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28 mars 2024

Comment ai-je pu contracter le VIH? comment se fait-il que mon couple est sérodiscordant?

Bonjour je suis marié le 31 novembre de l’annee passée donc au cours d’une campagne volontaire le 6 février j’ai subi un test vih qui s’avere positif j’appelle mon mari pour lui dire k’on doit le faire à deux le sien est négatif le mien positif à contrôler. Je ne comprend vrmnt pas comment j’ai pu chopé cette maladie sachant que je n’ai pas de comportement à risque et pourquoi on est serodiscordant noté qu’on a des rapports au moins deux fois dans la journée depuis plus de 3 mois

Lolaje

Guillaume Perrier

Bonjour Lolaje,

Je tiens à te remercier chaleureusement pour la confiance accordée envers AlterHéros. Si je comprends bien, tu as reçu un diagnostic positif au VIH, alors que ton conjoint a testé négatif. Cette sérodiscordance dans ton couple te fait poser beaucoup de questions.

Avant d’aborder plus spécifiquement les différents modes de transmission du VIH, j’aimerais d’abord prendre le temps de t’accueillir dans les différentes informations que tu me partages. Recevoir un diagnostic de VIH peut entraîner tout un tourbillon de différentes émotions. Comment te sens-tu à ce sujet? Est-ce que tu as le soutien désiré de ton amoureux? Est-ce que tu as des personnes de confiance autour de toi à qui tu peux discuter de ton diagnostic en toute sécurité? Est-ce que tu as un.e médecin pour t’accompagner dans les prochaines étapes entourant l’accès aux traitements et le bilan de santé?

Ton message offre peu de renseignements sur les diverses émotions que tu peux ressentir. Mais sache que tu peux nous écrire à tout moment pour du soutien concernant ton statut sérologique. Tu n’es pas seule. Néanmoins, le plus dangereux avec le VIH n’est aucunement le virus en soi qui est de mieux en mieux contrôlé par les nouvelles technologiques de médicaments, mais bien l’ensemble des préjugés dont font face les personnes vivant avec le VIH. Le remède à ces préjugés? L’éducation, lentement et surement, de l’ensemble de nos communautés concernant le VIH ; Le financement des associations offrant du soutien aux personnes vivant avec le VIH ; Et bien évidemment, l’accès gratuit et universel aux différents traitements pouvant accompagner les personnes vivant avec le VIH. C’est un gros mandat! Mais tu peux compter sur AlterHéros comme un joueur impliqué dans cette cause sociale. Et merci encore une fois pour ta confiance à nos côtés.

 

Le VIH et sa transmission

Parlons maintenant du VIH plus précisément! Le VIH est le virus de l’immunodéficience humaine. C’est un virus qui s’attaque au système immunitaire et qui l’affaiblit. Il évolue en différents stades. Alors que le sida est la quatrième phase d’évolution du virus du VIH. Le sida est en quelque chose le stade maladie du VIH. En d’autres mots, on ne contracte pas la maladie, pour reprendre ton expression, on contracte un virus. Cette distinction est importante, car en ayant un suivi médical approprié et un accès à des traitements antirétroviraux, il est possible de contrôler suffisamment le VIH afin d’éviter de développer de symptômes pouvant être apparentés à un stade de maladie. 

Pour citer cette page du Portail VIH/sida du Québec : «Il est important d’avoir en tête que la transmission du VIH n’a pas lieu aussi facilement que certaines personnes le croient. En effet, pour que la transmission se fasse il faut réunir ces éléments : (1) une porte de sortie du virus (saignement, éjaculation, production de liquide pré-éjaculatoire, allaitement, utilisation de matériel d’injection), (2) une porte d’entrée du virus dans un organisme non porteur (plaie ouverte, lésion de la peau, muqueuse anale, vaginale, injection, ingestion, tatouage, perçage) et (3) un porteur (messager) du virus entre ces deux portes (liquide biologique comme le sperme, le liquide pré-éjaculatoire, les sécrétions vaginales, anales, le lait humain, le sang).»

Je comprends que tu précises que tu n’as pas eu de comportements à risque. Le VIH n’a toutefois pas toujours besoin d’un comportement sexuel à risque pour être transmis. Cela peut être transmis de la mère à l’enfant lors de l’allaitement ou même par l’utilisation d’un matériel d’injection ou médical non stérile. Bref, ce n’est pas nécessairement de façon sexuelle, même si cela peut l’être!

