TÉMOIGNAGE : Une amie pour la vie

TÉMOIGNAGE

AlterHéros


Si ma mémoire est bonne, tout à commencé début secondaire 5, je devais avoir 15-16 ans. En fait, si je me souviens bien je suis tombée amoureuse d’une de mes amies que je connaissais plus ou moins bien mais que j’avais fréquentée tout mon secondaire. C’était l’époque, où j’avais décidé de sortir de ma bulle et d’assumer mes idées, mes pensées et mes sentiments étant donné que durant tout mon secondaire j’étais restée « à part », à suivre mes amis sans même y penser…je voulais juste être comme tout le monde, me fondre à la masse, passer inaperçue.
J’étais tombée sous le charme de ses yeux éclatants, de ses cheveux reflétant les rayons du soleil, de son charisme à toute épreuve et de son sourire ensorcelant. C’était une sorte d’idéal pour moi. Elle rassemblait à la fois cette image de force, de persévérance et de volonté et ce côté irrésistible. Moi qui n’avais jamais réellement pensé que les femmes pouvaient m’intéresser…ou plutôt je ne m’y étais jamais attardée. Peut-être de peur de découvrir quelque chose. Ou si ça se trouve, tellement occupée à ne rien voir, à ne rien penser par moi-même, que j’étais passée à côté. Au début, quand je me suis rendue compte de mes sentiments pour elle. Je ne voulais pas y croire. Je voyais « ces gens » comme différents. Comme des gens ne faisant pas partie de mon mode de vie? En fait, tout ça me semblait si loin. Ca m’a pris 6 mois pour comprendre ce qui m’arrivait et à me décider à lui en glisser un mot. Pendant ces 6 mois, je n’en glissais mot à personne. Silence. Je ne pouvais rien dire. C’était au-dessus de mes forces. Qu’allaient penser tous ces gens? Mes parents me jugeraient-ils? M’aimeraient-ils encore autant? Mes amis comprendraient-ils ou me rejetteraient-ils? Le doute était trop gros pour que je fasse le pas. J’avais trop peur. Peur de ne pas être comprise, peur d’être rejetée. En classe, je regardais autour de moi. Je regardais tous ces élèves en ayant l’impression d’être seule. Seule.
Je me souviendrai toujours de ce jour où finalement je lui avais, à la fin d’une journée, remis une lettre cachetée lui expliquant ce que je ressentais, ne lui disant de ne la lire que rendue chez elle. Comme vous pouvez le voir, je suis plus à l’aise avec les mots qu’avec la parole. Je ne sais pas si vous imaginez la nuit que j’ai passée… le lendemain matin, j’aurais tout fait pour ne pas aller à l’école et croiser son regard. Je me rappelle ce mal de ventre qui me tenaillait comme une boule dans l’estomac prête à tout moment à exploser. Finalement, j’ai pris mon courage à deux mains et je suis allée à l’école. J’ai finalement croisé son regard… et sa main frôla la mienne pour me donner une lettre. J’étais à moitié soulagée. C’était sa réponse. Elle me disait qu’elle n’était pas sûre de bien comprendre. Qu’elle était surprise de ces deux nouvelles. Elle disait aussi qu’elle était flattée mais qu’elle préférait les gars. Suite à ces deux lettres, on a continué à correspondre tout le reste de l’année à propos de tout et de rien. C’est bizarre, mais depuis ce jour, nous sommes devenues « amies pour la vie ». C’est elle qui m’a aidée à travers mon acceptation. C’est elle qui m’a donné le courage de faire face aux réactions de mes parents et de mes amies qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Ça m’a pris près de 2 ans à me délivrer de cet amour qui persistait et me faisait souffrir. Mais aujourd’hui, je peux dire que je l’adore et que c’est une amie et une femme géniale!
Mon dieu, j’ai tellement de choses à dire mais il va bien falloir que j’arrête un jour! Quand je suis arrivée au cégep, je restais réticente à l’idée de le dire mais avec l’aide de mes amis, de leurs visions, de mes expériences… j’ai pris confiance. Et aujourd’hui je peux dire à quiconque que je suis fière de préférer la gente féminine!
FleuRaNG

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