Que puis-je faire avec mon pénis pour réduire mes envies de masturbation et ainsi diminuer ma dysphorie?
Hello,
Je vais vous raconter une histoire …
J’avais pris l’habitude de regarder un peu de porno (orienté masturbation) et avant d’aller dormir un peu de masturbation edging.
Arrive le week–end pascal (easter) et décide par tradition ou par principe de faire jeune de porno et de masturbation.
C’est une idée que j’aimais bien.
Sauf que j’ai quasiment regardé du porno tout les jours, ce qui est dommage.
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Imaginez-vous un samedi, vous écoutez une musique, cela vous donne envie de faire un petit script bash (je suis informaticien) pour une sauvegarde et vous commencez à faire le programme, mais vous avez une pensée sur un truc (lié au boulot, …), vous avez un petit stress et la seul solution que vous avez, c’est d’aller voir du porn.
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Une soirée à écouter de la musique, à faire un peu de développement… “gâché” par ce besoin constant de porn..
Donc, remise en question.
=> je repart sur mon questionnements “suis-je asexuel ?”…
Etant donné que ma relation avec mon pénis est tellement compliquée qu’a force de lecture, je suis arrivé sur l’idée d’être agenre… puis, j’ai glissé sur neutrois qui à réveillé ma “dysphorie de genre” .
Donc la question que je me pose depuis un moment : que puis-je faire avec mon pénis, comment l’utilisez ou à contrario que faire pour qu’il ne soit pas aussi présent en terme de préoccupation ou je vais dire l’oublier, mais l’oublier dans le sens, le considérer comme une partie de mon corps au même titre que le reste.
Merci d’avance pour votre aide.
Stéphane
Salut Stéphane!
Ravi.e d’avoir de tes nouvelles. C’est Maxime qui te répond cette fois-ci. 🙂 Je m’excuse d’avance si je répète des éléments que j’ai déjà abordés avec toi, ma mémoire est loin d’être infaillible haha.
Pour revenir sur ton histoire, ça peut être difficile de tracer la ligne entre une activité qui nous plaît, une habitude quotidienne et un besoin qui nous obnubile. Tu n’as pas atteint ton objectif de ne pas regarder de porno de la grande fin de semaine, mais tu n’en as pas regardé tous les jours non plus. Je trouve que c’est un succès acceptable, pas toi? Ce qui ressort pour moi dans ton anecdote, c’est que tu dis qu’il s’agit de ta seule solution pour gérer le stress, ce qui me rappelle un peu ta dépendance passée à la pornographie. Est-ce qu’il serait efficace de faire une liste d’activités et d’alternatives de self-care qui te calment? Changer ses habitudes prend du temps et des efforts, c’est sûr. Mais améliorer sa tolérance au stress est une compétence qui se développe, tout comme l’informatique!
Agenre, et plus spécifiquement neutrois, sont des identités de genre qui rejoignent ton vécu et ton ressenti, félicitation de les avoir trouvés et assimilés! Ces réflexions te font aussi prendre conscience de ta dysphorie de genre, que tu associes à ton pénis. La dysphorie corporelle est une expérience assez répandue chez les personnes de la diversité de genres et je comprends que c’est vraiment incommodant par moments. Je peux te donner quelques pistes pour mieux vivre avec ce sentiment lorsqu’il se présente.
Mon collègue Séré fait la différence entre dysphorie sociale et physique dans une autre réponse :
La dysphorie physique est quand je me sens mal par rapport à une caractéristique de mon corps, quand je suis chez moi, seul. Pour moi, la plus grande source de dysphorie physique que j’éprouve est liée au fait de ne pas avoir de pénis.
Dans ton cas, c’est plutôt l’inverse. As-tu déjà entendu parler du gender gear, ou accessoires affirmatifs de genre? Il existe certains sous-vêtements pour camoufler l’apparence du pénis, des gaffs, de même des soutiens-gorges et des hip pads conçus pour donner une poitrine et une silhouette plus voluptueuse.
Iel propose aussi une autre stratégie :
Un autre truc que j’ai est de porter attention aux détails que j’aime de mon corps et qui me font sentir bien. Ça peut être difficile dans un contexte où on sent que notre corps est « contre » nous, mais ça se pratique. Par exemple, j’aime bien mes jambes et mes yeux, et à force de me le répéter j’ai tendance à ne plus remarquer ces parties de mon corps que j’aime et à moins remarquer celles qui me dérangent.
