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9 juillet 2018

Je sais pas si ce que je veux c'est devenir un gars, mais je sais que présentement le mot heureuse je ne sais pas c'est quoi...

Guillaume Perrier

Bonjour,
Je vous écris présentement parce que dernièrement, je me pose beaucoup de questions… J’habite présentement dans une ressources communautaire, je parle beaucoup de ce que je veux …Bref, les intervenants m’ont conseillé gris montréal et eux autres m’ont conseillé interligne qui m’a ensuite mener à vous. Je ne sais pas si c’est la place pour en parler donc je vais vous expliquer en bref… Disons qu’avant tout ça ne prenais pas autant d’importance. Ces derniers temps, je consulte une psychologue, avec elle je n’aborde pas toujours le termes dont je veux aborder par peur d’être jugé… La peur.. ce mot la est beaucoup dans mon chemin cette en ci.. Le terme que j’aimerais le plus abordé avec elle c’est concernant mon identité … Je ne sais pas encore tout à fais ce que je veux mais j’ai un doute sur à 99%… Depuis que je suis jeune, on m’a toujours appelé garçon manqué.. si j’étais née en garçon ma mère m’aurait appeler Tommy. Dès mon jeune âge, je n’aimais pas porter de chandail. Je me suis jamais questionné par rapport à tout ça jusqu’à y’a environ deux ans.. Je suis rentré en centre-jeunesse pour 3 raisons la première c’est parce que ma mère ne prenais pas les bons moyens pour prendre soin de moi, elle se droguait et menait une vie assez rock and roll.. La deuxième, c’est à cause que mon beau père m’a déjà touché… C’est un peu à cause de tout ça que moi j’avais commencé à avoir de mauvaises fréquentations… et donc je suis rentré la bas pendant 2 ans et demi.. Je viens de sortir de là y’a deux mois. J’ai tellement été enfermé que maintenant je suis perdu de tout… et là-bas, il y a beaucoup de moments qu’on devais être dans nos chambres. Je n’ai donc pas eu le choix d’apprendre a me centrer sur moi. En me centrant sur moi je me posais la questions .. mais qui je suis moi? .. qu’es que je veux être?.. Je sais pas si l’attouchement aurais peut être un rapport avec mon blocage de connaissance de moi même.. Je ne sais pas ce que sais de savoir ce que l’on es réellement.. Mais moi, quand je me regarde das le mirroir je me vois pas avec des seins.. parfois, je me demande qu’es qu’il font la. Je n’aime pas mon corps de fille, je ne suis pas bien avec. Je sais pas si ce que je veux c’est devenir un gars mais je sais que présentement le mot heureuse je ne sais pas c’est quoi .. et quand on m’appelle par mon nom de fille, ça fais bizzard.. Jaurrais aimé n’être en gars plus tôt qu’en devenir un car.. je sais que ce n’est pas la même chose du tout ..
Métaphore
 
Bonjour Métaphore !
Merci de faire confiance à AlterHéros. Il faut beaucoup de courage pour oser aborder ce type d’interrogations, je tiens donc à te féliciter de nous avoir contacter. Je vais tenter au meilleur de mes capacités de te guider un peu dans tes présentes réflexions.
 
Si je comprends bien ta situation, tu dis vivre présentement dans une ressource d’hébergement à la suite d’un départ précipité de ta famille. Un départ obligé, considérant le contexte familial et les événements difficiles que tu as vécus. Tu dis présentement avoir accès à une psychologue : malheureusement, tu ne te sens point confortable d’aborder tes questionnements liés à ton identité de genre à ses côtés de peur d’être jugé. Concernant ces dits questionnements, tu te dis certain à 99% d’être un garçon. Abordons donc ensemble plus profondément cette certitude! (Tu l’auras compris, je me permets d’utiliser les pronoms et les accords grammaticaux masculins à tes côtés. Ceci peut également être un indicateur pour déterminer si tu te sens plus confortable avec cette façon de s’adresser à toi, si l’usage de ces accords te rendent davantage joyeux !)
 
Premièrement, l’identité de genre, c’est le genre auquel une personne s’identifie, et ce peu importe ce que la ou le médecin a décidé de cocher sur ton acte de naissance ! Ton genre, il t’appartient. C’est un sentiment profond et intime que seul toi est apte à définir. Dans certains cas, il arrive que la ou le médecin ainsi que la famille se trompent à la naissance, et que la personne revendique en fait une identité de genre alternative à celle qu’on lui a, par erreur, assignée. Dans ce type de contexte, une personne peut décider d’entamer un parcours de transition afin de se sentir davantage en accord avec son genre ressenti.
 
