Me faire du mal me procure du plaisir + j'aimerais expérimenter ma sexualité

TW : scarification, se faire du mal

Hello,

Je vous écris car j’ai plusieurs questionnement concernant ma sexualité et mes « fantasmes ».

Tout d’abord, je pense important de préciser que je n’ai pas encore eu de première fois/d’expérience sexuelle avec autrui.

J’aimerais beaucoup pouvoir explorer ma sexualité mais je ne sais pas comment m’y prendre étant donné que je n’ai pas de partenaire et n’ai jamais eu de relation sexuelle avec quelqu’un auparavant. Est-ce que vous auriez des conseils ?

De plus, je suis très intéressée par les pratiques de BDSM comme le fait d’être attachée, étranglée, soumise ou dominée. Ce sont des pratiques qui me semble assez répandues et ce n’est pas compliqué de trouver des informations à ce sujet. Cependant, j’ai un fantasme qui me questionne. Pour le contexte : Il y a 2-3 ans j’ai commencer à me faire du mal en me griffant la peau des avant-bras avec un morceau de plastique (il n’y a jamais eu de sang seulement des égratignures). Au début c’était une pratique pour exprimer mon mal être car je n’allais pas bien mais j’ai depuis guéri (je suis suivie et traitée par une psychothérapeute depuis bientôt 2 ans).

Seulement voilà, il m’arrive de temps en temps de reproduire cette pratique car j’en ai « envie ». Je m’explique : en fait il m’arrive de penser au geste, au fait de prendre un objet tranchant, de me griffer et cela m’extasie. Et il m’arrive de me blesser volontairement de cette façon car ça me procure du plaisir, de l’euphorie, de l’excitation. Pourtant, en faisant des recherches sur internet je n’ai jamais trouvé de témoignages similaires au mien ou de nom concernant cette pratique ce qui m’a fait me questionner sur la nature et la « normalité » de celle-ci. Je me demande alors si cela relève effectivement d’un fantasme BDSM ou si c’est lié à ma santé mentale et que je devrais m’en inquiéter ?

De plus, j’ai depuis l’âge de 12-13 ans une attirance/fascination prononcée pour l’univers des vampires et du sang. J’ai eu une période où j’étais presque obsédée par les vampires, je rêvais d’en être une, etc. Du coup pour en revenir à la sexualité, je fantasme souvent qu’on me morde le cou, les poignets pour y boire mon sang, qu’on m’ouvre les veines et je me laisse faire. C’est comme une sorte de lâcher prise où je me donne à la personne. Je précise que je n’ai pas envie qu’on me tue/de mourir mais juste être dans cette sorte d’enivrement, d’extase, de légèreté. Dans le même style, j’ai souvent envie de prendre des drogues qui me procureraient cet effet (je n’en ai jamais prise mais je l’imagine haha).

Du coup voilà est-ce que je suis complètement barrée où mes fantasmes sont « normaux » ? Est-ce qu’il y a des noms pour cela ?

Merci d’avance pour votre réponse ^^

Mélo

Salut Cha,


Merci de faire confiance à l’équipe d’AlterHéros avec ce témoignage. Je vais tenter de te guider du mieux que je le peux, mais saches que tu as déjà réalisé un très bon travail d’introspection et tu peux en être fière.

Je commencerais par mentionner que l’exploration de la sexualité peut se faire au-delà de la sexualité avec d’autres personnes. Tu n’as donc pas à te mettre de pression à ce niveau. La sexualité en solo peut aussi être parsemée d’exploration et de nouvelles expériences. Voici tout de même quelques pistes qui pourraient t’aider :
• N’hésite pas à continuer d’explorer tes envies et tes fantasmes. Cela peut être à travers la lecture, les blogs et forums ou même des contenus éducatifs. Ces recherches pourront t’aider à mieux cibler ce qui t’attire.
• Lorsque tu seras prête à partager ces envies avec un·e partenaire, la communication sera essentielle. Prends le temps de discuter de tes attentes et de tes limites et n’aie pas peur d’arrêter si tu te sens moins confortable.
• Si tu souhaites rencontrer des personnes qui partagent tes intérêts et fantasmes, il existe des communautés en ligne ou des groupes liés au BDSM où il est possible d’échanger sur ses envies et apprendre dans un cadre respectueux.

