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15 mars 2015

J'ai été excité par l'idée du viol... suis-je un monstre refoulé?

Voilà, je n’ai jamais été agressif, je n’ai jamais voulu de mal a personne. J’ai toujours aimé la porno normal. Entre 16 et 18 ans, je ne me sentais pas viril, j’étais très mal dans ma peau, et j’aimais une fille éperdument. Pendant cette période, j’étais aussi excité par les menottes… et même le viol (dans le porno).Cela me choquais, mais je le considérais comme un jeu sexuel. J’ai fini par imaginer le viol de personnes que je n’aimais pas, et même de la fille à laquelle je tenais le plus. Pendant que je la dessinais, je me suis dis « pourquoi vouloir faire du mal à une fille pareille? » C’étais le début de mon agonie. Et c’est en voyant une vidéo amateure que j’ai tout arrêté. Je n’arrêtais pas de me dire « elle simule, rien de grave ». Je crois que faire la différence entre pornographie et réalité m’a ouvert les yeux: c’est un drame. Alors j’ai honte et peur de moi, même si j’ai toujours détesté les viols. J’ai abandonné ces horreurs. Suis je un monstre refoulé? ps: je suis vierge

Marie-Édith Vigneau

Voilà, je n’ai jamais été agressif, je n’ai jamais voulu de mal a personne. J’ai toujours aimé la porno normal. Entre 16 et 18 ans, je ne me sentais pas viril, j’étais très mal dans ma peau, et j’aimais une fille éperdument. Pendant cette période, j’étais aussi excité par les menottes… et même le viol (dans le porno).Cela me choquais, mais je le considérais comme un jeu sexuel. J’ai fini par imaginer le viol de personnes que je n’aimais pas, et même de la fille à laquelle je tenais le plus. Pendant que je la dessinais, je me suis dis « pourquoi vouloir faire du mal à une fille pareille? » C’étais le début de mon agonie. Et c’est en voyant une vidéo amateure que j’ai tout arrêté. Je n’arrêtais pas de me dire « elle simule, rien de grave ». Je crois que faire la différence entre pornographie et réalité m’a ouvert les yeux: c’est un drame. Alors j’ai honte et peur de moi, même si j’ai toujours détesté les viols. J’ai abandonné ces horreurs. Suis je un monstre refoulé? ps: je suis vierge
Stev
Bonjour Stev! Merci de ta confiance!
Tu expliques que tu as toujours aimé la pornographie, mais ce qui t’inquiète, c’est que tu as commencé à regarder et à imaginer des scènes de viol, même si tu n’as jamais été agressif et que tu as toujours « détesté les viols ».
Tu expliques que tu as mis un terme à tout cela, mais tu te demandes si tu es un « monstre refoulé ». D’abord, je te rassure… tu n’as pas à avoir honte. Je comprends que tout cela peut être gênant pour toi, mais sache que tu es loin d’être le seul à vivre une situation semblable. La pornographie est un monde intriguant, mais il est parfois difficile d’éviter ses pièges. Tu es déjà sur la bonne voie en adressant ta question à AlterHéros! 🙂
Pendant les deux dernières années, tu étais amoureux d’une fille et mal dans ta peau. Est-ce que tu fais un lien entre ces situations et les changements dans le type de pornographie que tu consommais et les fantasmes que tu entretenais ? L’univers des fantasmes est un drôle de monde. Notre cerveau peut faire des liens entre certains objets ou situations et l’éveil de notre excitation sexuelle. Le visionnement de pornographie et la masturbation peuvent servir de soupape, nous permettre d’évacuer certaines tensions ou frustrations.
Selon toi, qu’est-ce qui a fait évoluer le fait que tu sois excité par le menottes vers ton excitation par les scènes de viol? Qu’est-ce qui t’attirait, selon toi, dans cette idée de viol? Comment te sentais-tu avant, pendant, après ces fantasmes? Aussi, à quel moment as-tu arrêté de considérer cela comme un « jeu sexuel » et à te sentir mal face à ta consommation de pornographie et à tes fantasmes violents? Je comprends que le moment le plus déclencheur pour toi a été celui où tu as réalisé que si tu ne regardais pas une scène où la fille simulait, c’était « un drame ». Est-ce que tu peux retracer d’autres moments ou événements dans ta vie où tu as changé tes habitudes de consommation de pornographie, tes désirs, ce qui t’allumait ou, au contraire, ce que tu trouvais inacceptable?  Qu’est-ce qui t’a dérangé dans ta consommation de pornographie, qui t’a amené à tout arrêter soudainement? Tu expliques que tu te disais « elle simule, rien de grave ». Si tu avais la certitude que les filles simulent, est-ce que tu serais plus à l’aise de regarder des scènes de viol?
