pas une identité ou un parcours qui est obligé de te définir comme personne non binaire. Je connais plusieurs personnes qui ne s’identifient pas aux expériences trans et qui se réclament d’une identité non binaire et c’est une position tout à fait valide. Tu peux choisir les mots qui te conviennent et te les approprier, en tout temps.
Mon expérience est assez semblable à la tienne. Jeune, j’était relativement à l’aise dans mon corps, mais plutôt irrité de la façon dont on me percevait. Je ne pensais pas que j’étais trans parce que les médias m’offraient que des modèles binaires et plutôt stéréotypés auxquels je ne m’identifiais pas. C’est le jour où j’ai appris l’existence des identités non binaires et les multitudes façons d’être trans que j’ai affirmé mon genre ouvertement. J’ai fait mon coming out à ma famille à l’aide d’une lettre envoyée par courriel. Moi aussi j’avais peur de leurs réactions. Je me suis senti plus en sécurité de ne pas recevoir leurs réactions en face à face et de pouvoir en discuter une fois la poussière retombée. Aussi, devant la quantité interminables des questions des gens de mon entourage, j’ai décidé de parler de non binarité à la télé. Ça m’a beaucoup aidé, parce que maintenant j’utilise mes vidéos pour expliquer aux gens que je rencontre mon expérience et mon genre. Je te laisse les liens ici, peut-être que tu pourras les utiliser à ton tour.

Peut-être aimerais-tu consulter les réponses de questions similaires aux tiennes dans cette section de notre site internet consacrée aux questions sur la non binarité et la fluidité des genres.
Tu sais, j’aimerais vraiment qu’il y ait une recette miracle qui fonctionne pour tout le monde sur la «bonne» façon de faire un coming out ou d’aborder ses questionnements de genre avec ses proches. Malheureusement, cette recette n’existe pas. Il existe uniquement la façon qui te rendra, toi, le plus confortable. Peut-être pourrais-tu commencer par en parler à la personne en qui tu as le plus confiance? Peut-être écrire serait plus facile pour toi? Peut-être en discuter plus longuement avec quelqu’un de confiance t’aiderait à te préparer? Si cette dernière option te parle, il existe un organisme à Québec qui s’appelle Divergenres, tu peux clavarder avec une personne qui sera à l’écoute et qui comprendra ta situation. Tu peux aussi demander à rencontrer un.e intervenant.e pour discuter en personne si tu préfères. Contacte-les par FaceBook!
Si tu as moins de 21 ans, je t’invite à visiter l’Accès. Tu pourras rencontrer d’autres jeunes qui vivent des réalités semblables à la tienne et te faire de nouveaux ou nouvelles ami.e.s qui pourront t’apporter confiance et soutien.
J’espère que j’ai pu t’éclairer un petit peu. Si tu as d’autres questions, n’hésite pas à nous réécrire, ça me fera plaisir de te répondre.
Bon courage dans tes démarches.
Phillie
 

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