Bonjour Jessica,

D’abord, merci de faire confiance à Alterhéros en nous demandant de l’aide. Ça doit te demander beaucoup de courage et je veux que tu saches que nous prenons ta situation au sérieux. Je vais faire de mon mieux pour tenter d’éclairer la situation avec toi et je vais ensuite te proposer des ressources, si ça te convient.

Juste pour résumer la situation, si je comprends bien, tu souhaiterais mettre fin à la relation avec ton conjoint, mais ses réactions violentes et ses menaces fréquentes te font craindre de passer à l’action. Il te fait culpabiliser pour ton fils, mentionnant que de le quitter reviendrait à abandonner ton fils, ce qui semble très difficile à vivre pour toi. Tu mentionnes aussi qu’il est assez contrôlant, t’empêchant de voir tes amis et ta famille et te poussant à faire ce qu’il veut. 

Je veux te rassurer tout de suite. C’est plus que normal que tu aies peur dans cette situation. Tu te sens menacée et coupable. Mais c’est aussi précisément les émotions qu’une personne qui veut avoir du contrôle sur toi veut que tu ressentes. Quand je te lis, j’ai l’impression que tu vis de la manipulation. Penses-tu que ce terme-là ferait du sens avec ton expérience? La manipulation se caractérise par des comportements visant à contrôler quelqu’un, ce qui inclut faire l’autre se sentir coupable, se victimiser, déformer la réalité (et les faits), semer la confusion. Tout ça peut donner l’impression de perdre la tête et mener au sentiment d’être complètement perdu. Si ça te parle, je te mets la ressource suivante dans laquelle tu pourras mieux comprendre ce qui se cache derrière la manipulation et comment la repérer. 

J’entends que c’est assez difficile de voir tes proches car ton conjoint t’en empêche. Je ne veux pas assumer donc je préfère te poser la question : est-ce qu’il y a des gens proches de toi qui sont au courant de la situation? Si non, est-ce qu’il y a une personne en qui tu as confiance avec qui tu sens que tu pourrais aborder le sujet et à qui tu sens que tu pourrais demander de l’aide? Penses-tu que ce serait faisable pour toi de le faire? Puisque c’est dur aussi de voir tes proches en raison du contrôle de ton conjoint, est-ce qu’il y a des moments (dans la semaine ou dans la journée) ou des circonstances qui sont plus propices à ce que tu ailles voir quelqu’un? Je ne sais pas si ça aurait du sens pour toi, mais j’aurais l’impression que ça pourrait t’aider d’aller te chercher un·e allié·e, quelqu’un qui va te soutenir là-dedans. 

J’imagine que ce doit être difficile pour toi d’en parler, surtout avec la culpabilité que te fait sentir ton conjoint par rapport à ton fils. Je voudrais te demander ce que tu en penses, toi, de ça. Penses-tu que de partir reviendrait à abandonner ton fils? Et si une amie te racontait vivre cette situation, que son conjoint est violent et qu’elle n’en peut vraiment plus de vivre ça (avec raison!), aurais-tu l’impression qu’elle abandonne son enfant en quittant son conjoint? Et si c’était toi l’enfant dont le papa est violent avec la maman, de quoi aurais-tu besoin? 

Je vais t’amener dans ma tête. Je t’ai posé ces questions parce que tu n’as pas à rester dans une situation de violence. Personne n’a à tolérer de la violence, jamais, en aucune circonstance et pour aucune raison. Parce qu’il n’y a aucune raison valide pour justifier la violence. Aussi, ton fils a besoin d’un endroit sans violence, tu ne penses pas? Partir ne reviendra pas à abandonner ton fils, Jessica, peu importe ce qu’il pourra te faire croire et peu importe à quel point une partie de toi n’arrivera pas à ne pas y croire. 

Pour terminer, je voudrais te suggérer, en plus d’essayer de contacter quelqu’un dans tes proches en qui tu as confiance, d’essayer de voir pour un organisme communautaire. Plusieurs organismes existent pour aider les personnes qui vivent de la violence conjugale. Puisqu’Alterhéros est basé au Québec, je connais moins les organismes en France. Néanmoins, je t’inviterais à, soit contacter Violence Femme Info au 3919 (anonyme et gratuit), ou à voir un organisme qui est dans ton coin, tu peux en trouver sur ce lien. Ces organismes proposent différentes sortes d’aide (dépendamment), parfois de l’écoute, des suivis ou même de l’hébergement au besoin.

J’espère avoir pu t’aider un peu. N’hésite pas à nous écrire à nouveau. 

Élio (il/lui)