Est-ce que j'ai des préjugés concernant le polyamour? Comment supporter une amie nouvellement dans une relation polyamoureuse?
Bonjour, c’est vraiment apprécié que vous répondiez aux questions, merci!
Je me sens inquiète par rapport à une amitié. Une de mes meilleures amies a eu un parcours assez malchanceux en amour. Là elle commence une nouvelle relation avec une femme un peu plus âgée (pas une grande différence, rien d’inquiétant de ce côté, sinon peut-être que la copine peut donner l’impression d’avoir « plus d’expérience de vie », donc un « meilleur » jugement).
Ce qui me fait peur, c’est que j’ai l’impression que la nouvelle copine (appelons-la Germaine) est en train de « brainwasher » mon amie avec ses idées sur le « polyamour ». Je mets des guillemets pas parce que je crois que ce n’est pas correct d’avoir plusieurs relations en même temps, mais parce qu’il me semble qu’il y a beaucoup de petites choses bizarres qui accrochent dans le « polyamour » expliqué par Germaine.
1- elle laisse parfois entendre que le polyamour, c’est dans la nature humaine, que tout le monde serait mieux en étant poly. Et elle fait des blagues ou change de sujet quand on essaie de creuser plus la question avec elle pour mettre des nuances
(je suis d’accord que ce n’est pas contre nature de faire le polyamour, mais de là à dire que ce serait mieux pour tout le monde, c’est trop poussé je trouve. C’est comme dire que les personnes qui ne veulent pas de relations amoureuses ou qui sont monogames sont toutes des moutons qui n’assument pas leur vraie nature… C’est impossible qu’un seul modèle de relation puisse être universellement le meilleur, ça ne marche pas comme ça, les humains…)
2- Germaine est beaucoup beaucoup dans le « tout le monde est responsable de ses émotions ».
À la base, ça me semble un bon fond, mais j’ai l’impression qu’elle le tourne discrètement de manière à « ne pas assumer l’impact que son comportement a sur les émotions des autres » et qu’elle se déresponsabilise ou se désunit par rapport à mon amie… Comme si elle est là tant que mon amie est de bonne humeur, a du temps et de l’attention pour elle, mais dès que c’est délicat parce que c’est nouveau et insécurisant pour une personne mono d’être en relation poly, tout d’un coup elle se fait moins présente pour « laisser la personne gérer ses propres émotions »… Je trouve que c’est comme si elle n’est pas empathique avec mon amie. Qu’elle ne veut pas l’accompagner dans le processus pour trouver un terrain harmonieux ensemble. Qu’on dirait que c’est à mon amie de faire tous les ajustements et tout le travail émotionnel toute seule, que Germaine sera seulement là pour les moments faciles et sera culpabilisante que des fois des choses soient difficiles pour mon amie.
3- elle a beaucoup tendance à parler « en théorie » et de comment tel truc est mieux en théorie et devrait être comme ça en théorie, mais je trouve qu’elle laisse peu de place pour concrètement les humains ne vivent pas en théorie. Des fois on peut savoir une chose en théorie mais quand même avoir de réelles émotions difficiles (tristesse, solitude, jalousie, insécurité, etc.) et se dire qu’en théorie on ne devrait pas ressentir ça, ça n’aide pas à régler ce qui se passe dans les émotions et la relation. Je pense que des fois ça ajoute du poids à ce que mon amie peut ressentir et la fait sentir comme si elle exagère, en demande trop, est immature, ne réfléchit pas bien… Ça coupe la communication et la confiance je trouve
4. je trouve ça bizarre que son historique de relations amoureuses poly soit par hasard entièrement avec des femmes d’au moins 4 ans de moins et des femmes qui avaient peu ou pratiquement pas d’expérience poly… Ce n’est pas suffisant en soi pour être malicieux, mais ça m’inquiète de penser qu’elle s’est surtout retrouvée avec des femmes qui avaient systématiquement le même débalancement niveau « qui semble avoir le plus gros bout du bâton ».
