2 avril 2011

Est-ce qu'il y a une bonne façon d'annoncer à mes parents mon orientation sexuelle ?

Bonjour, je suis en méga questionnement sur mon orientation sexuelle. Je ressens quelque chose pour une amie bisexuelle. Ce n’est malheureusement pas réciproque. J’en ai parlé avec ma cousine et sa copine: elles m’appuient dans mes choix car elles-mêmes ont fait leur coming-out. Mes amies proches sont au courant de la situation mais ne m’en parle pas car je crois que ça crée un malaise. Je ne sais tout de même pas comment en parler a mes parents. Ils sont peu ouverts d’esprit en ce qui est à mon sujet. Je déménage dans quelques mois et j’aimerais être capable de leur en parler avant mon départ. Est ce qu’il y a une bonne façon de leur annoncer car pour l’instant c’est le néant pour moi même si je suis a l’aise avec ma situation… Merci d’avance

Pascale

Bonjour à toi Cas,

Merci beaucoup de nous avoir écrit. Pour reprendre ton expression, tu es en «méga questionnement». Tu ressens quelque chose pour une amie bisexuelle, mais celle-ci n’est pas amoureuse de toi. Tes amies les plus proches sont au courant de ton questionnement et t’appuient. Tu aimerais en parler à tes parents, mais tu cherches la meilleure façon de le faire.

Il n’y a pas de manière parfaite ni de moment parfait pour parler de son orientation sexuelle avec ses parents, mais il y a des façons de faire pires que les autres, par exemple, lorsqu’on est en colère ou triste… La première chose importante, pour toi, est de le faire quand tu te sens prête et que tu en as envie. Rien ne t’oblige à en parler aujourd’hui, demain ou après-demain. Il n’y a pas d’urgence. Demande-toi pourquoi tu veux leur en parler. Si c’est parce que ça peut te faire du bien, tant mieux, alors attends d’être en paix avec toi-même et vas-y. Annoncer quelque chose d’important à ses parents lorsqu’on est fâchée ou déprimée ou stressée par autre chose, c’est la meilleure façon de le dire avec les mauvais mots. De la même façon, choisis aussi, si tu peux, un moment où eux aussi vont bien. Évite leurs journées de stress intense au travail ou celles de grandes émotions. Tes parents sont comme toi; parfois, on accepte mal quelque chose qu’on aurait très bien pris juste parce que la journée a été mauvaise et que c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

 

Ensuite, choisis le cadre approprié. Si tes parents sont généralement ouverts d’esprit et compréhensifs, choisis un endroit où tu peux être seule avec eux pour parler. Si tes parents avaient été du genre plus intolérants ou même agressants, je t’aurais plutôt conseillé d’avoir avec vous une personne adulte qu’ils connaissent bien (tante, oncle, ami.e de la famille) mais qui pourrait prendre ton parti au cas où les choses s’envenimeraient. Heureusement, ça ne semble pas être ton problème.

Après, que tu choisisses de leur en parler directement ou indirectement (en commençant par exemple par parler d’une connaissance commune, d’une actrice ou d’un personnage de film ou de livre lesbien), je te conseillerais d’abord de commencer par les rassurer. Des parents, ça s’inquiètent vite. Si tu te commences par leur dire «Il faut que je vous parle de quelque chose» et que tu as l’air stressée, ils vont réagir en miroir (c’est-à-dire qu’ils vont se mettre à stresser eux-aussi) et ils risquent de s’imaginer plein de choses: viol, grossesse, problème de drogue, de violence… Commence par leur dire que tu vas bien, que tu n’as pas de problème (ce qui est vrai) mais que tu aimerais leur parler de quelque chose. Par la suite, explique-leur pourquoi tu voulais leur en parler. Par exemple, parce que tu les aimes, que tu veux rien leur cacher, que tu as besoin de soutien, etc.
Finalement, après leur avoir parlé, laisse-leur du temps pour penser et démêler leur idées. Peut-être qu’eux aussi se sentiront perdus pendant quelque temps.

Un dernier conseil: si tu te sens vraiment insécure et que tu souhaites «préparer le terrain» de manière indirecte, tu peux toujours aller chercher à la bibliothèque ou à la librairie des romans mettant en scène des jeunes lesbiennes ou bisexuelles et les laisser «traîner» pour que tes parents «tombent dessus par hasard» et commencent à deviner par eux-mêmes. Je te recommande particulièrement le roman La fille qui rêvait d’embrasser Bonnie Parker d’Isabelle Gagnon, aux éditions du remue-ménage. C’est un roman intéressant et bien écrit en plus.

Je te souhaite bonne chance. Réécris-nous si nous pouvons t’aider,

Pascale

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