Le coming-out au secondaire? Comment se préparer?
Témoignage
Lorsque l’on est gai, lesbienne, bisexuel(le), ou en questionnement, à l’école secondaire, ce n’est pas toujours rose. Les commentaires peu flatteurs à l’endroit des allosexuels font en sorte que beaucoup de jeunes fréquentant ces établissements cachent leur orientation sexuelle à leurs pairs. Et dans certains cas, plusieurs jeunes iront jusqu’à se le cacher à eux-mêmes!
Mais l’intolérance envers l’homosexualité ne se situe pas uniquement qu’à l’école. La maison familiale est aussi un lieu où l’intolérance et l’incompréhension sont souvent au rendez-vous. Comment s’en sortir alors? Pour répondre à cette question, AlterHéros a fait enquête auprès de jeunes hommes qui ont effectué leur sortie du placard au secondaire.
Ils sont quatre : Armand (15 ans), Germain (15 ans), CJo (17 ans) et Martin (16 ans), a avoir accepté de répondre à nos questions. Notez bien que ces prénoms sont fictifs afin de protéger l’anonymat des gens concernés.
Difficile de sortir du placard
Sortir du placard est un geste qui peut s’avérer très difficile. Il y a, bien entendu, plusieurs manières de faire une sortie du placard. Nous débuterons avec celle de Germain qui est assez impressionnante, puisqu’il a fait son coming-out devant toute sa classe, son prof et le directeur adjoint de son école.
« En art dramatique, on devait faire un monologue de quatre minutes. J’avais décidé de jouer un adolescent qui fait son coming-out à son père. Mais le père ne le prend pas très bien. Alors le gars s’engueule avec lui, finalement», raconte l’étudiant.
« Même si tous mes amis sont au courant de mon homosexualité, spécifie-t-il, et même si la plupart du monde à l’école s’en doute bien, je voulais officialiser ça. Je voulais montrer aux gens qui m’ont fait du tort précédemment ce que c’était de vivre dans la peau d’un gai .»
« J’avais un double stress, termine Germain. Et quand ma voix tremblait, ce n’était pas seulement joué! C’était vrai. Mais ça s’est bien passé. Quand les gens ont applaudi, à la fin, il s’en est suivi un silence qui m’a mis très mal à l’aise et je n’ai pas osé sortir des coulisses pour rejoindre mes amis avant la fin du monologue suivant. Mais, en gros, ça s’est très bien passé, et on m’a félicité pour mon courage et parce que c’était assez émotif! »
Armand, de son côté, trouve qu’il est plus facile de l’annoncer aux amis auxquels ont est le moins attachés. Par contre, la réaction de ses amis proches lui fait encore peur : il craint d’être rejeté. Bien entendu, c’est la peur du rejet qui pousse à cacher notre réalité et le sentiment est partagé par la plupart des participants.
Martin, quant à lui, pense que les filles sont plus ouvertes à cette idée que les garçons. CJo a une théorie intéressante sur le sujet : « Notre entourage est en mesure de nous accepter au moment où nous-mêmes sommes en mesure de nous affirmer », dit-il.
Les parents : un pas risqué?
Martin croit dur comme fer que parler de son homosexualité à ses parents est un très grand risque. Germain est cependant convaincu du contraire : « Il est primordial de le faire », affirme-t-il. Armand spécifie de son côté que les parents peuvent réagir différemment. « C’est souvent différent selon que ce soit la mère ou le père », informe-t-il.
Toutefois, aucun des quatre adolescents n’a été victime de violence physique, tant dans leur famille qu’à l’école. « J’en connais à qui s’est arrivé. Moi qui n’ai pas vécu ça je me considère comme chanceux », souligne Germain. Malheureusement, ils n’ont pas pu éviter d’être victimes de moqueries de la part des autres jeunes. Les « fif », «tapette » et autres noms, ils les ont entendus assez souvent.
Et les profs dans tout ça?
Une question que beaucoup de gens se posent est de savoir si les professeurs sont ouverts face à l’homosexualité. Nos interlocuteurs étaient tous d’accord sur le fait suivant : puisque chaque enseignant est différent, on ne peut répondre à cette question sans mener d’étude sérieuse.
Ils s’accordent tous aussi pour penser qu’il n’est pas nécessaire de faire son coming-out au secondaire, quoique ce ne soit pas défendu. Il serait peut-être préférable d’attendre au Cégep, où les étudiants ont plus de maturité. Les risques de rejet sont alors moins grands.
Même si pour CJo son entourage est ouvert, il affirme qu’il en va tout autrement lorsque vient le moment de l’afficher. « Je n’ai pas le goût de changer qui je suis pour eux, car c’est déjà assez difficile de se sentir le bienvenu en tant qu’homosexuel. », a-t-il déclaré.
Pour Martin qui soutient avoir un entourage extrêmement fermé face aux allosexuels, il tient à faire passer ce message : « L’important, dit-il, quand on se questionne sur son homosexualité, c’est d’en parler à quelqu’un de confiance, ça fait du bien! »