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26 novembre 2021

Comment convaincre ma médecin de famille de me prescrire des hormones en attendant que je rencontre un endocrinologue?

J’ai revu mon docteur, je lui avais écris un lettre de trois pages lui expliquant pourquoi je désire prendre de l’oestrogel, les bienfaits que je recherche, les risques et le suivit qui n’est pas si compliqué pour un médecin de famille.

Elle m’a répondu qu’elle n’oserait pas me faire de prescription car elle ne veut pas prendre de risque, qu’elle ne se sent pas à l’aise pour ça malgré toutes les références que j’ai pu lui donner grâce à vous.

Elle préfère que je rencontre un endocrinologue. Je suis donc sur une liste d’attente pour une rencontre. J’ai hâte mais je sais que le temps d’attente pour rencontrer un spécialiste peut être très long, ce qui me décourage un peu.

Dernier espoir, avez vous une façon de convaincre ma doc pour qu’elle signe une prescription en attendant que je rencontre un endocrinologue? Merci

Séré

Bonjour à toi!

Merci d’avoir envoyé ta question à AlterHéros. Si je comprends bien, ton médecin de famille refuse toujours de te prescrire des hormones, malgré le fait que tu lui aies fourni plusieurs ressources pour l’aider à le faire.

Mon conseil serait de lui demander de t’expliquer exactement:
1) Pourquoi elle n’est pas à l’aise malgré la liste de références que tu lui as fournies?
2) Quels sont les risques dont elle parle et qu’elle ne veut pas prendre?
3) Quels sont tes problèmes de santé qui nécessitent l’intervention d’un endocrinologue?
Tu peux lui citer le Guide de transition médicale, un projet de TransEstrie et du Conseil québécois LGBT, qui a été révisé par un comité de professionnel.le.s de la santé:

«Les médecins de famille et les infirmières praticiennes spécialisées (IPS) sont dans une position idéale pour prescrire l’hormonothérapie aux personnes trans et non-binaires. En effet, en raison de leur lien étroit avec les patient.e.s, iels sont au courant de leurs antécédents médicaux, peuvent bien évaluer leur capacité à fournir un consentement éclairé et sont en mesure d’offrir un suivi répondant aux besoins de la personne qui commence une prise d’hormones. […]

Au Québec, il existe notamment une communauté de pratique pour médecins et infirmières.ers, organisée par le Dr Charles-Olivier Basile à la clinique 1851, permettant aux médecins d’avoir accès au mentorat nécessaire pour prendre en charge adéquatement leurs patient.e.s trans et non-binaire. Ainsi, des références à des spécialistes ne seraient souhaitables que pour des personnes qui ont des problématiques médicales plus complexes, surtout considérant que le système est actuellement engorgé de personnes trans et non-binaires en très bonne santé mentale et physique qui sont en attente de rendez-vous avec un.e endocrinologue, un.e psychiatre ou un.e psychologue.

Les médecins généralistes qui réfèrent des patient.e.s trans et non-binaires en endocrinologie devraient donc prendre en compte l’impact des longs délais sur la santé mentale du patient.e. Ils devraient considérer la prescription d’un bloqueur d’androgène et d’une petite dose d’estrogène ou d’une petite dose de testostérone dans l’attente de la consultation, et en assurer le suivi tant que le dossier n’est pas pris en charge par un.e endocrinologue.»

Si elle invoque des raisons justifiant le recours à un endocrinologue, elles devraient être de nature physique. Un endocrinologue est un spécialiste du système endocrinien, soit le système qui produit des hormones, et non un spécialiste des questions trans.

Si la seule raison qu’elle arrive à te nommer est que c’est parce que tu es trans, je te suggère de lui rappeler que la discrimination en fonction de l’identité de genre est interdite au Québec. En effet, l’identité et l’expression de genre ont été ajoutées comme motifs interdits de harcèlement et de discrimination à la Charte québécoise des droits et libertés de la personne en 2016.
Si les risques qu’elle invoque sont la possibilité que tu regrettes la prise d’hormones, tu peux lui dire que tu es tout à fait disposé.e à signer un formulaire de consentement pour la rassurer que tu comprends bien les effets des hormones et qu’il s’agit d’un choix que tu fais en connaissance de cause. Voici un exemple d’un tel formulaire: http://www.phsa.ca/transcarebc/Documents/HealthProf/pctoolkit-estrogen-testosterone-blocker-consent.pdf
Je t’envoie plein de courage pour la suite de tes démarches. Je sais à quel point c’est frustrant de se faire refuser des soins parce qu’un.e médecin est mal à l’aise avec la transitude.
Tu peux toujours nous écrire si tu as besoin de ventiler.
Bonne chance!
Séré, intervenant pour AlterHéros

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