 

Sérodiscordance : 

Tu te demandes comment cela se fait-il que ton conjoint a répondu négatif au test de VIH alors que vous avez plusieurs relations sexuelles ensemble. Voilà les différentes hypothèses :

-À moins que tu aies réalisé un second test de dépistage pour valider le premier, il peut arriver qu’un résultat soit un « faux positif ». Malgré l’amélioration des tests de dépistage, aucun d’eux n’est parfait. Il arrive que des protéines ou des agents chimiques contenus dans le sang provoquent un premier résultat positif, même s’il n’y a aucune infection. Un second test est ainsi utile pour valider le premier.

-Le VIH se transmet relativement difficilement! Il est donc fortement possible que ton conjoint n’est pas contracté le virus, même si vous avez des relations sexuelles sans condom de façon régulière. Voici un tableau démontrant les estimations du risque ainsi que le taux de transmission moyen selon l’activité tiré du site de CATIE – La source canadienne de renseignements sur le VIH et l’hépatice C.

Activité (pour les activités sexuelles, la position du partenaire séronégatif est précisée)

Estimation du risque moyen

Taux de transmission

Relation sexuelle anale réceptive

1,4 %

1 transmission sur 71 expositions

Injection de drogues au moyen d’une seringue/aiguille partagée 0,63 % 1 transmission sur 159 expositions

Relation sexuelle anale pénétrante

0,11 %

1 transmission sur 909 expositions

Relation sexuelle vaginale réceptive

0,08 %

1 transmission sur 1 250 expositions

Relation sexuelle vaginale pénétrante

0,04 %

1 transmission sur 2 500 expositions

-Une autre hypothèse réside dans la période fenêtre nécessaire entre l’exposition au VIH et un résultat positif. Pour citer de nouveau le Portail VIH/sida du Québec, «Les plus récents tests de dépistage du VIH effectués à partir d’une prise de sang (tests standards) peuvent détecter la présence ou non du VIH de 16 à 40 jours après une possible transmission. Ces tests détectent les anticorps du VIH ainsi que l’antigène P24. Après 34 jours, les tests sont fiables à 95%. Pour avoir un résultat fiable à 100%, il est recommandé de passer un test trois mois (12 semaines) après la possible transmission.». Il est ainsi possible que ton conjoint ait été exposé, mais qu’il soit encore trop tôt pour le détecter.»

 

Et la suite?

Devant ce diagnostic, je peux comprendre qu’il soit difficile de s’imaginer la suite des choses, notamment avec l’incompréhension et l’incertitude concernant le statut sérologique de ton conjoint. En attendant d’avoir davantage de résultats au niveau de ton conjoint, je vous recommande l’usage du préservatif (interne ou externe) pour prévenir la transmission du VIH. Il est aussi possible, pour ton conjoint, de faire les démarches auprès d’un.e professionnel.le de la santé pour obtenir la PrEP (abréviation de Prophylaxie pré-exposition) qui est une stratégie de prévention qui consiste à prendre des médicaments antirétroviraux pour éviter la transmission du VIH. Les études scientifiques ont démontré l’excellente efficacité de la PrEP, notamment pour les partenaires séronégatif.ve.s en relation avec une personne vivant avec le VIH. Pour plus d’information, rendez-vous sur maprep.org ! Finalement, en faisant les démarches avec ton ou ta médecin, ou bien en étant référée par l’association VIH/sida de ton pays ou ta région, il te sera possible d’obtenir un traitement antirétroviral qui, si pris correctement, peut éliminer le risque de transmission lors des relations sexuelles. Cette stratégie efficace est aussi connue sous nom de TasP (de l’anglais treatement as prevention) et elle s’est popularisé avec le slogan Indétectable = Intransmissible. Connais-tu ce slogan? Les données démontrent qu’une personne vivant avec le VIH, prenant ses traitements et qui maintient une charge virale indétectable, ne peut pas transmettre le virus à ses partenaires sexuel.le.s par voie vaginale, anale ou orale. La prise de traitement antirétroviral est donc une stratégie efficace pour prévenir la transmission du VIH, mais également pour éviter que le virus se développe davantage dans son propre corps! Le site du Portail VIH/sida du Québec regorge d’informations pertinentes et vulgarisées concernant le VIH et les différents traitements antirétroviraux.

 

J’espère que le tout répond à tes différentes interrogations. Tu n’es pas seule dans cette aventure. N’hésite pas à nous contacter de nouveau si tu en ressens le besoin. 🙂

Solidairement,

Guillaume, pour AlterHéros

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