5. je trouve que des fois elle négocie des règles qui n’ont pas le même poids pour l’une et pour l’autre… Ca ne me semble pas vraiment ok de se dire des exemples comme « on peut toutes les deux voir d’autre monde, donc c’est égal au niveau du travail sur soi, la jalousie et l’insécurité »… Il me semble que c’est facile de dire que toi tu n’en vis pas de jalousie et que tout va bien, quand tu es la seule qui a d’autres relations et que tu sais pertinemment que ta blonde de voir ailleurs de son côté. Se rattacher à « oui mais si c’est toi qui voyait d’autres personnes, moi je dealerais avec, c’est juste qu’en ce moment ça adonne que c’est moi qui est avec d’autres des fois » je trouve ça hypocrite et vicieux, parce que mon amie lui a dit très clairement qu’elle n’en voulait pas d’autres relations amoureuses ou sexuelles pour elle-même. C’est facile de « tenir parole » quand on ne s’engage à rien de concret.
6. D’une certaine manière, j’ai l’impression que Germaine isole un peu mon amie, tacitement. Elle parle souvent de la société monomaniaque et de tous les bâtons dans les roues que des gens qu’elle croyait proches d’elle ont essayé de lui mettre. Elle dit à mon amie de se méfier du regard que les gens posent sur la relation, même de ceux à qui elle fait confiance, parfois même surtout de ceux qui sont proches. Que leur jugement n’est que des préjugés nocifs ou de la projection…
Je pense que c’est vrai que comme société on ne laisse pas assez de place à d’autres modèles qui devraient être acceptables. C’est vrai que mes idées sont teintées : je suis mono en partant et en plus la société me répète que c’est la bonne chose à faire. Je pense que c’est vrai qu’il y a beaucoup de préjugés et que des gens poly doivent toujours se faire remettre dans la face les craintes que le monde mono peut projeter dessus.
Malgré tout, la posture de Germaine m’inquiète. Parce qu’on dirait que c’est lentement installer que le monde va certainement critiquer à tort notre relation parce que c’est du polyamour et que le monde est intolérant. Mais ça permet aussi de défaire les critiques légitimes qui seraient liées à « la relation est déséquilibrée ou malsaine parce qu’elle est déséquilibrée ou malsaine, faire le mono ou polyamour n’a juste aucun rapport là dedans » en les déguisant en polyphobie (je ne suis pas sûre que c’est un mot, ou le bon mot, pardon si c’est mal utilisé).
Bref, ça se fait toujours plus discrètement et sporadiquement que ce que je décris, là j’ai mis la loupe, mais je m’inquiète. Pensez-vous que je m’en fais trop pour rien et que c’est mes préjugés de monogame qui embarquent, en plus de mon envie de base que mon amie soit avec quelqu’un d’aussi bien qu’elle? C’est subtil, mais on dirait que Germaine prend plein de valeurs avec lesquelles on peut juste être d’accord (embrasser sa vraie nature, être responsable de soi, vouloir être la meilleure version de soi, croire en la confiance et en l’amour, explorer des nouvelles expériences et mentorer des personnes moins expérimentées, établir des règles claires et symétriques, ne pas se laisser écraser par la pression normative…) et qu’il a souvent une petite twist quelqu’un part, quelque chose comme une fausse note camouflée. Que croyez-vous?
