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31 octobre 2018

Je trouve les femmes plus attirantes que les hommes, j'ai envie d'être avec une femme...

Marie-Édith Vigneau

Bonjour,
J’ai 18 ans. Je me questionne sur mon orientation sexuel depuis que j’ai 13 ans de temps en temps en me disant qu’avec le temps et les expériences (encore inexistante) j’allais découvrir mon orientation sexuel… Ma vie familiale était très compliqué, mon orientation sexuel n’a jamais été une priorité, j’ai toujours bien vécu en me disant que j’ai hétérosexuel et qu’un jour je saurais pour vrai. (Est-ce que ma vie familiale est uniquement une excuse que je mets pour me dire que je suis homosexuel? Ou une excuse que je mettais pour me dire que j’étais hétérosexuel?) Par contre, cette incertitude et cette non catégorisation commence à me tourmenter (j’y pense 24h/24, j’y pense trop et ce n’est plus très sain…) et j’ai envie d’en être certaine, pour être libre. (hétérosexuel, bisexuel ou homosexuel?) J’ai également envie d’en parler à mon entourage (garder ça pour moi commence à être lourd, il le prendrais bien, mais il banaliserait mon questionnement), mais je ne suis pas certaine…? Je ne sais pas quelles questions me poser (bien que je m’en pose sans arrêt). Je trouve les femmes plus attirantes que les hommes, j’ai envie d’être avec une femme. Il m’arrive de trouvé un garçon beau, mais rien de plus… Je serais fière d’être homosexuel… Est-ce que je suis dans la phase de l’acceptation? Est-ce que je m’invente un scénario et je suis hétérosexuel?
Merci de lire se questionnement et d’essayer de me répondre!
Désoler, mon message n’est pas claire, ce n’est pas claire d’en ma tête… J’ai envie de clarté et de simplicité!
PS: l’échelle de Kinsey m’apportait asser de réponses avant, mais je crois que j’ai besoin de me catégoriser pour arrêter d’être tourmenté…
 
