21 février 2004

Être gai va à l'encontre de mon rêve d'avoir des enfants. Que faire?

J’ai 22 ans. J’avais une copine depuis presque 5 ans. Depuis quelques temps, je sentais que quelque chose n’allait plus entre elle et moi. J’étais heureux mais pas pleinement heureux. J’avais comme un blocage en moi. Je lui en ai parlé et j’ai parlé de tous mes problèmes. Je lui ai dit que c’était terminé entre nous. Elle voulait savoir pourquoi alors je lui ai expliqué tous mes problèmes (famille, études, etc) mais je sentais que quelque chose en moi devait encore sortir mais pas possible de mettre des mots dessus. C’est alors qu’elle m’a demandé si je ne serais pas homosexuel. A ce moment-là, je me suis senti libéré. Depuis je me suis mis ça en tête. J’ai été consulté un psy mais maintenant je suis en plein doute car je ne sais plus du tout où j’en suis. Je pense que je suis homo car des faits dans ma vie me font penser à cela. A la fois je me dis que je suis hétéro car j’ai eu plusieurs copines dont une très sérieuse. J’ai envie d’avoir mes propres enfants. Depuis que c’est fini avec elle, je n’arrête pas de penser à elle et j’ai envie de la voir.
Je ne sais vraiment plus où j’en suis. En mi disant homo, c’est faire une croix sur mon rêve de toujours: avoir mes propres enfants.
Que dois-je faire pour savoir qui je suis? Ce que je veux?

Équipe -Pose ta question!-


Bonjour!
Je te remercie beaucoup pour tes réflexions et tes interrogations. Je crois que la meilleure chose à faire, c’est d’être honnête envers soi-même. Si tu as vraiment une attirance plus marquée envers les hommes, alors ne te gêne pas à aller vers les hommes. Si c’est le contraire, alors continue avec les filles. Où tu pourrais aussi avoir des attirances pour plus d’un genre? Quoiqu’il en soit, tu vois que c’est pas nécessairement évident de trancher. Il n’y a pas de réponse absolue, tu fais bien de te poser ces questions. Visiblement, tu as beaucoup plus d’expérience avec les filles, mais ça ne veut pas nécessairement dire quelque chose non plus. Certaines hommes sont en couple avec des femmes pendant 5-10 ans pour finalement s’apercevoir qu’ils se sentent mieux avec des hommes. Consulter un.e psychologue, un.e sexologue ou un.e travailleur.euse social.e, ça peut être bien aussi, ça peut te donner des trucs ou des conseils, mais en bout de ligne, c’est toi qui va avoir à régler le problème.

Si tu t’empêches d’aller vers les hommes seulement parce que tu crois que tu ne pourras pas avoir d’enfants, je crois qu’en bout de ligne, tu te censures un peu toi même. On a la chance de vivre à un des endroits les plus progressistes au monde envers les gais et lesbiennes. Le Québec s’est doté en 2002 d’une « Loi sur l’union civile » qui accorde aux conjoint.es homosexuel.les entre autre le droit d’adopter des enfants et des droits parentaux. Être gai et avoir des enfants n’est donc pas incompatible, tu pourrais toujours adopter un enfant! Il y a toujours aussi l’option de la mère porteuse si tu ne veux pas adopter.

Se faire confiance à soi même, c’est très important, quand on parle d’attirances sexuelles, le feeling qu’on peut ressentir l’est tout autant, même si on peut parfois se tromper! Je me suis moi même longtemps dit hétéro jusque vers 19 ans, je me suis questionné pendant trois ans sur mon orientation pour finalement décider le lendemain de mon 22e anniversaire de me considérer comme gai. C’étais en 2000 et je dois te dire que je ne regrette pas du tout ma décision! Se questionner, questionner les autres, expérimenter sur le terrain et rencontrer des gens comme nous qui se questionnent et des gais et lesbiennes font partie du processus de résolution de son cheminement identitaire. Il existe une bonne quantité d’organismes dans la région montréalaise spécialisés à propos de l’homosexualité qui peuvent t’aider dans ton processus. En région, certains organismes existent aussi.
Je t’invite à consulter plus en détails le site d’AlterHéros, car bon nombre d’organismes y sont cités. Mais bref, il faut que tu ailles à ton propre rythme et que tu prennes le temps de peser les conséquences des décisions que tu vas prendre face à toi même et face à ton entourage (ami.e.s, famille, etc.). On fini par découvrir par soi même ce qu’on est. Tout revient à ce que je disais au début, il faut être honnête envers soi-même, se faire confiance et ne pas avoir peur de ce que les autres peuvent penser sur nous et si tu tiens vraiment à avoir des enfants, il y a toujours moyen de s’arranger!
Si jamais tu as d’autres interrogations, ne te gêne pas à nous recontacter!

Merci et bonne chance dans ton processus!

 

Sébastien St-Onge
AlterHéros / Jeunesse Lambda

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