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24 juillet 2006

Quand le corps trahit qui nous sommes...

Du plus loin que je me souvienne, on m’a toujours considéré comme un garçon manqué; âgé de deux ans, j’aimais bien faire rouler mes petites voitures que l’on pouvait avoir dans les fast foods avoisinants; une bonne partie de mon enfance, je l’ai passée à jouer à la guerre…

AlterHéros

Je ne sais trop comment débuter ce texte… Pourquoi ne pas partir du début… si début il ya ? Du plus loin que je me souvienne, on m’a toujours considéré comme un garçon manqué; âgé de deux ans, j’aimais bien faire rouler mes petites voitures que l’on pouvait avoir dans les fast foods avoisinants; une bonne partie de mon enfance, je l’ai passée à jouer à la guerre (ou à un quelconque jeu du même style que je ne saurais comment qualifier…) et à jouer à mes éternels jeux vidéo avec des copains; lorsque je suis entré à l’école secondaire, tout ce qui me venait en tête, c’était de déconner dans les corridors de l’école, lancer des avions en papier (ou pleins d’autres trucs aussi "matures") et j’avais une certaine attirance pour les filles en général.

À cette époque de mon adolescence, je me croyais lesbienne, mais en même temps, je savais que ce n’était pas tout à fait le cas. Bien entendu, je ne pouvais identifier ce petit "quelque chose". Et tout le monde sait à quel point, à l’adolescence, se mêler à la masse est une chose primordiale! Puisque j’étais timide, les choses demeurèrent stables pendant une longue durée de temps tout en me rongeant de l’intérieur. Je savais que j’étais différent de mes collègues de classe et par conséquent, je me suis isolé longtemps pour éviter que les autres le sachent (premier réflexe de l’être humain pour cacher ce qui lui pèse sur la conscience par impression que tout le monde est au courant sauf la personne elle-même).

Deux ou trois années s’écoulèrent. Durant cette période de temps, je me suis fait un bon nombre d’amis et j’ai acquis plus d’assurance face aux autres ce qui me permit de débloquer. Mes amis étaient, pour la plupart, des filles (par pur hasard) de mon âge, parfois à peine plus vieilles. Je crois qu’en me tenant avec elles, cela m’a permis "d’étudier" les comportements typiques des filles de mon âge: maquillage, discussions sur les acteurs ou les pétards de l’école, magasinage, etc. Souvent, il arrivait que je me fasse interroger sur mon intérêt pour tel acteur. Je distinguais leur "intérêt" qui voulait dire: cute ou non, et mon intérêt qui s’avérait être plutôt: je veux lui ressembler ou non. D’autres fois, on commentait ma tenue vestimentaire (qui était passé en dedans de trois ans de la jeune fille "tomboy" à la fille presque aussi masculine que son frère de 19 ans). On me disait souvent que cela m’avantagerait si je montrais plus mes formes au lieu de les camoufler derrière du linge trop grand ou autres… Je les laissais dire, étant donné que je me sentais à mon aise dans ces vêtements. En fait, il m’arrivait de fouiller dans les trucs de mon père pour m’habiller parce que mes vêtements étaient trop féminins à mon goût.

En revanche, lorsque j’étais avec mes amis de gars (et mon chum), je me sentais plus à l’aise étant donné qu’il n’était pas question de parler du look adopté par chacun… Ils me considéraient comme l’un (l’une) des leurs et je dois admettre que je me trouvais tout à fait comme eux (à un point tel que je me comparais parfois même à eux). Nul doute que mes amies de filles me considéraient également comme l’une des leurs, mais je me sentais vraiment trop différent d’elle. Quand l’on dit l’expression "ne pas fitter", c’était le cas de le dire!

Ceci dit, c’est un peu plus tard que la différence s’est réellement démarquée. Je me rappelle d’un professeur qui était particulièrement galant. Cela me gênait tellement lorsqu’il m’interpellait à son bureau avec le "mademoiselle" avant mon nom… (peut-être était-ce parce qu’il était galant comparé aux autres profs, je l’ignore). Cette marque de politesse, pourtant tout à fait naturelle, me faisait un pincement au coeur incompréhensible. Il en était également de même quand ma mère me lançait des noms quétaines que les parents donnent habituellement à leurs enfants. Au début, je n’en tenais pas compte, mais à la longue, je me suis aperçu que je ne me sentais pas du tout comme une fille. Je n’avais l’air de rien comme ça, mais en dedans, je voulais être aussi fort que les gars de mon entourage, je voulais être aussi viril qu’eux et je voulais qu’on cesse de croire que j’étais une fille. Dans ma tête, c’était clair. La phrase suivante revenait continuellement dans mon esprit :"J’aurais dû être un gars…" J’étais transsexuel et je commençais à m’en rendre compte!

J’ai donc dit à ma mère cette phrase qui me hantait comme une chanson que l’on a en tête. Sa réaction : une crise de larmes. Mon frère était tout près et entendit tout. Sur le coup, il a éclaté de rire, mais il a vite fait de se calmer, voyant que c’était sérieux. Ma mère aussi d’ailleurs, bien que ça lui a pris plus de temps avant de l’accepter. Voyant que la réaction de ma famille proche était plutôt positive, je me suis confié à ma meilleure amie. Je ne sais pas encore si elle a bien saisi que j’étais transsexuel, mais au moins, elle a l’air de bien le prendre… je crois. Cela nous a même rapprochés. Il en a été de même pour mon conjoint avec qui, je crois, j’ai été un peu distant le temps que je me décide à lui avouer.

Par contre, j’ai vite fait de me taire à ce sujet lorsque je me suis confié à l’une de mes collègues du cégep qui, je pensais, allait garder cela pour elle. Grossière erreur! Depuis ce temps-là, chaque fois que j’essaie de faire connaissance avec quelqu’un, elle arrive, mine de rien, et, un moment donné, dans la discussion, elle lance comme ça :"Tu sais, X, au risque de te traumatiser, c’est une fille!" et donc, je passe pour la "fille qui ressemble à un gars". Du moins, c’est comme ça qu’on m’appelle à l’école. C’est génial… J’essaie de les oublier, mais quand tu t’es fait écoeurer tout ton secondaire à cause d’une attitude dite "masculine", ça devient agressant. J’hésite encore à m’ouvrir aux autres à ce sujet suite à ces fâcheux incidents… Espérons que je me déniaise rapidement!

Ça y est! Je crois que je vais arrêter ça là. De toute façon, je crois avoir tout dit l’important. Alors, merci à ceux qui m’ont lu! J’espère en avoir éclairé quelques-un(e)s ou au moins, j’espère que cela en aurait fait réfléchir quelques-un(e)s…

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