Suis-je en train de devenir homo et accro à la porno?
Bonjour chers experts.
Bon je regarde des films pornos depuis mon adolescence et je pense d’être devenu accro.
De plus les scènes hommes femmes ne me font plus jouir comme avant et je suis plus attiré par des scènes transexuelles femmes ou des hommes qui se font sodomiser par des femmes
Cependant Je tiens à souligner que je ne suis pas attiré par des hommes et que je ne voudrais pas avoir non plus de relations sexuelles avec une transexuelle, par contre j’aimerais avoir des relations sexuelles avec des lesbiennes.
Suis je entrain de devenir homo ?
Ou ce fantasme est normal pour un hétéro ??
Franck
Bonjour chers experts.
Bon je regarde des films pornos depuis mon adolescence et je pense d’être devenu accro.
De plus les scènes hommes femmes ne me font plus jouir comme avant et je suis plus attiré par des scènes transexuelles femmes ou des hommes qui se font sodomiser par des femmes
Cependant Je tiens à souligner que je ne suis pas attiré par des hommes et que je ne voudrais pas avoir non plus de relations sexuelles avec une transexuelle, par contre j’aimerais avoir des relations sexuelles avec des lesbiennes.
Suis je entrain de devenir homo ?
Ou ce fantasme est normal pour un hétéro ??
Franck
Bonjour Franck!
Merci de faire confiance à AlterHéros.
Tu as plusieurs inquiétudes, d’abord au sujet d’une possible dépendance à la pornographie, puis au type de pornographie que tu regardes, et finalement au sujet de ton orientation sexuelle.
Débutons avec ton rapport à la pornographie. Quels sont les signes qui te font penser que tu es accro? Sens-tu que tu ne peux pas t’en passer, au point où tu sens que ça affecte ta vie sociale, académique ou professionnelle? T’arrive-t-il d’éviter ou d’annuler des activités ou de mentir à tes proches pour regarder de la pornographie? Si c’est le cas, il se peut très bien que tu sois effectivement dans une situation de dépendance. Souviens-toi que tu n’es pas le seul dans cette situation et qu’il y a des solutions qui s’offrent à toi.
Que faire dans ce cas? D’abord, en parler à une personne de confiance pour ne pas rester seul avec cette situation. Certes, ça peut demander du courage, mais briser l’isolement fait tellement de bien. Le fait de nous écrire, déjà, est un bon pas en avant. Maintenant, y a-t-il un membre de ta famille, un.e ami.e, un.e professionnel.le à qui tu pourrais te confier ?
Ensuite, tu peux observer les moments où tu regardes de la pornographie pour avoir plus de pistes d’action. Est-ce plutôt lorsque tu t’ennuies? Lorsque tu es triste? Lorsque tu n’as rien à faire? Quand tu auras déterminé les moments où les sentiments que tu associes à cette activité, tu pourras tenter de meubler ces périodes par d’autres loisirs, par exemple le sport, qui libère des hormones similaires à celles qui sont libérées lorsqu’on vit de l’excitation sexuelle intense. Sortir de chez soi est déjà une bonne solution.
Finalement, si tu consultes des sites pornographiques par réflexe, tu peux installer un filtre sur tes moteurs de recherche ou tes navigateurs web. Ça prend beaucoup de volonté et les filtres peuvent être contournés, surtout si c’est toi qui en détiens les accès, mais si tu te butes à une interdiction, cela peut te servir de rappel. Voici une page qui explique quelques astuces pour installer des filtres. L’idéal est évidemment de mandater une autre personne pour installer ces filtres et en garder les mots de passe. À toi de voir, selon ton niveau d’aisance et ta volonté, ce que tu préfères.
Tu expliques aussi que les scènes que tu regardes et qui te font de l’effet ont changé avec le temps, ce qui te fait te questionner à propos de ton orientation sexuelle.
La pornographie peut avoir des effets indésirables, particulièrement lorsqu’elle est consommée à l’adolescence. Elle peut donner une image complètement déconnectée de la réalité et compliquer grandement le rapport à la sexualité par la suite. C’est une des raisons pour lesquelles elle est réservée aux adultes, puisqu’ils ont généralement eu le temps de se faire une idée de la sexualité dans la « vraie vie » avant de vivre l’influence des images pornographiques. Cela dit, il est très courant de consommer de la pornographie à l’adolescence. Le blâme ne te revient pas; il serait bien de permettre aux jeunes qui en regardent d’avoir un accompagnement approprié, par exemple par l’éducation sexuelle dans les écoles.
Quelques mythes et clichés en lien avec la pornographie doivent être déconstruits lorsqu’on arrive dans la « vraie vie », en commençant par l’image des corps, selon le type d’images que tu regardes. Les vulves complètement lisses, les corps épilés au laser, les muscles, les pénis et les seins immenses, les mamelons qui pointent vers le ciel, il y a peu de chances que tu croises de tels corps sur notre planète.