Ton intérêt pour des pratiques comme l’attachement, l’étranglement ou la domination est loin d’être marginal. Ces fantasmes sont courants et s’inscrivent souvent dans un désir de lâcher prise, de jeu de pouvoir ou d’intensité émotionnelle. Il est aussi possible que ce plaisir soit lié à des sensations fortes ou à un relâchement émotionnel, ce qui pourrait s’inscrire dans un cadre BDSM sous forme de « sensation play » (jeux basés sur les sensations). Cette attirance peut aussi être une manière d’exprimer des besoins émotionnels ou symboliques (se sentir vulnérable et en sécurité simultanément, par exemple).

Chez certaines personnes, on peut retrouver la théorie du « trauma en triomphe » qui prend un aspect difficile de notre vie et le transforme en quelque chose d’érotique pour en limiter l’impact émotionnel sur nous. Peut-être tes expériences ont-elles influencées ton intérêt érotique? Saches, cependant, que si cette pratique venait à susciter de la culpabilité, de la détresse ou des blessures plus sérieuses, en parler avec un‧e sexologue serait une bonne idée. Vous pourriez explorer ensemble ce que cette envie signifie pour toi et voir comment adapter ta sexualité pour la rendre plus saine.

Dans tous les cas, que ce soit ton passé qui ait influencé tes fantasmes ou non, ceux-ci sont tout à fait valides et tu n’as pas à t’en faire. L’important est que tu respectes toujours tes limites et que tu pratiques la sexualité de manière sécuritaire avec des personnes avec qui tu te sens en confiance.

IMPORTANT : Un fantasme n’oblige pas sa réalisation. Une idée peut être érotique pour une personne, dans un cadre ou iel en contrôle tous les paramètres, mais peut en résulter différemment une fois celle-ci concrétisée. À toi de voir si ce sont des pratiques que tu aimes mieux t’imaginer ou que tu veux réellement mettre en pratique. N’oublie pas d’y aller à ton rythme et de prendre ton temps pour voir tranquillement ce qui te plaît ou déplaît, pour mieux connaître tes envies et ce qui te procure du plaisir.

Au sujet de ta fascination pour l’univers des vampires et du sang, sache que celle-ci est plus répandue que tu ne peux le croire et elle fait écho à des thématiques courantes dans les fantasmes : la domination, le lâcher prise, l’interdit et l’intensité des sensations. Les fantasmes de morsures ou de « blood play » existent dans le cadre du BDSM, bien qu’ils soient souvent tabous en raison des risques associés (santé, hygiène, consentement éclairé). Il est essentiel de rester prudente si tu souhaites explorer cet aspect.

En matière de sexualité, il est rare qu’un fantasme soit complètement unique ou « anormal ». Ce qui compte, c’est qu’il ne mette personne en danger (que ce soit toi ou d’autres personnes) ou ne te cause pas de souffrance psychologique importante. Dans ton cas, ces fantasmes peuvent être explorés dans un cadre consenti, sécurisé et bien informé. Tu n’as donc pas à t’en faire.

Si tu veux en savoir plus, je t’invite à te renseigner sur le consentement dans le BDSM, notamment avec les concepts de SSC (Sain, sûr et consensuel) ou le RACK (Risk-Aware Consensual Kink). Cela peut être une bonne base pour te préparer à explorer ce type de pratiques dans un cadre sécuritaire.

Si certains aspects restent préoccupants ou peu clairs pour toi, il peut être utile d’en discuter davantage avec un·e sexologue pour démêler leur origine et leur impact.

En espérant avoir pu aider à démêler un peu ta situation
Mélo, étudiante au baccalauréat en sexologie et stagiaire pour AlterHéros


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