Une explication à tes fantasmes violents serait d’y associer le fait que tu étais mal dans ta peau et que tu ne te sentais pas viril. Le viol constitue peut-être la forme extrême de l’exercice d’un pouvoir qu’à ce moment de ta vie, tu pensais ne pas avoir, puisque tu ne te sentais pas en pleine possession de tes moyens… surtout face à la fille de qui tu étais amoureux. Cela pourrait expliquer tes fantasmes de viol mettant en scène cette fille devant qui tu ne te sentais pas en confiance, et les personnes que tu n’aimais pas, sur qui tu aurais aimé avoir un certain pouvoir.  C’est une explication « facile » que je te suggère. Toutefois, c’est à toi de donner un sens à ce que tu ressens et à tes comportements!
Le fait de regarder de la pornographie n’est pas problématique en soi. La situation devient problématique quand cela nous donne une image faussée de la sexualité dans notre vie quotidienne et qu’on s’y fie pour établir nos standards. Nous n’avons pas tous le physique des stars du porno, des seins qui pointent vers les étoiles, des pénis de 9 pouces au repos et des vulves épilées au laser dont les lèvres sont inexistantes… et dans la vie, les filles (et les gars!) crient rarement de plaisir à tous les instants! De plus, dans les vidéos amateur violentes, souvent, les « victimes » ne simulent pas… et ne sont pas consentantes.
Lorsque la pornographie empêche une personne de fonctionner normalement (par exemple, la personne ment pour éviter des loisirs ou d’aller au travail dans le but de regarder de la pornographie, elle s’isole, elle dépense beaucoup d’argent pour s’abonner à certains sites, etc.), il s’agit d’une autre situation problématique. Est-ce ton cas? Si oui, je t’invite à consulter un.e sexologue ou psychologue. Je t’invite à le faire même si tu ne crois pas être dépendant de la pornographie, par exemple si tu souhaites comprendre davantage tes difficultés, avec un suivi plus important. Si tu veux simplement jaser de ta situation avec d’autres gars en ligne, tu peux visiter notre groupe Parlons sexe… entre gars! 
Est-ce que tu as réussi à parler à cette fille ou encore à exprimer tes frustrations aux gens que tu n’aimais pas, si nécessaire? Parler de ses sentiments ou de ses difficultés (et même s’exprimer tout court!) n’est pas toujours chose facile. Je comprends que tu aimes dessiner. Penses-tu que le dessin pourrait être un moyen d’exprimer ce que tu ressens? Tu le faisais déjà en dessinant la fille que tu aimais. Pourrais-tu le faire dans d’autres situations, pour faire passer un message par exemple? Écrire des lettres ou composer des poèmes ou des chansons sont aussi des moyens plus accessibles pour certains. Bref, ce que je souhaite souligner, c’est l’importance de ne pas garder toutes tes frustrations à l’intérieur. L’accumulation de frustrations peut mener à bien des soucis… comme la compulsion ou des problèmes de santé physique et mentale, par exemple.
Maintenant, avec du recul, peux-tu affirmer que tu es plus en confiance, mieux dans ta peau que pendant les deux dernières années? Pour réfléchir davantage à la confiance en soi, je te propose de lire ce document préparé par le service de psychologie de l’Université de Moncton, qui contient des informations intéressantes.
Finalement, ta virginité est-elle un facteur qui influence ta confiance personnelle? Tu sais, ce n’est pas parce que certaines personnes dans ton entourage se vantent de leurs exploits sexuels qu’elles ont forcément une sexualité satisfaisante! L’âge moyen d’une relation sexuelle est souvent plus élevé qu’on ne le croit. Il se peut que tu sois impatient, aussi. Mais un avantage à tout cela est que tu apprends à mieux te connaître et c’est un facteur très important pour avoir une vie sexuelle satisfaisante! Et… non, tu n’es pas un monstre refoulé! Tu te permets de remettre en question tes comportements et de faire des liens avec ton vécu. Tu es sur la bonne route!
N’hésite pas à nous écrire à nouveau si tu as d’autres questions, ou simplement pour nous donner des nouvelles!
Prends soin de toi, Stev.
Marie-Édith, B.A. sexologie, pour AlterHéros

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