J’ai très peur et me sens très investie parce que mon amie est vraiment, mais vraiment(!!!) une bonne fille. Et j’ai peur qu’elle se fasse écraser dans sa bonne foi, son envie de grandir et de devenir une personne plus souple, plus empathique, etc. Toute notre gang voudrait la voir dans une relation sweet et belle. Mais là on sent déjà une espèce de barrière se mettre. Elle est dans l’étape du début du grand amour, complètement séduite par Germaine et fait pleinement confiance à Germaine. Des fois à un niveau qui nous effraie. À cause de commentaires plates de certains, elle est réticente à parler de sa relation avec tous les amis, dit qu’on ne peut pas comprendre, que ce n’est pas pareil, etc. Moi je crois que des petites choses peuvent changer, c’est vrai qu’on ne comprend pas exactement tout parce qu’on n’a pas la même trajectoire. Mais qu’en général, ce qui devrait s’appliquer au polyamour est bon pour toutes les relations (communication honnête, écoute, empathie, ententes claires et conscientes, investissement de soi, respect de l’autre et de soi…). Et ces belles valeurs que Germaine décrit dans l’idéal, je ne trouve pas qu’elle en est à la hauteur dans la vie de tous les jours. Quand j’essaie d’aborder ce que je vois, ce qui me semble advenir de notre amitié et les signaux de « il faudrait corriger certaines affaires par rapport à Germaine » mon amie prend de la distance ou assume que tout est mis sur le dos des réticences de personnes monos… Quand j’essaye de souligner la dissonance qu’il y a entre ce que mon amie dit qu’elle veut/aime et ce qui se passe concrètement, ça peut avoir l’air de vouloir ruiner une relation à cause de mon incompréhension du polyamour. Que pensez-vous que je puisse faire et doive faire dans ce cas? Est-ce que mes préjugés m’aveuglent? Est-ce que c’est plutôt Germaine qui met de la poudre aux yeux? Tout ça mélangé? Comment démêler la situation?
Merci de votre présence
Orsini
Salut Orsini !
D’abord, merci pour ta confiance d’aborder ta question à AlterHéros. Je tenterai de mon mieux de répondre à tes interrogations. Si je comprends bien ta situation, tu sembles être préoccupée pour le bien-être de ton amie qui vient de débuter une relation intime avec une certaine Germaine qui s’identifie comme polyamoureuse. Il s’agit de la première expérience dans une configuration relationnelle non monogame pour ton amie et tu t’inquiètes à l’idée que ton amie pourrait être blessée dans ce contexte. Tu me questionnes également à savoir si ta trajectoire personnelle basée sur des relations exclusives et monogames n’influencerait pas négativement ta perception des relations polyamoureuses.
Tout d’abord, il est vrai que nos trajectoires personnelles peuvent avoir des biais sur certaines de nos perceptions. Néanmoins, l’important c’est uniquement d’être conscient.e de ces biais personnels inhérents à chaque être humain. En ce sens, tu sembles en être très consciente et c’est pourquoi, pour répondre clairement à l’une de tes questions, je ne crois pas que tu aies certains préjugés inconscients concernant le polyamour. En ce sens, tu précises dès le départ que ce n’est pas la configuration polyamoureuse qui pose problème ici, mais bien les comportements de Germaine à ce niveau. Avant de poursuivre sur ma réponse, j’aimerais à mon tour te partager ma trajectoire personnelle afin de mettre cartes sur table sur mes possibles biais personnels. Je m’identifie comme un homme homosexuel polyamoureux. J’ai même expérimenté dans le passé une magnifique relation de trouple, c’est-à-dire que nous étions trois amoureux, ensemble, dans une relation amoureuse. Ma réponse tiendra donc à la fois compte de mes outils en intervention, de mes connaissances académiques liées à la sexualité, mais également de mes expériences personnelles concernant le polyamour.
Maintenant, rentrons dans le coeur du sujet! Je tiens à préciser que ton amie est chanceuse de t’avoir dans son entourage, il est toujours important d’être entouré.e de personnes qui se préoccupent de notre bien-être! Tu t’inquiètes à l’idée que ton amie puisse être brainwashée par Germaine qui, selon ma compréhension, la pousserait à s’engager dans une relation polyamoureuse alors qu’il ne s’agit peut-être pas de la meilleure forme de configuration relationnelle pour ton amie.
À ce niveau, tu nommes six (6) différents éléments concernant le discours de Germaine. Abordons-les un à la fois.