Il est possible de se rappeler des parties de nos corps que l’on trouve belles ou encore d’opter pour une vision plus neutre et de penser notre corps comme outil qui nous permet d’accomplir certaines choses.
Une deuxième option qui est utilisée par certaines personnes est l’hormonothérapie. Il y différents effets possibles, selon ce que tu partages les effets possibles suivants allumeront peut-être ton intérêt :
- Diminution de la libido, en général juste temporaire le temps que le corps s’adapte aux œstrogènes.
- Les érections deviennent plus difficiles à obtenir et à maintenir, disparition des érections spontanées.
- Diminution de la taille des testicules et du pénis. Ce dernier peut en partie s’assombrir par endroit.
Évidemment, cette avenue nécessite beaucoup de patience pour l’obtention d’une prescription puis l’atteinte des résultats. C’est plutôt une solution à moyen-long terme, et rien ne t’oblige non plus si tu n’en as pas envie. En attendant, il y a quand même plusieurs choses que tu peux faire.
Cet article de WikiTrans offre quelques idées, tant pour la prévention que l’action directe contre la dysphorie. Il peut s’agir de s’entourer d’ami.e.s ou d’une communauté accueillant.e.s et compréhensif.ve.s avec qui l’on peut discuter ou faire des activités, découvrir des modèles inspirants de personnes comme nous, ou faire certaines activités physiques, intellectuelles ou créatives. Le sport, l’exercice physique, le dessin, la lecture, l’écriture, le journaling sont des gestes qui peuvent nous débarrasser de nos pensées inconfortables ou violentes. Tu appelles la musique et le travail dans ton message, c’est exactement le genre de choses qui peuvent nous distraire de la dysphorie à l’occasion.
Un blogue (en anglais malheureusement) que j’aime bien recense divers conseils plus précis pour la dysphorie et la sexualité/masturbation. Des portes qui s’ouvrent à toi pourraient être d’y aller doucement, de trouver un environnement relaxant, comme en prenant un bain et allumant des chandelles, d’explorer ton corps et ses différentes zones érogènes (anus, prostate, mamelons, etc.). Tu pourrais raser certaines parties de ton corps, porter des vêtements, des accessoires ou de la lingerie dans lesquel.les. tu te sens affirmé.e et confortable. Un autre conseil intéressant pourrait être de trouver d’autres noms ou surnoms neutres ou féminins pour tes organes génitaux, juste à titre indicatif cela pourrait être : clitoris, clito, clit, dicklit, vulve, pubis, chatte, minou, noune, cunt, zizette, etc. Sois créatif.ve! Je te laisse tout de même les liens du blogue si tu veux utiliser google traduction :
- Masturbation, Relationships, and Sex: A Guide for Trans and Gender Variant People
- Chrissi’s guide to coping with dysphoria – After dark.
- Submission: An Alternate Masturbation Technique for Trans Women
Un dernier article bien utile (encore en anglais) sur la dysphorie corporelle et comment la combattre a des citations que je trouve assez inspirantes. Au niveau de l’intimité et de l’érotisme, l’auteur.ice convient d’écouter ses désirs et son plaisir tout en respectant ses limites. Si tu n’aimes pas toucher ou te faire toucher à certains endroits, tu as le droit. Si ton corps ou tes actions te déclenchent de fortes émotions négatives, tu peux prendre une pause et te détendre. Mais c’est la phrase suivante que j’aimerais te traduire :
Répondre à vos besoins sexuels peut être un acte puissant d’amour-propre radical, et l’expression de soi érotique peut être une affirmation profonde de l’identité de genre. Je ne pense pas qu’il y ait un moment où je ressens la plénitude de mon sexe plus fortement que lorsque j’ai des relations sexuelles. Des caractéristiques qui sont par ailleurs étouffées ont une chance de s’épanouir, et la véritable étendue de mon identité de genre me semble libre de se manifester.
Juste une dernière chose que j’aimerais te montrer (promis) : d’un point de vue anatomique dans l’ensemble les organes génitaux possèdent des structures et des fonctions très très similaires. Malgré certaines différences morphologiques entre pénis et clitoris, vulve et scrotum, testicules et ovaires, et la grande diversité entre chaque individu, fondamentalement, à l’origine il s’agit des mêmes choses.
Voilà! En espérant que tout cela t’aide un peu avec ce que tu vis ces temps-ci. Continue de nous écrire si l’envie te vient. 🙂
Bien cordialement,
Maxime, intervenant.e pour AlterHéros
Iel/they/them, accords neutres