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6 juillet 2020

Je suis sur la testo depuis bientôt 6 mois. Cet inconfort au niveau du clitoris est-il normal ?

Bonjour,
Je suis un gars trans, j’ai dix-sept ans et je suis sur la testo depuis bientôt 5 mois. Je peux pas vraiment poser cette question à un docteur au téléphone ou par appel vidéo parce que ma famille est toujours dans la maison et c’est un peu gênant. Peut-être que vous savez pas plus que moi, parce que c’est une question assez spécifique, mais je me demandais qu’est-ce qui est normal et qu’est-ce qui est pas normal dans la croissance du clitoris (à cause de la testo). Est-ce que c’est normal que ça pique dans cette région-là? et que ce soit un peu rouge autour? Aussi des fois quand je marche c’est plus sensible (ça fait un peu mal) mais ça on m’avait averti que ce serait sensible…

J’ai beaucoup de questions en général par rapport à cette aire-là de mon corps et j’ai peur d’avoir une infection? J’ai jamais eu aucun rapport sexuel, mais est-ce que c’est possible d’attraper une ITSS ou une infection de cette partie-là dans des toilettes publiques? Et si oui, comment je sais que c’en est une? Et qu’est-ce que je fais? Je suis désolé, je pose beaucoup de questions mais j’ai vraiment pas eu beaucoup d’éducation sexuelle dans ma vie, l’information sur le «bottom growth» et la santé sexuelle des gars trans est vraiment pas très présente sur Internet de toute façon et je sais pas à qui d’autre poser ces questions. Merci beaucoup! Bonne journée.

Noah

Marie-Édith Vigneau
Salut Noah !
Merci beaucoup d’avoir adressé ta question à AlterHéros.

Tu te demandes si c’est normal que tu aies un inconfort au niveau du clitoris alors que tu prends de la testostérone. C’est sensible, ça pique, c’est un peu rouge… C’est vrai que ça peut être gênant de parler des ces situations et qu’on parle très peu de la santé sexuelle en général et encore moins celle des gars trans.

Je te rassure: tout ça est tout à fait normal. En ce moment, selon ce que tu décris, ce que tu vis est simplement causé par les hormones d’affirmation de genre. C’est certes désagréable comme sensations, mais c’est normal ! Une suggestion pour diminuer ton inconfort est de porter des sous-vêtements et des pantalons un peu plus amples – ça aide certaines personnes. Tu peux aussi utiliser une débarbouillette d’eau froide pour te soulager. Heureusement, ces sensations ne resteront pas présentes éternellement. Pour en savoir plus sur la santé de tes bottom parts, tu peux lire cette page de la San Francisco AIDS Society. Tu peux aussi lire ce guide réalisé par l’organisme RÉZO pour les hommes trans (projet Hot) ! Enfin, si tu es sur Facebook, tu peux joindre ce groupe pour partager ton expérience et poser des questions : Euphorie Trans. Il y a aussi plusieurs pages Tumblr et réseaux Discord par et pour les hommes trans où tu peux trouver des infos.

Par contre, Tumblr (comme plusieurs autres médias sociaux du genre) a la fâcheuse habitude de ne pas rendre disponibles plusieurs résultats dans ses moteurs de recherche parce que certaines requêtes sont associées à la pornographie… comme si les informations relatives à la transition relevaient de la porno. C’est vraiment fâchant, mais si tu te crées un compte (et disons, en toute subtilité, tu ajoutes un an à ton âge), tu auras au moins accès à des pages sur lesquelles tu pourras chercher l’information, même si tu ne pourras pas utiliser des moteurs de recherche.

Tu te demandes aussi si c’est possible d’attraper une ITSS ou une autre infection au niveau des organes génitaux dans les toilettes publiques. La réponse est non. Si tu n’as pas eu de contacts sexuels avec une autre personne, il y a beaucoup moins de possibilités que tu en aies contracté une. Il faut toutefois savoir que certaines ITSS se transmettent par consommation de drogues par inhalation ou injection, par piercing ou tatouage dans des conditions non-stériles. Elles peuvent aussi être contractées lors de la grossesse, de l’accouchement ou de l’allaitement de la personne enceinte au bébé, mais tu serais fort probablement au courant à l’heure où on se parle si ça t’était arrivé !!! Tu te demandes comment savoir si tu as une ITSS. Certaines ITSS sont asymptomatiques (c’est-à-dire que la personne ne présente pas de symptômes) pendant plusieurs mois / années, alors la seule manière efficace de savoir si on a une ITSS est de passer un test de dépistage.

Il se peut que tu notes un petit changement d’odeur au niveau de tes organes génitaux (comme pour l’ensemble de tes odeurs corporelles) avec la testostérone. Par contre, si tu notes que tu as des pertes d’une couleur et odeur inhabituelle (comme une odeur de poisson) ou que tu as des démangeaisons importantes à l’intérieur ou à l’extérieur (pas seulement au niveau du clitoris – ça, ça fait partie du bottom growth) avec une sensation de brûlure, ou des pertes à texture plus épaisse (comme du fromage cottage), ce sont possiblement des signes d’infections qui peuvent être causés par une bactérie ou un déséquilibre de la flore. Pas besoin d’un.e partenaire pour développer de telles infections et inflammations (malheureusement). Elles se traitent assez facilement. Si jamais ça t’arrive, tu peux acheter des traitements en pharmacie. L’idéal est de parler à ton / ta pharmacien.ne, mais je suis tout à fait consciente que c’est pas mal moins agréable quand on n’est pas out (qu’on a parlé de notre transition à ces personnes).

