1 avril 2021

Je voudrais parler à mes parents de mes questionnements concernant mon identité de genre...

Bonjour jai 14 et je me sens plus garcon que fille j’en ai deja parler a ma meilleur amie a qui jai confience je voudrais en parler a mes parent mais jai peur de leur reaction et je ne sais pas comment leur en parler pouvez vous maidez svp

Zoé

Billie-Lou

Bonjour Zoé,

Je tiens en premier lieu à te remercier de ta confiance envers nous. Sans de magnifiques jeunes comme toi, notre mission ne serait pas possible. Alors Merci.

Ensuite, si je comprends bien tu te sens davantage comme un garçon plutôt que le genre qui t’a été assigné à la naissance et tu en as parlé avec ta meilleure amie en qui tu as confiance? (Félicitations de lui avoir annoncé!! Célèbre ce beau moment.) Tu nous écris aujourd’hui afin de recevoir quelques conseils pour pouvoir mieux leur partager ta réalité.

Avant tout, je veux te dire que tu n’es pas obligé d’en parler à qui que ce soit si tu ne te sens pas en sécurité de le faire. Il est toujours possible de le faire plus tard, par exemple, certaines personnes attendent d’être adultes et de ne plus habiter avec leurs parents pour leur en parler. Il n’est jamais trop tard pour le faire. Mais je peux aussi comprendre si tu ne veux pas garder cette information pour toi et si tu as besoin qu’iels soient au courant dans un avenir proche.

D’une part, c’est toujours possible d’aborder le sujet en premier lieu de façon plus générale comme en leur présentant un article d’un d’artiste trans qui passe par un chemin similaire du tiens et de voir comment tes parents réagissent à cette situation. Je me permet de citer un.e collègue Maxime qui donne des bonnes pistes d’actions à effectuer avant de se lancer complètement dans le vide de l’annonce : «Avant de leur faire l’annonce de ton identité de genre, tu peux aussi préparer ce que tu veux leur dire. Tu peux penser à ce que tu aimerais changer, comme tes pronoms (il/elle/iel) et accords pour les noms et adjectifs (heureux/heureuse/heureux.euse), tes titres (fils/fille/enfant) ou ton prénom peut-être, ça peut aussi être tes vêtements et tes cheveux ou d’autres éléments. Tu peux aussi leur rappeler ce qui va rester pareil : tu continues d’être leur enfant et d’être la personne que tu as toujours été avec ta personnalité et tes intérêts. Ensuite, tu peux penser au contexte, où et quand tu veux leur parler, individuellement ou en famille, en personne ou par écrit… »

 

Cela fait beaucoup de choses à penser tout seul, crois-tu que ta meilleure amie ou des adultes de ton école pourraient t’aider avec tes réflexions? Sinon, n’hésite surtout pas à nous réécrire et on te guidera dans ce processus. Ceci sont les conseils les plus fréquents que l’on donne aux jeunes dans la même situation que toi et ou bien similaire, mais ça dépend toujours de chaque personne et des relations que tu entretiens avec elleux. Même avec toutes les précautions du monde c’est tout de même possible que ta famille ne comprenne pas ou dise des choses blessantes… J’espère sincèrement pour toi que non, mais c’est une possibilité. Par contre, un coming out n’est rarement complètement parfait ni un désastre total, la plupart du temps c’est plutôt un mélange de positif et de négatif. Je me souviens avoir fait un premier coming out à ton âge et que ça n’ai pas été parfait ni trop mal, mais un peu maladroit à cause du stress. L’important, c’est de t’écouter et de ne pas te perdre de vue, car tu es la personne la plus importante. Même si tes parents ont une réaction plus forte sur le coup, ça ne veut pas dire qu’iels ne prendront pas le temps d’y penser et de poursuivre la discussion avec toi une autre fois. Je tiens absolument à ce que tu saches qu’il n’y a que toi qui puisse réellement savoir ce qui te convient le mieux dans tout ça. Avec le temps, les choses évolueront aussi et c’est correct si certaines décisions changent tant que tu le fasses pour toi avant tout.

Je me permets une fois de plus de citer mon.ma collègue Maxime qui a mis en lumière d’autres informations pertinentes et sites que tu peux donner à ta famille pour les aider à comprendre la transidentité. Voici, donc, un très bon extrait de la FAQ du site de Jeunes Identités Créatives :

Qu’est-ce que l’identité de genre?

L’identité de genre est notre sens profond de soi. C’est quelque chose que l’on ressent de l’intérieur — c’est un sentiment très intime et puissant. Ce sens interne peut être soit masculin, féminin, un mélange des deux, aucun des deux ou toute autre variation. L’identité de genre fait également référence aux mots que nous utilisons pour la décrire (ex. : femme, homme, non-binaire, etc.). Le langage qu’une personne utilise pour nommer son identité se situe sur un spectre et peut évoluer dans le temps, notamment à travers la découverte de soi et l’accès à un vocabulaire plus diversifié.

Être trans, est-ce une nouvelle mode?

Non, être trans n’est pas une nouvelle mode. Les personnes trans existent depuis toujours. On peut avoir l’impression qu’il y en a de plus en plus simplement parce qu’il y a plus de personnes trans qui se sentent en sécurité d’explorer et d’affirmer leur identité de genre ouvertement. Grâce à un contexte social plus ouvert, les personnes trans et leurs familles ont accès à plus d’information, de ressources et de mots qui leur permet de nommer et verbaliser ce qu’elles vivent depuis toujours et de trouver le soutien qui leur est nécessaire.

