Bonjour Hélyo!
Merci de la confiance que tu accordes à AlterHéros. Je suis intervenant pour AlterHéros, mais je suis également coordonnateur de l’organisme TransEstrie, qui est à Sherbrooke. Je suis donc particulièrement outillé pour répondre à ta question!
Alors, tu cherches à savoir comment poursuivre ton hormonothérapie en arrivant au Québec ainsi que les coûts qui s’appliqueront. C’est bien ça?
Comme il y a une entente de réciprocité entre la France et le Québec, tu pourras dès ton arrivée à Sherbrooke faire une demande pour être couvert par la Régie d’assurance maladie du Québec (RAMQ) ainsi que t’inscrire au régime public d’assurance médicament.
Le concept d’ALD n’existe pas ici. En effet, tous les médicaments inclus sur la liste des médicaments couverts sont remboursés au même taux par l’assurance médicament publique, sans distinction de la cause derrière la prescription. Il y a une prime annuelle à payer, entre 0$ et 662$ selon le revenu annuel d’une personne. Puis, chaque mois, la personne assurée paie le premier 22,25$ de la prescription et ensuite 35% des coûts restants. C’est bien compliqué, mais au final, ce qu’il y a à retenir, c’est que le prix de la testostérone injectable est très faible. On parle d’environ 30$ pour une fiole qui peut durer plusieurs mois.
Ici, le médicament que tu connais sous le nom d’Androtardyl est plutôt commercialisé sous le nom de Delatestryl et Depo-Testosterone. Le Delatestryl est souvent en rupture de stock, donc il est conseillé d’avoir une prescription pour les deux types ou encore pour le Depo-Testosterone.
Pour avoir accès à la testostérone ici, il faudra que tu aies une prescription d’un médecin autorisé à pratiquer au Québec. Mais d’abord, avant de partir, assure-toi d’expliquer à ta pharmacie que tu pars à l’étranger pour une longue période et que tu as besoin d’avoir une provision de testostérone pour quelques mois. En apportant avec toi les médicaments dans leur emballage d’origine et une copie de la prescription de ton médecin, tu ne devrais pas avoir de problèmes aux douanes.
Ensuite, arrivé ici, et après avoir fait ta demande à la RAMQ et reçu ta carte d’assurance maladie, tu pourras prendre rendez-vous à la clinique de l’Université (je suppose que tu iras à l’Université de Sherbrooke, si ce n’est pas le cas, avise-moi et je vérifierai ce qu’il en est à l’Université Bishop’s). Encore une fois, je te suggère d’amener tes médicaments provenant de France et une copie de la prescription de ton médecin. Le médecin devrait être en mesure de te faire une nouvelle ordonnance pour que tu puisses continuer ton hormonothérapie.
Malheureusement, il arrive que les médecins généralistes ne comprennent pas qu’ils ont tout à fait le droit et les capacités de prescrire des hormones à des personnes trans et non-binaires. J’ai écrit à USherbrooke International pour les avertir de cette problématique et que cela pourrait causer problème pour les étudiants internationaux trans qui veulent poursuivre leur hormonothérapie au Québec. Je verrai ce qu’on me répondra et veillerai à faire un suivi auprès de toi.
S’il n’y a pas moyen de faire entendre raison aux médecins généralistes de la clinique de l’Université, il faudra alors leur demander de te référer à un.e endocrinologue. À Sherbrooke, c’est Dr Jean-Patrice Baillargeon qui est désigné pour prescrire l’hormonothérapie aux personnes trans et non-binaires. Il sera important de mentionner au médecin généraliste d’attribuer une cote de priorité assez élevée à cette référence, car sinon les délais d’attente peuvent aller jusqu’à 8 mois.
J’espère que ma réponse t’aide à mieux comprendre comment avoir accès à l’hormonothérapie au Québec. N’hésite pas à me dire si un point de mon courriel n’est pas clair ou de poser d’autres questions si tu en as besoin. Et sache qu’une belle communauté trans t’attend à Sherbrooke, je t’encourage à suivre les médias sociaux de TransEstrie pour te tenir au courant des activités organisées dans la région.
Bonne chance et prends bien soin de toi,
Séré, intervenant pour AlterHéros