- »elle laisse parfois entendre que le polyamour, c’est dans la nature humaine, que tout le monde serait mieux en étant poly. »
Sur ce point, je te laisse 100 % raison : »C’est impossible qu’un seul modèle de relation puisse être universellement le meilleur, ça ne marche pas comme ça, les humains... » L’important est de se questionner, individuellement, sur le meilleur modèle de relations qui puisse répondre à nos besoins, notre personnalité et nos valeurs. Puis, il est primordial de reconnaître que chaque individu est libre de déterminer quelle configuration relationnelle lui convient davantage et, surtout, de respecter ces différentes formes de trajectoires/d’expérimentations de dynamiques relationnelles. Je crois qu’à l’image de Germaine, il est possible de questionner cette norme sociale entourant la monogamie et l’exclusivité amoureuse et sexuelle. Toutefois, là où je suis en désaccord avec Germaine (et en accord avec toi!), c’est qu’il n’existe pas de modèle relationnel plus important qu’un autre et que chaque personne a le choix de définir ses besoins et de consolider ses relations amoureuses dans cette optique. L’important est que toutes et tous puissent s’épanouir dans le modèle relationnel qui leur conviennent selon des paramètres clairs, partagés et consentis entre chacun.e des partenaires amoureux ou sexuels. Concernant la nature humaine, il est toujours risqué de sortir cet argument qui s’apparente souvent à un sophisme. L’être humain peut être analysé comme un magnifique mélange de déterminismes biologiques, environnementaux, culturels et sociaux qui influencent, en partie, nos perceptions, nos valeurs et nos actions. L’argument de la nature humaine a été utilisé à maintes reprises pour justifier de maintes formes d’oppressions à travers l’histoire. Nous n’avons qu’à jeter un coup d’oeil aux arguments utilisés à l’époque (et encore par plusieurs personnes aujourd’hui, malheureusement…) pour justifier l’oppression des femmes, des personnes de couleur, des personnes LGBTQ+… Les exemples ne manquent pas! Bref, on peut tout de suite mettre de côté cet argument de nature humaine… 😉
2. »Germaine est beaucoup beaucoup dans le « tout le monde est responsable de ses émotions »
Concernant ce point, le polyamour nécessite une compréhension et une responsabilité par rapport à ses propres émotions, mais également par rapport aux émotions de nos partenaires! Les émotions de nos partenaires sont entièrement valides. Cette compréhension et ce respect envers les émotions de notre/nos partenaire(s) sont essentiels dans n’importe quelle forme de relation, que l’on parle d’amitié, de sexualité ou d’amour. Une relation, peu importe la configuration, implique un travail d’équipe. Il est selon moi dommage que Germaine se déresponsabilise entièrement des insécurités que ton amie puisse vivre dans ce contexte.
3. »elle a beaucoup tendance à parler « en théorie » »
Sur ce point, tu as encore une fois entièrement raison. Faire un appel à la »théorie » dans un contexte de relation amoureuse, c’est une façon d’invalider les émotions et les insécurités que ton amie puisse vivre. Il est intéressant de lire des articles théoriques sur les relations amoureuses, les configurations relationnelles, l’anarchie relationnelle, le polyamour, etc., mais il ne faut pas oublier que ces contextes impliquent automatiquement des êtres humains qui ont individuellement leurs propres besoins, valeurs, trajectoires de vie et outils de communication. En ce sens, la théorie nous offre des outils intéressants, des outils permettant d’expérimenter différentes formes de configurations ou de communications dans une relation intime, mais sans oublier, comme tu le nommes très bien, les émotions du contexte présent, ici et maintenant.
