Je pense être trans malgré l'analyse de mes psy
Bonjour à toustes, je suis donc un gay AMAB. Je vais essayer d’être le plus concis possible.
J’ai toujours eu des difficultés à accepter mon homosexualité. Je suis en couple depuis 4 ans et j’utilise politiquement le terme queer pour me définir et créer des collages homoérotiques/queer mais je pense que je ne suis pas encore 100% à l’aise avec certains aspects de mes préférences sexuelles. Par exemple, je me rappelle que par le passé j’avais un peu de honte à ce que les gens savent que je suis passif dans les relations sérielles.
Je m’autorise à parler librement ici, mais j’espère vraiment ne pas offenser les personnes transgenres.
Mon thème a commencé il y a environ 7 ans. Quand c’est arrivé, j’étais en dépression après une relation toxique avec mon ex, ma première vraie relation avec un homme qui avait une grande emprise sur moi. Je fumais énormément de shit/weed et prenais occasionnellement des drogues en soirée.
Au moment de cette « première crise » je venais de stopper les drogues et de rentrer chez mes parents le temps de me remettre psychologiquement de ma rupture avec mon ex toxique. Je regardais un court métrage intitulé « pretty boy ». Il y a un personnage féminin très fort dans ce film. Et je me suis demandé pourquoi je m’identifiais plus aux femmes ? Que depuis petit j’aimais les choses dites féminines ? Que j’étais mal à l’aise avec la masculinité traditionnelle ?
Après ce court-métrage, j’ai eu l’impression que tout s’écroulait et que je ne savais plus qui j’étais. J’ai ressenti une profonde anxiété, comme si tout s’effondrait autour de moi et j’ai eu envie de mourir. J’ai commencé à repasser toute ma vie par le prisme de la transidentité justifiant mes choix, mes goûts, mes attirances et cela ne faisait qu’augmenter mon état de panique.
J’’ai commencé un traitement après cela (médicaments et psychologue).
J’ai eu une psy pendant des années, elle avait des patients trans et elle m’a dit après des années de suivi, elle était convaincue qu’il ne s’agissait que de pensées et que le « problème » était que je n’acceptais pas vraiment le fait que « je suis un homme aimant les hommes ». Ce n’est pas ce qu’elle a dit, mais c’est l’idée qu’elle s’en fait.
Pour le contexte, j’ai fait mon coming out assez « tard », vers mes 21 ans. J’ai eu du mal à l’accepter. J’ai longtemps essayer de de me dire que je pouvais être hétérosexuel. J’ai essayé les filles mais je sentais que ce n’était pas mon truc.
J’ai une grande confiance dans cette psy mais je ne peux m’empêcher de me dire qu’elle se trompe peut être, qu’on essaie de convaincre que je suis cis alors que je le suis pas ou que je vis de la transphobie intériorisée comme je vivais/vis de l’homophobie intériorisée.
Aujourd’hui, je commence une nouvelle thérapie (EMDR) pour traiter mes traumatismes liés au harcèlement que j’ai vécu à l’école, les insultes, et mes relations passées compliquées. Nous allons d’abord commencé par les teaumas de mon enfance liés au bullying et ma honte ressentie d’aimer « les trucs de filles »pour essayer de me donner confiance et apaisé de fait les pensées actuelles.
J’ai pris cette décision de tenter une nouvelle thérapie avec ma psy précédente parce que je n’arrive pas à me débarrasser complètement de mes pensées et de mes doutes sur mon identité.
Je pense que l’EMDR m’aidera à améliorer ma santé mentale en général. C’est cette thérapeute EMDR qui m’a parlé des TOC. Elle est safe et queer friendly.
Le cœur du problème est la peur de me mentir, de mentir à mon petit ami, le doute perpétuel sur mon identité et les ruminations 24/7. Le problème, c’est que je veux être à 100 % et que, pour cela, je consulte encore et encore des sites Internet ou des subreddit (r/transOCD) lorsque je me sens mal.
Pendant les phases où je me sens mieux, les questions sont moins présentes. Je me dis « ok, je suis juste un mec gay ». Mais pourquoi je ne peux pas arrêter de douter quand je vais mal ? Cela fait des mois que c’est revenu alors que l’été dernier j’allais mieux.
Je suis désespéré en ce moment parce que je ne peux pas m’empêcher de douter et je sais qu’écrire ici n’est pas la meilleure idée car il s’agit sûrement de réassurance. Mais j’espère que quelqu’un aura les mots pour me répondre.
Salut FJL,
Merci de faire confiance à l’équipe d’AlterHéros avec ta question. Je m’excuse sincèrement pour le délai de réponse.
C’est immense ce que tu traverses, et tu as déjà accompli beaucoup de chemin en osant en parler, en consultant, en mettant des mots sur tes ressentis et tes doutes.
Ce que tu vis ressemble à ce qu’on appelle parfois un TROCD (trouble obsessionnel-compulsif à thématique identitaire ou orientation sexuelle / genre). Ce n’est pas un diagnostic que je pose ici, sachant que je suis professionnelle en sexologie et non en santé mentale, mais ce que tu décris (ruminations persistantes, recherches compulsives en ligne, phases d’accalmie suivies de pics de doute, peur de mentir ou de se mentir) en porte les marques.
Tu sais déjà que consulter les forums ou Reddit en boucle t’apporte un soulagement temporaire, mais relance la spirale de doute. Et le fait que les questions se calment lorsque ton état général s’améliore est un indice très clair que ces pensées sont en lien direct avec ta vulnérabilité émotionnelle, ton anxiété et tes traumas passés comme l’intimidation, l’homophobie intériorisée, la honte autour de ta féminité, etc.
Tu as raison de penser que l’EMDR pourrait être très aidant. Le travail sur le trauma peut t’aider à te reconnecter à un espace intérieur plus calme, plus solide, à partir duquel tu pourras te réapproprier ton vécu sans la violence du doute obsessionnel.
Et pour ce qui est du genre ou de l’orientation, ce que tu ressens n’a pas besoin d’être 100 % clair à chaque instant pour être valide. Ce n’est pas grave de ne pas avoir tout compris tout de suite.
La honte autour de la passivité, de la féminité, de l’expression queer dans un corps AMAB, c’est aussi un poids que beaucoup de personnes vivent. Mais ce n’est pas un signe que tu n’es pas ce que tu crois être. C’est un signe que tu vis dans une société où certaines formes de masculinité sont violentes, restrictives, humiliantes et qu’en sortir demande du temps et du courage.
En lien avec ton copain, ce n’est pas un mensonge de traverser des zones de flou. Tu ne peux pas donner les réponses que tu n’as pas encore.
Avec assez de temps et en respectant ton rythme, tu sauras trouver ce qui te convient.
N’hésite pas à nous réécrire,
Mélo, intervenante sociale pour AlterHéros