27 mars 2005

Une année pour repenser la Table de concertation

Nous vous dressons un portrait de la Table de concertation des lesbiennes et gais du Québec, regroupement d’organisme dont AlterHéros est membre depuis près d’un an. Pour ce faire, nous nous sommes entretenus avec Claude Côté, coprésident de l’organisme.

AlterHéros

La plupart des jeunes allosexuels montréalais et des autres régions du Québec visitant régulièrement AlterHéros connaissent sûrement des organismes comme Jeunesse Lambda, Projet 10, Gai Écoute ou le G.R.I.S. qui offrent leurs services un peu partout en province. Bien entendu, il existe beaucoup d’autres organismes dont leur mission n’est pas uniquement dirigée vers la jeunesse.  La communauté gaie compte une multitude d’organismes visant à offrir ou revendiquer de meilleurs services pour leurs membres ou améliorer les conditions sociales de la population en général. Il existe aussi d’autres types de regroupements où plusieurs organismes décident de s’allier ensemble à cause de leurs visions communes et pour leurs donner un poids revendicateur supplémentaire face au gouvernement.
Aujourd’hui, nous vous dressons un portrait de la Table de concertation des lesbiennes et gais du Québec, regroupement d’organisme dont AlterHéros est membre depuis près d’un an. Pour ce faire, nous nous sommes entretenus avec Claude Côté, coprésident de l’organisme.
Qu’est-ce que la Table?
Fondée en 1993 par Laurent McCutcheon et Irène Demczuk, la Table de concertation des lesbiennes et gais du Québec représentait à l’origine la région de Montréal et ses environs et se nommait la Table de concertation des lesbiennes et gais du Montréal métropolitain.
C’est en 2000 que son champ d’action a été élargi à l’ensemble du Québec. Sa mission principale est de faire en sorte que les gais et lesbiennes atteignent la pleine égalité juridique. À travers les années, la Table a donc fait pression, notamment, pour que l’on reconnaisse les conjoints de faits de même sexe avec la création d’une Coalition québécoise pour la reconnaissance des conjoints de même sexe regroupant des membres de la communauté allosexuelle, les centrales syndicales et divers intervenants sociaux importants.
Elle a aussi été très active au niveau de la reconnaissance de l’union civile en faisant pression auprès du gouvernement québécois pour que la loi 84 soit adoptée. Les deux principaux domaines d’intervention ciblés par la Table sont le milieu de l’éducation pour contrer l’homophobie dans les écoles et aussi les milieux de la santé et services sociaux afin de contrer la discrimination en milieu de travail. L’organisation est formée de 80 membres, soit des individus ou des organismes (50% de chacun) et ne compte que des bénévoles pour veiller à son fonctionnement.
Situation financière difficile
Le premier objectif déterminé par la Table pour 2005 est de renflouer les coffres de l’organisation, car la situation financière de celle-ci est plutôt difficile. « Ce qui n’aide pas vraiment la Table, affirme M. Côté, c’est le fait d’avoir des moyens financiers précaires. C’est difficile de faire des actions efficaces si on ne peut pas s’organiser comme un organisme ayant déjà des structures bien définies. »
Au niveau social, selon lui, la Table doit essayer de cibler des enjeux sociaux touchant l’ensemble de la société plutôt que de cibler des cas individuels à régler. Il faudrait aussi repenser la Table et l’organiser un peu plus au niveau administratif en ayant un bureau, une permanence et des employés.
« Il faut aussi que les différents organismes faisant partie de la Table s’unissent davantage face à des projets communs, ce qui n’est pas nécessairement toujours facile », dit-il. De plus, il y aurait un manque flagrant de mobilisation de participation, surtout chez les jeunes.
 
Repenser la Table
Il ne faudrait pas se gêner non plus à repenser les mandats de la Table, car ceux-ci sont peut-être un peu trop élevés face à ce que l’organisation elle-même peut se permettre de faire.
Un colloque national a eu lieu en 2000 à l’UQÀM (Nos communautés en marche) faisant suite aux États généraux de 1996 pour définir des priorités pour les différentes associations de la communauté allosexuelles. Celles-ci étaient surtout centrées sur la reconnaissance des conjoints de faits et de l’union civile à l’époque.
Les derniers États généraux des communautés LGBT du Québec que la Table à tenue en septembre dernier à Québec ont eu pour effet de remettre à jour les priorités. Pour bien affronter l’avenir, Claude Côté propose de « rediscuter la formule de la Table en recentrant le mandat qui est beaucoup trop large et en ouvrant davantage la porte aux personnes transgenres, travesties et transsexuelles à la lumière de ces États généraux. »
Personnes transgenres, travesties et transsexuelles
Aux États généraux, une proposition de reconnaissance de l’égalité juridique pour les personnes transgenres, travesties et transsexuelles a été adoptée à l’unanimité. Pour Claude Côté, il faut s’interroger sur le rôle que la communauté gaie peut jouer en appuie à cette autre communauté.
Celui-ci propose que la communauté transgenre constitue une coalition, au même titre que la Coalition québécoise pour la reconnaissance des conjoints de même sexe avec l’ensemble de la société civile encore une fois (syndicats, groupes sociaux).
Claude Côté croit qu’en se faisant des alliés, ce sera plus facile de se faire entendre car, à ses yeux, la communauté transgenre, travesti et transexuelle est très divisée, puisqu’elle confrontée à plusieurs réalités différentes.
« Une fois cette coalition mise en place, elle pourrait se fixer un seul objectif, celui de faire ajouter dans la Charte québécoise des droits et libertés, les termes « identité de genre ». En agissant de cette façon, la Commission des droits de la personne du Québec aurait des outils supplémentaires pour intervenir en cas d’abus, ce qui n’est pas nécessairement le cas présentement. »
Lutte contre l’homophobie
La Table poursuivra naturellement au cours de l’année son mandat concernant la lutte à l’homophobie.
« Un comité a été mis sur pieds visant à faire instaurer une Politique nationale de lutte contre l’homophobie. Avec le dernier remaniement ministériel à Québec, Michelle Courchesne qui était la ministre responsable du dossier a été mutée dans un autre ministère et de plus, son ancien ministère a changé de nom ce qui complique maintenant les choses » nous dit M. Côté.
Lui et Laurent McCutcheon ont récemment écrit une lettre au Premier ministre lui demandant de désigner un nouveau ministre responsable dans ce dossier. Ils n’ont toujours pas eu de réponse à ce sujet. Pour l’instant, la Table veut s’assurer que le Comité fait bien son travail et que cette Politique nationale de lutte contre l’homophobie sera mise en place.
 
Pour en savoir plus sur la Table de concertation des lesbiennes et gais du Québec, et si vous le souhaitez, devenir membre, vous pouvez visiter leur site Internet http://www.algi.qc.ca/asso/table/

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