4. ‘‘son historique de relations amoureuses poly soit par hasard entièrement avec des femmes d’au moins 4 ans de moins et des femmes qui avaient peu ou pratiquement pas d’expérience poly… »
Tu avances tes inquiétudes concernant les relations polyamoureuses du passé de Germaine qui ont été exclusivement auprès de femmes plus jeunes qu’elle ou avec des femmes sans expériences polyamoureuses. Tes inquiétudes sont valides, certainement. Les dynamiques de pouvoir existent, peu importe le genre des personnes, peu importe la configuration relationnelle. Peut-être est-il plus évident pour Germaine de naviguer dans l’univers polyamoureux en projetant le rôle de la personne qui détient davantage de contrôle sur ses émotions, mais indirectement, sur les autres également. On ne devrait jamais imposer un modèle relationnel à son/sa partenaire (ou imposer quoi que ce soit d’autres!). La définition de la configuration relationnelle doit provenir d’une réflexion collective et peut, naturellement, changer dans le temps selon les nouveaux besoins ou contextes vécus par les partenaires. C’est d’abord et avant tout une question de consensus entre les partenaires. Est-ce que Germaine et ton amie ont eu la possibilité de construire un consensus à ce niveau?
5. je trouve que des fois elle négocie des règles qui n’ont pas le même poids pour l’une et pour l’autre…
Si je comprends bien, Germaine a d’autres partenaires sexuels/amoureux présentement. Or, ton amie a émis sa volonté qu’elle ne désirait pas rencontrer d’autres personnes parallèlement à sa relation avec Germaine. Certaines personnes monogames sont en effet confortables d’être dans une relation amoureuse avec une personne polyamoureuse. En effet, comme répété plus tôt, chaque personne a la possibilité de définir ce qui lui convient. Est-ce que ce modèle relationnel convient à ton amie? J’ai envie de te partager ce vidéo sur les relations non monogames consensuelles, diffusé par Urbania. Ce vidéo recense les témoignages de beaucoup de personnes amoureuses, d’orientation sexuelle et d’identité de genre diversifiées. Ce vidéo représente bien la diversité des modèles polyamoureux, des paramètres et des défis que cela implique. Je t’encourage fortement à l’écouter, voire même à le partager à ton amie! Cela pourrait être un brise-glace pour ouvrir un dialogue calme et respectueux sur le polyamour avec elle. Parfois, il est intéressant d’avoir d’autres discours polyamoureux que ceux partagés uniquement par notre partenaire. 😉 D’ailleurs, dans ce vidéo, on entend cette phrase : La règle d’or de la personne polyamoureuse est le rythme du plus lent. Ce que cela signifie, c’est qu’il est important de s’adapter aux différents rythmes de nos partenaires. Est-ce qu’il y a une ouverture de la part de Germaine à vouloir s’adapter au rythme de ton amie?
6. »D’une certaine manière, j’ai l’impression que Germaine isole un peu mon amie, tacitement »
Comme tu le dis, il est vrai que les personnes polyamoureuses font face à plusieurs préjugés ou incompréhensions de la part de la population en général. Tout cela découle également du fait qu’il existe si peu de modèles polyamoureux sur lesquels s’inspirer. Toutefois, il est possible d’émettre des inquiétudes sur la relation (peu importe la configuration) d’un.e ami.e lorsqu’on a des raisons valables de croire que cette personne vit une sorte de contrôle relationnel, voire une relation toxique. Comme j’ai dit au début de mon message, je crois que tu es entièrement consciente de tes propres biais en tant que personne qui préfère les relations exclusives monogames. Cela ne t’empêche pas de ressentir une préoccupation concernant le bien-être de ton amie. Si tu souhaites avoir une discussion honnête avec ton amie, il peut être intéressant de débuter cette conversation en reconnaissant la pluralité des expériences polyamoureuses et les bienfaits qu’une relation polyamoureuse pourrait lui apporter, puis d’orienter la discussion sur les insécurités que ton amie puisse vivre présentement et sur quelle forme de configuration pourrait lui convenir dans le contexte actuel. Bref, d’axer la discussion en te présentant comme une alliée dans ce genre de situation.
