Je vais travaille dans une école secondaire, comment faire mon coming out trans à la direction?
Bonjour a vous.
Je commence un emploi dans une nouvelle école secondaire et j’aimerais pouvoir me presenter a mes élèves en tant qu’Axel directement plutôt que de devoir faire un coming out étant donné le type de clientèle avec laquelle je vais travailler. Pour cela il faudrait que j’en parle avec la direction puisque je rencontre mes jeunes un peu avant la rentrée. Avez-vous des conseils pour aborder le sujet et faire mon coming out auprès de la direction?
Merci 🙂
Axel
Bonjour Axel,
Merci de nous écrire. Tu aimerais faire ton coming out trans à la direction de l’école ou tu vas commencer à travailler cet automne (j’imagine comme enseignant·e ou suppléant·e?) et tu aimerais avoir une petite idée de comment t’y prendre.
Déjà, je crois que tu fais bien de vouloir amener le sujet à la direction. Leurs réactions risquent de dépendre de leur degré d’ouverture et de connaissance des enjeux trans. Idéalement, j’aimerais croire que cela devrait bien se passer étant donné qu’iels travaillent auprès de jeunes, et qu’iels devraient donc être sensibilisé·e·s, mais la réalité n’est pas toujours ainsi. Si tu découvres que ton milieu est malheureusement moins qu’inclusif ça pourrait être une bonne opportunité de s’impliquer pour changer les choses (si tu as le temps et l’énergie de le faire évidemment). Même si tu te retrouves à être læ premier·ère à ouvrir le sujet, tu n’es certainement pas la première personne trans à travailler ou à étudier là, tu ne sera pas læ dernier·ère.
Reste qu’il est de leur responsabilité, légale et morale, de t’offrir un environnement de travail un minimum sain et sécuritaire. Si l’école possède un code de vie, des règles de conduite ou quoi que ce soit de similaire tu pourrais les consulter en t’en inspirer lors de ta préparation.
En cherchant rapidement, j’ai pu trouver ce sympathique petit guide du coming out à l’intention du personnel scolaire. Il semble davantage axé sur les coming out d’orientation sexuelle que d’identité de genre, mais deux sections semblent utiles :
Conditions gagnantes (liste non exhaustive)
Environnement
Quelle est l’ouverture de la direction? Existe-t-il une politique interne? Y a-t-il un historique de coming out dans l’établissement? Le sujet est-il discuté ouvertement dans l’école par l’entremise d’un organisme communautaire extérieur (GRIS Montréal, par exemple), ou par la présence de familles homoparentales au sein de la communauté scolaire?
Statut professionnel
Ma situation est-elle précaire? Ai-je ma permanence? Suis-je déjà dans une situation de vulnérabilité?
Expérience
Suis-je solide dans ma gestion de classe? Ma crédibilité est-elle établie?
Filet de sécurité
Ai-je le soutien de mes collègues (avant et après)? Y a-t-il des alliées et alliés non LGBT dans mon milieu?
Niveau de coming out désiré
Quelques collègues uniquement? Tout le personnel? La direction? Les élèves?
Âge des enfants, type de population scolaire
Primaire, secondaire, enfants à besoins particuliers? Le milieu semble-t-il ouvert à la diversité de façon générale?
Une préparation nécessaire
Normalisation
La majorité des enseignants qui avaient choisi de révéler leur orientation sexuelle à leurs élèves l’avaient fait en partageant une tranche de vie (exemple : « cette fin de semaine, avec mon chum, nous sommes allés visiter tel musée. »). Certains avaient profité de la visite du GRIS-Montréal pour en discuter avec leurs élèves. Enfin, une minorité d’entre eux avaient choisi d’en faire une activité en soi, souvent dans le cadre d’une journée spéciale, comme la Journée du coming out (le 11 octobre) ou la Journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie (le 17 mai). Toutes et tous s’entendaient sur le fait qu’il fallait normaliser leur situation de couple ou de famille en en parlant aussi naturellement que leurs collègues hétérosexuels le font.
Passer par les questions des jeunes
Parmi les enseignants qui avaient eu ces conversations avec leurs élèves, plusieurs attendaient qu’ une question propice se présente (Êtes-vous marié? Avez-vous des enfants? Qu’avez-vous fait pendant les vacances, etc.).
Exemples de matières scolaires
Certains enseignants et enseignantes de français, d’éthique et culture religieuse, ou encore d’univers social, profitaient de l’introduction d’une matière particulière afin d’aborder le sujet de la diversité sexuelle.
Les enseignantes et enseignants qui avaient fait leur coming out rapportaient plusieurs conséquences auxquelles il est sage de se préparer. Compte tenu du manque de modèles, la présence d’une enseignante ou d’un enseignement ouvertement LGB dirige les élèves curieux ou en questionnement dans leur direction. Il faut donc être prêt à accueillir les questions des jeunes et à l’éventualité de leur propre coming out, mais aussi à gérer les réactions de parents.
Peut-être que ces pistes de réflexion t’aideront à cibler les informations que tu veux partager, l’auditoire et le contexte dans lequel tu seras le plus confortable. Il n’y a pas nécessairement de bonne ou de mauvaise façon de formuler ton parcours et tes attentes, mon seul conseil serait de le faire à ta façon et de te renseigner sur les préjugés les plus communs pour pouvoir y répondre aisément et instinctivement.
Je sais que la Coalition des familles LGBTQ+ a une impressionnante banque de ressources concernant la diversité sexuelle et de genre pour intervenant·e·s, éducateur·trice·s et administrateur·trices. En voici quelque unes qui pourrait être pertinentes pour toi :
- Mesures d’ouverture et de soutien envers les jeunes trans et les jeunes non binaires : Guide pour les établissements d’enseignement
- Mesures de soutien et d’inclusion des personnes trans et des personnes non binaires en milieu de travail : Guide pour les employeurs et les syndicats
- Intégrer les personnes trans en milieu du travail
- 20 idées pour des écoles ouvertes à la diversité sexuelle et de genre
- Comment instaurer des politiques non-discriminatoires et inclusives
La coalition des familles LBTQ+ et Interligne offrent aussi des formations dans les écoles si jamais ça peut intéresser tes collègues!
Pour les élèves, iels vont probablement juste utiliser le nom que tu leur donnes. Si tu aimerais parler des pronoms, d’accords et de titres genrés lors de ton premier cours, ou même une activité en classe, ça pourrait être très enrichissant (et amusant!)
En tout cas, je trouve ça très encourageant de voir que de plus en plus de personnes travaillant auprès des jeunes arrivent à exprimer ouvertement et authentiquement qui iels sont. Ça me donne de l’espoir 🙂
Hésite pas si tu as d’autres questions ou pour nous dire comment ça se passe!
Bonne fin d’après-midi,
Maxime, intervenant·e pour AlterHéros
Iel/they/them, accords neutres