Peut-on être trop jeune pour être trans?

Il n’y a pas d’âge pour être trans! Selon la recherche, l’identité de genre se développe durant la petite enfance pour tout le monde. Ceci veut dire que le questionnement par rapport à l’identité de genre ou l’auto-identificiation avec une identité de genre qui diffère de celle qui nous a été assignée à la naissance peuvent avoir lieu tôt dans la vie. On peut donc commencer à s’identifier comme trans et/ou non-binaire lorsque notre identité de genre ne correspond pas, ou partiellement, à celle qui nous a été assignée à la naissance à un très jeune âge.

De plus, le site C’est Comme ça propose aussi des pistes pour répondre aux types de réactions négatives plus courantes. À l’origine elles s’appliquaient à l’orientation sexuelle, mais je crois que ça pourrait t’être utile quand même!

  • Mises en doute, déni : 

“Tu es trop jeune, tu ne peux pas savoir”

– Ah oui, parce que toi tu as su que tu étais [cisgenre] à quel âge ?

– Il n’y a pas d’âge pour être [un garçon].

– Oui, je n’ai pas encore beaucoup d’expérience, mais j’ai besoin de savoir que tu m’aimes tel que je suis.

“Tu changeras d’avis, c’est sûr !”

– Ce dont je suis sûr c’est qu’en ce moment je suis [un garçon], et j’ai envie de t’en parler.

“Tu n’as pas essayé, tu ne peux pas savoir.”

– Tu penses qu’il faut tout essayer pour savoir ce qu’on aime ou pas ?

– Est-ce que toi, tu as essayé [d’être un homme/une femme] ?

  • Reproches sur le fait de l’avoir caché 

“Pourquoi tu ne m’en as pas parlé avant ? Ah bon, telle personne l’a su avant moi ? Tu ne me fais pas confiance ?”

– J’ai eu besoin de temps pour comprendre, j’ai moi-même découvert les choses petit à petit. Je t’en parle aujourd’hui parce que maintenant c’est plus clair dans ma tête, alors c’est le bon moment.

– C’est parfois aux personnes auxquelles on tient le plus, qu’il est le plus difficile de parler des choses importantes.

  • Questions sur l’origine de [la transidentité]

“Mais pourquoi tu es comme ça ? C’est Bidule qui t’a influencé ?”

– Personne ne sait à quoi est due [la transidentité]. Même s’il y a eu beaucoup de recherches à ce sujet, il n’y a jamais eu d’explication. En tout cas, je n’ai pas été influencé : il ne suffit pas de fréquenter des personnes pour avoir la même identité de genre qu’elles.

  • Inquiétude

“J’ai peur que tu te fasses agresser” 

– Même si c’est important de dénoncer les agressions LGBTphobes, ça ne veut pas dire que tou-te-s les personnes LGBT+ en sont victimes. Et puis, quels que soient les coups durs que j’aurai dans ma vie, l’important c’est que je sache que tu seras là pour moi.

  • Peur des réactions de l’entourage

“Que vont dire Papi et Mamie ?”

– Je t’ai confié quelque chose qui est intime, mais ça ne veut pas dire que je vais en parler à tout le monde tout de suite. J’aimerais que tu me laisses le temps de voir si je veux leur en parler, et si oui, comment.

  • Sentiment d’échec ou de culpabilité chez les parents

“C’est de ma faute ?”

– Je te remercie d’avoir fait de moi ce que je suis, mais à ce sujet-là, tu n’y es pour rien.

  • Expression de la honte ou du dégoût 

“C’est quand même pas normal”

– C’est minoritaire, oui mais est-ce que tout ce qui est rare est forcément moins bien ? Il n’y a que 2% des gens qui ont les yeux verts, mais c’est une couleur d’yeux aussi valable que les autres.

Sinon, les brochures suivantes pourraient aussi offrir des détails utiles à tes parents :

Enfin, tu peux leur indiquer que les recherches prouvent qu’un des facteurs les plus importants pour le bien-être et la sécurité des jeunes trans est le soutien des parents. Je pense que c’est quand même un bon argument.

Être trans n’est pas dangereux, malsain ou problématique en soi. Il est tout à fait possible d’être un garçon trans, de recevoir du soutien de ses parents et de vivre une vie heureuse et bien remplie.

De ton côté, aimerais-tu parler à des gens qui ont déjà vécu ou qui vivent présentement des situations semblables ? Tu pourrais regarder du côté de Trans Mauricie-Centre du Québec (https://www.transmcdq.com/) afin d’y trouver du soutien ou bien d’assister à des ateliers-rencontres. Peut-être y a-t ’il un groupe LGBTQ+ à ton école dans lequel tu peux t’impliquer ? Il existe aussi plusieurs groupes Facebook pour les personnes trans, non-binaires et créatif.ve.s dans le genre.

Peu importe comment la suite des choses se déroulent pour toi, j’ai confiance que tu prendras la meilleure décision pour TOI le moment venu et je tiens à te dire que ton identité est valide. N’hésite surtout pas à nous réécrire si tu as d’autres questions.

Sincèrement,

Billie-Lou (iel,elle)

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