En ce sens, tu te questionnes présentement à savoir si tu n’es pas un garçon. D’abord, comment décrirais-tu ces questionnements ? C’est quelque chose qui t’habite depuis bien longtemps, sans nécessairement être capable d’utiliser ces mots pour le nommer ? C’est quelque chose qui semble persistant dans tes interrogations ? Et puis, est-ce que ces questionnements vont au-delà de l’apparence physique ? Au-delà du linge que tu souhaites porter, au-delà de rendre visible ou non ta poitrine ? De quelles façons préfères-tu te présenter aux autres ? Comment souhaiterais-tu que ces personnes te perçoivent ? Qu’est-ce qui te rendrait le plus heureux dans la façon de te présenter et d’être perçu par les autres ?
 
Il n’y a d’abord aucune presse à trouver aujourd’hui une réponse à toutes ces questions. Explorer son genre peut être un long (et beau!) processus. Par exemple, tu peux te permettre de tester différents pronoms pour déterminer si tu préfères utiliser les pronoms masculins ou féminins, comme nous le faisons présentement lorsque je m’adresse à toi au masculin. Tu peux également choisir si tu préfères un autre prénom par exemple, un prénom qui correspond davantage à qui tu es réellement. Il existe également certains outils d’affirmation de genre comme les binder qui permettent de compresser une poitrine.
 
Deuxièmement, il est certes important de pouvoir parler de ces questionnements auprès de personnes de confiance, avec des personnes qui t’offriront un soutien dans ces réflexions. Je suis navré d’apprendre que tu ne te sentes pas confortable d’aborder ces questions auprès de ta psychologue. Tu as effectivement le droit de choisir à qui tu souhaites parler ou non de ces questionnements. Ces questionnements t’appartiennent et sont très intimes. Il est normal d’avoir peur avant d’aborder ce type de sujet : il est parfois difficile de deviner à l’avance les réactions des personnes à qui on ose se confier. Toutefois, les psychologues sont généralement formé.e.s pour comprendre les questions liées à l’identité de genre. Il y a donc de fortes chances que ta psychologue réagisse très bien à ce sujet et puisse te soutenir dans tes démarches. Toutefois, si le doute persiste sur sa possible réaction, je t’invite à prendre contact de nouveau avec nous, et je t’expliquerai la démarche à suivre pour accéder à un service d’intervention en psychologie qui est outillé et accueillant au sujet des questionnements liés à l’identité de genre. (Tu peux également venir directement nous rendre visite si tu as la possibilité de te rendre à Montréal !) Par ailleurs, je suis heureux de savoir que tu bénéficies déjà d’un service d’une psychologue. As-tu eu l’opportunité d’aborder avec elle le sujet des abus sexuels que tu as vécus pendant ton enfance ? Tu demandes dans ta question si les agressions que tu as vécues peuvent être à la source d’un blocage te permettant de te comprendre toi-même. Je n’ai pas la réponse à cette question, mais je sais hors de tout doute que le processus de guérison dans ce genre de situation peut être difficile et ardu. Si tu désires parler davantage de ce sujet avec nous, sens-toi confortable de nous écrire de nouveau. Ça prend également un très fort courage pour oser en parler, je tiens encore une fois à te féliciter et à t’envoyer toutes les boules d’amour virtuelles possibles !
Pour conclure, je me permets de citer une ancienne réponse que j’ai composé à un jeune dans une situation similaire à la tienne : « Et si jamais tu souhaites te déplacer à Montréal, n’hésite pas à venir rencontrer les différentes intervenantes et les différents intervenants qui gravitent autour du projet l’Astérisk. Ce projet héberge les organismes Jeunesse Lambda, Projet 10 ainsi que nous-mêmes, AlterHéros ! Sur le site de l’Astérisk, tu y trouveras un calendrier d’événements, si jamais tu souhaites rencontrer d’autres jeunes qui, dans plusieurs cas, vivent une situation similaire à la tienne.

Avant de conclure, est-ce que tu connais Sophie Labelle? Elle fait des bandes dessinées fantastiques au sujet de la transidentité. Je te laisse l’adresse de son site web pour que tu puisses lire un peu de ce qu’elle fait.
Je te laisse également d’autres réponses à des questions similaires à la tienne qui ont été traitées récemment. Je t’invite à les parcourir, elles contiennent probablement plusieurs éléments de réponses complémentaires à tes interrogations. 🙂
Voilà ! j’espère que tout ceci peut t’aider un peu dans tes réflexions. Sache que tu n’es pas seul là-dedans, et écris-nous si tu en ressens le besoin, si tu as d’autres questions ou simplement pour nous donner des nouvelles ! Et surtout, sens-toi confortable de venir nous rencontrer ! Il nous fera un énorme plaisir de t’écouter en personnes et de creuser davantage sur tes questionnements et sur tes objectifs de genre.
Bonne continuation !
Guillaume, pour AlterHéros

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