Les modèles de pratiques sexuelles et de « scripts sexuels » présentés dans la porno sont aussi très contraignants. Les couples hétéro ne suivent pas toujours le modèle « préliminaires – pénétration – éjaculation / orgasme ». Les couples de femmes ne pratiquent pas toutes les « ciseaux » (frottement entre deux vulves), ne sont généralement pas intéressés par la présence d’un homme dans leurs rapports sexuels, puis comment peut-on survivre à des ongles longs dans un vagin?! Finalement, les couples d’hommes ne pratiquent pas tous la pénétration anale et ne se regroupent pas systématiquement par « catégories » comme on peut en voir sur les sites pornographiques.
Finalement, on parle très rarement de consentement et de protection contre les infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) et les grossesses non-désirées dans la porno. Ce sont pourtant des éléments essentiels à une sexualité riche et sans souci. Pour plus d’informations sur les ITSS, je t’invite à cliquer ici. Au sujet du consentement, voici une lecture très intéressante et appropriée. Je t’invite à lire attentivement, pour que la sexualité soit plus agréable pour toi et tes partenaires.
Terminons avec tes inquiétudes en ce qui concerne ton orientation sexuelle. Tu demandes si tu es en train de devenir homo. On ne devient pas homosexuel, hétérosexuel ou bisexuel: on prend conscience de son orientation sexuelle, on la découvre au fil du temps et des événements. L’orientation sexuelle n’est pas quelque chose qui s’attrape ou qui se développe. Il se peut que tes goûts changent (comme tu peux le remarquer avec le porno que tu consommes maintenant), mais ton orientation sexuelle ne risque pas de changer, même si tu avais beaucoup de bonne volonté. Aussi, même si certaines croyances et attitudes peuvent nous dicter le contraire, il est toujours bon de se rappeler que toutes les orientations sexuelles sont valides et normales.
La porno est faite pour captiver; peu importe ce que tu regarderas, il y a une possibilité que ça te plaise, que ça t’excite ou que ça te choque. Certes, nos préférences peuvent nous aider à mieux comprendre notre orientation sexuelle, mais ce n’est pas un indicateur fiable lorsqu’il est isolé. Tu souhaites avoir des rapports sexuels avec des femmes, mais pas avec des hommes. Qu’en est-il du lien affectif? Es-tu déjà tombé amoureux d’une femme? D’un homme? Avec qui te projettes-tu dans l’avenir? Ce sont des questions qui te permettront mieux de cerner ton orientation sexuelle, de meilleurs indicateurs que celui que la pornographie t’offre.
Quelques petites réflexions pour terminer:
– Les femmes qui s’identifient comme lesbiennes ne sont généralement pas intéressées à avoir des rapports sexuels avec des hommes… puisqu’elles aiment les femmes. La sexualité entre femmes est complète en soi, sans avoir besoin de pénis pour compléter le travail, contrairement à ce que plusieurs personnes peuvent croire. C’est toutefois un fantasme très répandu d’avoir des rapports sexuels avec deux ou plusieurs femmes, je te rassure! Libre à toi de l’entretenir ou non. Seulement, dans la réalité, c’est différent. Il y a donc de fortes possibilités que ce fantasme ne se réalise jamais.
– La pénétration anale est effectivement parfois associée à du sexe entre hommes, mais puisque la forte majorité des humains détiennent un anus, elle est accessible à toutes et à tous. Certains couples de femmes et couples hétérosexuels la pratiquent également et, comme mentionné plus haut, les hommes ne la pratiquent pas systématiquement. Un désir de pénétration anale ou le fait d’apprécier ces images ne devrait donc pas être associée à une orientation sexuelle ou à une autre. Aussi, contrairement à ce qu’on peut voir dans certains vidéos qui circulent sur le web, la pénétration anale nécessite de la préparation, une quantité non négligeable de lubrifiant et idéalement un préservatif pour qu’elle soit agréable et sans risques.
– Les femmes transsexuelles sont avant tout des femmes. Si tu avais envie d’une relation amoureuse ou sexuelle avec une femme trans, ce ne serait pas un « indicateur d’homosexualité », bien au contraire. Il est vrai que certaines femmes ont un pénis, mais ce n’est pas le cas de toutes. Il se peut que dans ton univers, les femmes trans n’existent que dans la pornographie. Si c’est le cas, voici un rappel: tu croises des personnes trans dans la rue tous les jours sans le savoir, et la majorité de ces personnes ne jouent sûrement pas dans des films porno! 😉
– Les fantasmes n’appartiennent qu’à toi; ils se passent dans ta tête et tu es le seul à y avoir accès. Tes fantasmes sont donc tous valides… et normaux.
Voilà. Il s’agit d’une très longue réponse, j’espère que tu as pris le temps de la lire attentivement. Ainsi, tu devrais avoir en main plusieurs outils pour te sentir mieux et vivre une sexualité plus satisfaisante. N’hésite pas à consulter un.e professionnel.le de la santé, comme un.e sexologue, psychologue ou un.e travailleur.euse social.e, pour t’aider à surmonter tes difficultés. N’hésite pas non plus à nous écrire à nouveau si tu en ressens le besoin.
Prend soin de toi, Franck, et bon courage!
Marie-Édith, B.A. sexologie, pour AlterHéros