19 juin 2003

Coming-out: est-ce que je devrais le dire ou attendre mais souffrir en silence?

Allo,
moi c’est Zabe et j’ai treize ans. Depuis ma cinquième année que je sens que je suis différente. L’année passée je me suis posée des questions, sans plus. Mais maintenant je sais que je suis lesbienne. Je ne l’ai dit qu’à trois personne mais pas vraiment annoncé, plus suggéré. À l’école souvent les gens traite d’autres personnes de tapette ou de fif et moi je n’aime pas ça mais je ne me sens pas le courage de réagir. Depuis quelques mois déjà que je vis avec ça et, de plus en plus, je sens que mon estime de moi baisse. J’ai peur de le dire car je sais que la réaction des gens qui m’entourent va être que ça va passer.
Les deux seules personnes que je sais qui ne réagiront pas comme ça sont mon père et sa blonde mais je ne les vois qu’une fin de semaine sur deux. Le pire c’est à la maison : j’ai tendance à inventer que j’ai un kik sur tel ou tel gars car je sais que si je dis que j’aime les filles ça va faire mal à ma mère…
Mais moi je me sens seule et j’ai envie de me suicider. Je ne sais plus quoi faire. Est-ce que je devrais le dire malgré la réaction des autres ou attendre encore mais souffrir en silence? Merci d’avance.

Équipe -Pose ta question!-

Bonjour Zabe,
Nous sommes heureux que tu aies pris la peine de nous écrire face à ce que tu vis en ce moment.
Tout d’abord, il est normal que tu puisses te sentir différente, car il faut savoir que l’orientation sexuelle n’est pas un sujet qui est abordé à l’école ou dans la majorité des familles québécoises. En fait, on n’en parle presque pas. Pourtant, l’homosexualité existe, cela fait partie de la vie et cela est tout à fait SAIN et NORMAL. Certaines jeunes filles, comme toi, ont, elles aussi, découvert lorsqu’elles étaient plus jeunes qu’elles étaient différentes de leurs ami(e)s. Qu’elles étaient attirées vers d’autres filles. Il n’y a pas de mal à cela.
Bien sûr, nous savons qu’en ce moment, cela peut être pour toi un gros obstacle, un énorme stress qui te fais du mal, mais d’après ce que tu nous racontes, il semble que tu aies fait jusqu’à maintenant un bon bout de chemin et nous t’en félicitons, c’est-à-dire reconnaître que tu étais attirée vers d’autres filles. Maintenant, saches que tu n’es pas seule dans cette situation et que d’autres personnes de ton école vivent probablement, elles aussi, cette période de questionnement et de cheminement vers l’acceptation de leur orientation sexuelle.
Il est donc important que tu puisses en parler avec des personnes en qui tu as confiance et qui pourront t’écouter, te soutenir et te supporter sans te juger. Par exemple, un(e) professeur(e), l’infirmière ou l’infirmier de l’école, une amie proche et comme tu le mentionnes dans ton courriel, ton père et sa blonde. Pour ton bien-être, tu ne dois pas t’isoler et garder cela secret. Bien entendu, et nous croyons que tu le sais déjà, choisis les gens à qui tu décideras d’en parler. Cela t’évitera de faire face à des gens qui sont ignorants face à l’homosexualité, qui pourraient être homophobes et irrespectueux à ton endroit. Tu es pleine de qualités et pleine de potentiel. Souvenons-nous aussi que tu n’as pas décidé d’être lesbienne. Tu es une personne à part entière qui mérite le respect des autres même dans la différence et tu mérites d’être acceptée et aimée pour ce que tu es vraiment au plus profond de toi.
Il existe de très bon sites Internet à partir desquels tu pourrais avoir accès à une tonne d’information pour te familiariser avec le thème de l’homosexualité et de ses réalités. Cela pourrait t’aider à diminuer tes craintes et tes peurs face à tout cela. Également, tu peux entrer en contact avec Interligne, cela pourra également t’aider à diminuer ton niveau d’anxiété et de stress et les bénévoles qui y travaillent sont eux aussi d’orientation homosexuelle. Ils sont là pour t’écouter, te guider et répondre à tes questions. Tu pourrais aussi vérifier, si tu t’en sens prête, s’il n’existe pas des groupes de soutien ou de discussion dans ta région pour les jeunes gais, lesbiennes et bisexuel(le)s. Cela te permettra de rencontrer d’autres jeunes qui vivent sensiblement la même réalité que toi et des intervenants qui pourront t’accompagner et te supporter dans tes démarches.
En terminant, nous savons qu’il peut être difficile de surmonter cette période, surtout lorsque nous nous sentons différente des autres et que nous ressentons que l’homosexualité est mal vue dans notre entourage. Tu sais, ce n’est pas parce tu es lesbienne que forcément tu seras malheureuse et ce n’est pas parce que tes amies sont hétérosexuelles qu’elles seront plus heureuses. Toi aussi tu mérites le bonheur.
Bonne chance,
Équipe AlterHéros

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