Comment gérer mes crises de dysphorie et moins associer mon corps à un genre?
Salut,
Toute mon adolescence, j’ai eu un gros sentiment d’inconfort par rapport à mon genre. Ça fait un ou deux ans maintenant que je fais des crises de dysphorie. Ça peut être pendant une relation sexuelle ou simplement quelque chose de banal dans ma journée qui me « trigger ». Je suis alors comme en état de grande panique, mon corps fige et je dois m’isoler pour me sentir mieux. Ça m’arrive quelques fois par mois. J’en ai parlé à des ami.es proches qui sont très à l’écoute et même si j’ai un entourage queer et trans qui me soutient, ces moments de crise sont incontrolables. J’ai conscience aussi que ma dysphorie est moins sociale et concerne plus ma relation avec mon corps.
Comment est-ce que je peux gérer ces crises? Et quoi faire pour moins associer mon corps à un genre
Salut Soraya,
Merci beaucoup de nous avoir contactés! Je vais répondre à tes questionnements du mieux que je peux.
Si je comprends bien, il t’arrive d’avoir des crises de dysphorie de genre en lien avec ton corps qui semblent incontrôlables et tu n’es pas sûr.e quoi faire avec ça. C’est pas facile d’avoir ce type d’expérience, surtout lorsqu’elles surviennent depuis plusieurs années et de façon récurrentes. Tu n’es pas seul.e à vivre ça.
La première question qui me vient à l’esprit pour ta situation c’est, as-tu commencé une transition médicale (hormonothérapie et/ou chirurgies d’affirmation de genre)? Ce type de transition pourrait potentiellement t’aider à mieux te sentir dans ton corps au fil du temps, en te permettant de changer certaines caractéristiques de ton corps (bref, rendre ton corps plus masculin/féminin). J’utilise le mot “transition”, mais tu n’es pas obligé de ressembler spécifiquement à quelqu’un de masculin ou de féminin, c’est possible d’avoir un mélange des deux (puisque tu m’as indiqué que tu voudrais moins associer ton corps à un genre). Comme ça, ton corps ressemblera plus à qui tu es à l’intérieur. Si tu n’as pas encore commencé et que tu aimerais, il est possible d’avoir accès à des hormones en signant une feuille de consentement éclairé avec un.e médecin généraliste (mais pas tous.tes sont ouvert.es à ça malheureusement) ou en ayant une lettre de recommandation d’un.e professionnel.le en santé mentale qui est sensibilisé.e au vécu des personnes trans et non-binaires (liste). De plus, tu pourras aussi recevoir du soutien pour mieux gérer ta dysphorie. Cette lettre permettra à un.e médecin généraliste de te donner une prescription pour de l’hormonothérapie. Parfois, tu dois aussi consulter un.e endocrinologue. Pour les chirurgies, il y a la clinique GrS Montréal que tu peux contacter. Iels vont probablement te demander une confirmation d’un diagnostic pour de la dysphorie de genre avant de pouvoir avoir une chirurgie (que tu peux recevoir d’un.e psychologue ou un.e sexologue psychothérapeute). Leur FAQ répond aux questions en lien avec le processus, le coût, les différents types de chirurgies, etc.
Si tu as d’autres questions sur l’accès à la transition médicale au Québec, le http://transitionner.info/ explique bien les différentes facettes.
Si tu aimerais plutôt ne pas embarquer dans ce type de transition, c’est parfaitement correct. Je te propose tout de même de consulter un.e psychologue/sexologue qui pourra t’aider à trouver des stratégies spécifiques à ton vécu, puisque j’entends que ton entourage te soutient mais ne réduit pas vraiment la fréquence ou l’intensité de tes crises. Ça serait super pertinent de comprendre tes triggers et naviguer les émotions qui en découlent, mais également explorer comment moins associer ton corps à un genre. Tu peux trouver ces professionnel.les en consultant le lien qui te dirige vers une liste de ceux.celles-ci, dans des organismes 2SLGBTQIA+ ou dans des cliniques privées.
Je t’envoie d’ailleurs une question posée à AlterHéros qui ressemble à ce que tu vis. La réponse de Maxim.e contient quelques exemples de stratégies pour mieux vivre avec une dysphorie et de super conseils (je t’invite à consulter le lien pour la réponse de Séré qui parle en détails de dysphorie et de stratégies).
J’espère que j’ai pû te guider un peu dans tes questionnements. Je te souhaite un bon parcours et n’hésites pas à nous recontacter si jamais tu en as encore besoin! 🙂
Lorena (elle/iel), étudiant.e en sexologie