Je reviens sur les tests de dépistage. Trouver une clinique de santé sexuelle trans friendly peut parfois être tout un labyrinthe, même à Montréal ! C’est pourquoi je te propose ces différentes cliniques de santé sexuelle qui se démarquent par leur approche positive envers les personnes de la diversité sexuelle et de genre.

Voici quelques cliniques sympa :

-La Clinique l’Actuel : Première clinique en santé sexuelle dédiée à la communauté LGBTQ. L’attente peut toutefois être un peu longue!
-La Clinique Quorum : Cette clinique est relativement récente, mais l’équipe et les services sont très queer & trans friendly et tu peux réserver ton rendez-vous directement sur leur ‘’Portail Patient’’.

-La Clinique médicale La Licorne : Une toute petite clinique, plutôt intime même! L’équipe de travail est sympathique et a une approche très positive concernant la sexualité. Cette clinique travaille actuellement à améliorer leurs services pour les personnes trans, dont AlterHéros a été invité à les soutenir dans cette démarche. À noter, cette clinique s’est initialement spécialisée pour les hommes cis ayant du sexe avec des hommes cis. L’équipe n’a donc pas beaucoup de connaissances sur la santé des vagins et n’offre pas de services de pose de stérilet pour l’instant. Mais pour un test de routine de dépistage d’ITSS, c’est décidément un bel endroit! Tu peux prendre rendez-vous directement sur internet via leur ‘’Portail Patient’’.

-La Clinique médicale urbaine du Quartier Latin est un peu plus grosse, mais tout autant trans & queer friendly. L’endroit est un peu plus gros, cela peut donc être un peu mélangeant de trouver ton chemin entre les infirmières, les docteurs et la réception, mais les services sont rapides et de bonne qualité. J’ai personnellement eu une meilleure expérience en prenant rendez-vous par téléphone que sur internet!

Il est important à noter que ces différentes cliniques demandent des frais de 5 à 15$ pour les échantillons (prise de sang, urine et échantillons de la gorge, de l’anus et du vagin). Tu dois avoir une carte RAMQ pour utiliser ces services. En l’absence d’une carte-soleil valide, il est possible que certains frais supplémentaires soient exigés.

Finalement, l’organisme communauté jeunesse LGBTQ+ À Deux Mains offre des services gratuits cliniques en santé sexuelle et même spécifiquement en santé trans pour les 14-25 ans. La carte RAMQ n’est pas obligatoire.

Enfin, un service exceptionnel auquel peu de personnes ont accès est le SIDEP. C’est un service gouvernemental offrant des tests de dépistage en santé sexuelle gratuitement et ce peu importe si la personne a la RAMQ ou non. C’est un service spécialement dédié aux hommes cis ayant du sexe avec des hommes ainsi qu’aux personnes trans. Il y a en un à Montréal et un à Saint-Jean-sur-Richelieu. Je te laisse aussi cette carte interactive pour connaître les différents points de services de dépistage au Québec (je ne peux malheureusement pas t’assurer que tous ces points de services soient inclusifs et respectueux…).

Avant de faire un dépistage pour les ITSS, il n’est pas nécessaire d’être à jeun. Assure-toi de ne pas uriner deux heures avant le rendez-vous! Et il est important de fixer un rendez-vous au moment où tu n’as pas d’écoulements menstruels. Je comprends qu’un premier rendez-vous comme celui-ci peut être stressant, voire intimidant. Je t’assure, les employé.e.s qui travaillent dans ce type de services sont très respectueux.ses. En général, tu auras un petit questionnaire à remplir lors de ta première visite indiquant tes habitudes de consommation et les divers comportements sexuels que tu as eu dans les derniers mois. Puis, l’infirmier ou l’infirmière procèdera à des prises de sang pour détecter le VIH, la syphilis et, parfois, l’hépatite C. Le test d’urine ainsi que les échantillons prises à partir d’un coton-tige au niveau de la gorge, du vagin et de l’anus servent à détecter des possibles infections liées à la gonorrhée ou la chlamydia. Il est possible que le ou la docteur procède à un examen visuel externe des organes génitaux afin de détecter de possibles verrues génitales pouvant être lié au VPH (virus du papillome humain).

Plusieurs stratégie de sécurisexe existent afin de prendre soin de notre santé sexuelle ainsi que celle de notre/nos partenaire(s), notamment le condom et la digue dentaire, le dépistage régulier, le traitement advenant un résultat positif à une ITSS et une communication constante sur la santé sexuelle! 🙂 Je te laisse aussi avec ce site internet Le sexe qui t’allume qui aborde la santé sexuelle pour les gars qui ont du sexe avec des gars. C’est une belle façon de se renseigner davantage sur le VIH, les différentes pratiques sexuelles sécuritaires et de ses différentes méthodes de prévention, dont la PrEP qui est un médicament qui réduit, voire élimine, la possibilité de contracter le VIH lorsque le médicament est bien utilisé.

Si jamais tu as d’autres questions au sujet de la sexualité, des ITSS ou de ta transition, réécris-nous ! Ça va nous faire vraiment plaisir de te répondre. On est là pour ça et on est bien conscient.e.s que ce ne sont pas toujours des informations facilement accessibles.

Prend bien soin de toi ! Bonne semaine,
Guillaume et Marie-Édith

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