Concernant les différentes formes de configurations relationnelles, il existe en fait autant de paramètres et de formes de configurations relationnelles qu’il existe de personnes pratiquant des relations amoureuses/sexuelles non monogames consensuelles. Certaines personnes font une distinction entre les relations amoureuses et sexuelles : un.e partenaire amoureux.se principal.e et plusieurs partenaires sexuel.les par exemple. D’autres personnes polyamoureuses peuvent prendre la décision de rencontrer d’autres partenaires uniquement en la présence de leur partenaire principal.e. D’autres vont préférer rencontrer les autres partenaires amoureux.ses de leur copain/copine. Bref, il existe plein de différentes configurations qui sont toutes autant valides les unes que les autres. L’important, et je vais te citer ici : ce qui devrait s’appliquer au polyamour est bon pour toutes les relations (communication honnête, écoute, empathie, ententes claires et conscientes, investissement de soi, respect de l’autre et de soi…).
D’un point de vue personnel, il m’est arrivé de rencontrer des personnes se disant polyamoureuses pour justifier des comportements problématiques envers des partenaires. Ce discours est parfois présent dans certains groupes militants qui définissent le polyamour comme une façon de s’émanciper des carcans moraux de la société. Or, il existe certaines limites à la façon dont certaines personnes peuvent définir le polyamour : le polyamour ne devrait pas être une excuse théorique pour avoir du sexe avec qui l’on veut sans considérations des émotions de notre/nos partenaire(s). Le polyamour ne devrait pas être instrumentalisé pour juger ou invalider le degré d’ouverture d’esprit d’une personne. Bref, les relations polyamoureuses, tout comme des relations monogames exclusives, peuvent également être toxiques parfois! Le polyamour est d’abord et avant une configuration relationnelle basée sur un consensus entre le/les partenaires. Ce consensus inclut les concepts d’égalité, d’honnêteté entre partenaires, du respect de l’indivualité et de l’autonomie de chacun.
Maintenant, tu te questionnes à savoir comment soutenir ton amie dans ce contexte. D’abord, il est important de soutenir l’autonomie de ton amie. Elle est l’actrice de sa propre vie et la meilleure personne pour déterminer ce qui lui convient. Sa relation actuelle répond possiblement à certains besoins présentement et lui permet peut-être même un apprentissage sur elle-même. Il peut être possible de lui partager que peu importe la configuration relationnelle ou les partenaires avec qui elle est, que votre amitié demeurera forte. Que tu demeures disponible pour écouter ses nouvelles réflexions et ses nouveaux questionnements sur le sujet, et ce, sans jugement. Par la suite, n’hésite pas à te renseigner sur le sujet du polyamour : la lecture de certains articles ou le visionnement de certains vidéos peuvent être des portes d’entrées intéressantes pour entamer des discussions avec ton amie sur le sujet. Comme je disais plus haut, il existe autant de modèles de relations polyamoureuses qu’il existe de personnes polyamoureuses ! Conséquemment, peut-être que la configuration suggérée par Germaine ne comporte pas les meilleurs paramètres permettant l’épanouissement de ton amie. Dans tous les cas, c’est à ton amie de le déterminer et de le définir. Il peut également être intéressant pour ton amie de rencontrer d’autres personnes polyamoureuses afin d’échanger sur des expériences semblables. Certains événements et ateliers sont organisés par l’association Polyamour Montréal. Une fois par mois, ce groupe organise un atelier nommé Introduction au polyamour (polyamour 101). Cela pourrait être une belle sortie entre amies !
Voilà ! J’espère que cette réponse saura te guider un peu. Sache que tes inquiétudes sont valides et que des inquiétudes similaires seraient également possibles peu importe la dynamique relationnelle vécue par ton amie. Je tiens aussi, en guise de conclusion, à te remercier pour l’ouverture et l’esprit critique que tu nous as offert dans ta question. Ton amie est chanceuse de t’avoir à ses côtés.
N’hésite pas à nous écrire à nouveau si tu en ressens le besoin 🙂
Guillaume (il/he), pour AlterHéros