Julie
 

Allo Julie,
Merci de faire confiance à AlterHéros. Ne t’inquiète pas, ton message est clair ! 😉
Tu te poses des questions au sujet de ton orientation sexuelle depuis un moment, mais en ce moment, tu as vraiment «envie de clarté et de simplicité»… et tu commences à trouver tout cela lourd. Tu vis quelque chose de parfaitement normal, tu sais.
Tu parles de ta vie familiale, de la place que tes questions prennent dans ta tête et de tes attirances.
On va essayer d’y voir plus clair ensemble, si tu veux bien.
D’abord, est-ce que ton vécu familial serait une «excuse» pour ne pas découvrir ou affirmer ton orientation sexuelle, comme tu le proposes ? C’est tout à fait légitime de ne pas se concentrer sur ses attirances, sa vie amoureuse et sexuelle quand on vit des expériences difficiles. C’est ok de prendre soin de toi (et de ta famille) et d’avoir mis tes énergies ailleurs que sur tes questionnements au sujet de ta sexualité. Il n’y a pas de moment précis dans la vie où il est obligatoire de se positionner face à son orientation sexuelle. Ce moment semble être arrivé (ou du moins commencé) pour toi et ta famille est probablement toujours là, quelque part, alors quelque chose me dit que ce n’est pas à cause de ta famille que tu as laissé ces questionnements en sourdine ces derniers temps. Cela dit, je n’ai pas la réponse absolue, c’est quelque chose qui t’appartient !
Tu parles d’être libre quand tu connaîtras ton orientation sexuelle. Est-ce que tu parles d’être libérée de tes pensées ? Si ces questions prennent trop de place à ton avis (t’empêchent de dormir, de te concentrer en classe, dans tes projets personnels ou au travail ou de voir tes proches), je t’invite à en parler. Un simple questionnement qui traîne dans ta tête, ce n’est pas la même chose qu’une situation qui occupe tes pensées en tout temps. À toi de voir. Au besoin, tu peux aussi contacter une ligne d’écoute, comme Interligne. Il y a peut-être un.e travailleur.se social.e ou un.e sexologue à ton école, si tu es aux études. Je t’invite à te renseigner à ce sujet si tu en ressens le besoin.
Si tu te sens à l’aise de parler de questionnements à tes proches et que tu es prête à le faire, pourquoi pas? C’est déjà fantastique que tu saches qu’ils / elles vont bien prendre tout ça. Je te propose de trouver un moment où tu seras seule avec une personne de confiance pour en parler et d’exprimer tes craintes. Tu peux lui dire que tu as peur que ce que tu ressens soit banalisé, ou plutôt que c’est quelque chose de vraiment, vraiment important pour toi et que cela prend beaucoup de place dans tes pensées. Qu’en dis-tu?
Tu expliques que tu ne sais pas quelles questions te poser… mais tu as déjà des réponses à plusieurs questions ! Tu sais déjà que tu trouves les femmes plus attirantes que les hommes, que tu as envie d’être avec une femme et que tu peux apprécier la beauté d’un garçon, mais sans plus. Crois-tu que tu peux déjà rayer de ta liste la possibilité d’être hétérosexuelle, puisque tu sembles être principalement attirée par les femmes ? Pour le reste, tu peux te pencher sur tes fantasmes sexuels si tu en as, sur une personne «idéale» avec qui tu aimerais être en relation amoureuse s’il y a lieu, ou encore avec qui tu aimerais vivre et faire des projets à long terme si c’est quelque chose qui te dit. Tu as la chance d’habiter à Montréal selon les informations que j’ai reçues. Il y a plusieurs ressources disponibles pour les filles lesbiennes, bisexuelles ou en questionnement dans le coin.
L’Astérisk en est une ; je te propose de faire un tour à une soirée de Jeunesse Lambda ou de Projet 10 (respectivement les vendredis et jeudis soirs) si c’est possible pour toi de te déplacer dans le coin du Village. AlterHéros fait des sorties une fois de temps à autre aussi, tu peux te tenir au courant via notre page Facebook. Si tu aimes sortir plus tard et être dans un contexte plus festif, il y a des soirées destinées aux femmes qui aiment les femmes, mais ouvertes à toustes, comme les soirées Lez Spread the Word et les L Nights. Il y a aussi des endroits où tu peux rencontrer des personnes LGBTQ+ comme lors de certaines soirées au Ritz PDB ou à Notre-Dame-des-Quilles. Il y a aussi quelques bars intéressants dans le Village. Tu peux y aller avec des ami.e.s pour que ce soit moins intimidant ! 🙂
Tu sembles connaître plusieurs choses sur l’orientation sexuelle: échelles existantes, phases (tu parles de l’acceptation dans ton message), facettes de l’orientation sexuelle (attirances, envie d’être avec une personne d’un genre en particulier)… c’est super que tu aies trouvé ces informations. J’espère qu’elles t’ont permis de trouver des pistes pour mieux réfléchir.
L’échelle de Kinsey peut être un outil intéressant pour certaines personnes, mais elle prend seulement en compte nos comportements sexuels – pas très pratique lorsqu’on a peu ou pas d’expériences ! – et ne tient pas compte de la fluidité de l’orientation sexuelle. L’échelle de Klein est plus complète, mais n’est pas parfaite non plus. On peut entre autres se questionner sur les aspects «passé» et «présent» (est-ce qu’on peut vraiment passer d’une orientation sexuelle à une autre?) et sur les termes «mode de vie homosexuel / hétérosexuel»…  qu’est-ce que c’est, exactement, un mode de vie homosexuel? Je ne saurais te dire, même en tant que femme lesbienne! Ces deux échelles ne tiennent pas compte des personnes non-binaires non plus, ce qui enlève beaucoup de possibilités. Ce sont aussi des échelles qui ne prennent pas en compte les personnes asexuelles. Très dommage !
C’est bien vrai, ce sont le temps et les événements qui te permettront de te connaître davantage… mais tu peux déjà te positionner à propos de tes attirances et même affirmer être d’une orientation sexuelle ou d’une autre. En effet, pas besoin d’avoir des expériences sexuelles pour connaître son orientation sexuelle, ni d’avoir 75 ans ! On ne demande pas aux personnes hétérosexuelles si elles ont expérimenté pour être sûres qu’elles sont hétérosexuelles, alors pourquoi on se demanderait la même chose si on est bisexuel.le ou homosexuel.le ? Tes questionnements sont valides et si tu trouves réponses à ces questions, ces réponses seront valides aussi, que tu aies eu des relations amoureuses et sexuelles ou non, et que ce soit dans 3 mois ou à 35 ans !
Je n’ai pas l’impression que tu t’inventes un scénario, je sens plutôt que tu as des questionnements honnêtes et que tu es sur la bonne voie. Déjà, chercher de l’information et nous écrire, c’est un grand pas. Ça démontre aussi que tu es capable de faire face à des difficultés et d’être attentive à ce que tu ressens. C’est une belle force que tu as, Julie ! J’espère que mon message contribuera à t’éclairer un peu plus. N’hésite pas à nous envoyer d’autres questions au besoin. On est là pour toi.
À plus !
Marie-Édith, B.A. sexologie, pour AlterHéros

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