Je ne sais pas si je suis réellement bisexuelle plutôt que lesbienne, puisque j'ai des sentiments amoureux envers les deux sexes...
Bonjour,
J’ai une question concernant mon orientation sexuel.
Je suis en couple depuis 4 ans avec mon copain. Je suis amoureuse de lui. Lorsque l’on fait l’amour, je n’ai souvent pas envie qu’il fasse quelquonc préliminaires avec moi. Pas parce que par le passé ce n’était pas bon (et je lui communique ce que j’aime et n’aime pas), je n’ai simplement pas envie.
Lorsque je me masturbe, je pense à des filles qui me font des préliminaires et ça m’excite.
D’ailleurs, ça m’excite plus que si je pensais à un gars. Un gars ça me vient pas me chercher.
Le truc c’est que j’aime la pénétration avec lui lorsqu’on fait l’amour si je me touche avant. Un pattern qui se répète au travers de toute les relation hétérosexuelle que j’ai eu.
Ça fait 4 années que nous sommes ensemble et nous avant énormément d’amour l’un pour l’autre, nous sommes amoureux et ce sentiment ne change rien à ça.
Aussi, j’ai 22 ans, et j’ai eu des relations sexuelle avec des filles avant que j’ai bien aimé, mais rien qui a durée ou de sérieux et je n’ai jamais couché avec une fille sans que je sois elle qui fasse les préliminaires. Je suis convaincu que d’avoir une relation sexuelle douce et gentille ou la distribution des préliminaires est mutuelle m’allumerait vraiiiiiment beaucoup.
Sachant cela, je suis jeune, mais j’aime mon copain plus que tout ( il est d’ailleurs au courant de ce dilemme), mais j’ai un côté de ma sexualité que je ne comprends pas et que si je ne découvre pas, je vais le regretter toute ma vie. D’un autre côté, je suis belle et bien amoureuse de mon copain et le perdre n’est absolument pas une solution viable.
En gros, je ne sais pas si je suis réellement bisexuelle plutôt que lesbienne mais capable de développer des sentiments romantiques avec les deux sexes? (Je me vois très bien être en amour autant avec une fille qu’un gars)
Merci beaucoup de votre attention et de votre merveilleux travail
C’est difficile de vivre avec la culpabilité d’avoir ses sentiments alors que tu aimes d’amour fou ton copain. Heureusement, il est très compréhensif et un soutien important
Bibitte
Salut Bibitte!
Merci vraiment de nous avoir écrit! Tu te poses des questions très importantes et tu fais preuve de bonnes compétences d’analyse et d’introspection dans ton message. Il me ferait plaisir de t’accompagner dans tes réflexions.
Pour résumer, si j’ai bien compris, tu aimerais mieux comprendre ta sexualité et tes attirances en termes de personnes, de pratiques et de relations. Les identités bisexuelle ou lesbienne et biromantique te viennent à l’esprit, mais tu hésites tout de même. C’est aussi important pour toi de nommer la présence et le soutien actif de ton copain et la belle relation saine que tu entretiens avec lui depuis 4 ans.
Tout d’abord j’aimerais te rassurer que c’est tout à fait correct de te poser des questions sur ton identité, de ressentir des sentiments en lien avec ça et même d’avoir de l’attirance et des fantasmes pour d’autres personnes que ton amoureux. C’est sain et positif d’explorer ses préférences et ce qui nous “allume”, il n’y a vraiment pas de culpabilité ou de honte à avoir avec cela, plein d’autres gens le font qu’iels soient en couple ou pas.
J’aimerais commencer avec quelques bases générales. Tu sembles déjà plutôt au courant, mais juste au cas où. L’orientation sexuelle est l’attirance physique/sexuelle que l’on ressent envers un, plusieurs ou aucun genre·s. Elle peut être différente de l’orientation romantique qui représente notre désir d’avoir des relations romantique/intimes avec les gens d’un, de plusieurs ou d’aucun genre·s. Il y a d’autres types d’attirance (émotionnelle, intellectuelle, esthétique) mais elles ne sont pas (encore?) des orientations à proprement parler. Pour aller plus loin, on peut considérer que l’orientation sexuelle/romantique est formée des attirances ou fantasmes, oui, mais également des comportements et de l’auto-identification. Ces trois caractéristiques ne sont pas toujours alignées parfaitement non plus, il est donc possible d’être bisexuel·le et de n’avoir aucune expérience avec des garçons, ou de s’identifier surtout comme gay et d’avoir déjà ressenti de l’attirance pour plusieurs genres, par exemple. Tu me suis jusqu’ici?
Ensuite j’aimerais te parler de fluidité sexuelle. Beaucoup de personnes, particulièrement les femmes et les adolescent·e·s, ont des attirances, des comportements et/ou une auto-identification qui change à travers le temps et/ou les contextes. Pour reprendre un exemple que j’ai déjà utilisé dans une autre réponse :
Lisa Diamond, une chercheuse américaine, a fait une étude auprès de 100 femmes, la plupart provenant de la communauté LGBTQ+ et les a suivies pendant 10 ans. Au départ, sur les 43 participantes lesbiennes, seulement 3 femmes avaient rapporté une attirance uniquement et exclusivement envers d’autres femmes, et 17 femmes à n’importe quel moment dans la période de 10 ans. Au final, le ⅔ des femmes avaient changé d’orientation sexuelle à un moment ou à un autre. C’est juste quelques données qui ne sont pas nécessairement représentatives, mais ça montre quand même comment la fluidité est bien plus commune que l’on pourrait le croire.
Et c’est totalement okay si tu expériences des fluctuations ou de l’évolution à ce niveau-là. 🙂
Sinon, un autre phénomène qu’il est important d’aborder, c’est les stéréotypes dans la société concernant les identités 2SLGBTQIA+. L’homophobie, la biphobie et la lesbophobie (ou autrement dit l’hétérosexisme) ont leurs propres mécanismes spécifiques, mais de façon générale il y a des idées négatives/fausses sur les couples de même genre qui sont véhiculés par les médias, la culture populaire, les institutions, etc. On retrouve des associations à la perversion, la vulgarité, l’infidélité, le ridicule, l’abject, l’impossible et j’en passe. C’est quelque chose de très très présent mais de low-key, on peut donc l’intégrer ou l’internaliser sans même sans s’en rendre compte. Je pense que d’en prendre conscience, de le critiquer lorsqu’on le voit autour de nous mais aussi d’accepter et de célébrer les parties de nous même qui ne sont pas si souvent ridiculisées et invisibilisées ça peut aider.
Alright, donc avec tout ça en tête, il serait possible que tu sois hétéro, lesbienne, bi ou pan, que tu ressentes un peu plus d’attirance sexuelle pour les filles mais pas exclusivement et que tu puisses être amoureuse de personnes de différents genres. Si c’est possible d’avoir ton expérience et d’être toutes ces orientations (et même d’autres!) alors comment faire pour savoir? C’est toute une question. Je pense que je dirais d’y aller avec ce que les mots te font ressentir à l’intérieur, celui qui fait le plus de sens, que tu aimes et qui fait résonner quelque chose en toi. Comme je disais ça peut être plusieurs mots selon les contextes ou en même temps aussi. Ça demande de se poser des questions et de s’écouter, chose que je ne peux pas faire pour toi. Un autre élément qui peut aider dans ton exploration c’est de t’informer sur les différentes définitions, de lire les témoignages de modèles positif·ive·s et inspirant·e·s et de trouver des communautés dans lesquelles tu es à l’aise. Par exemple, pour moi l’élément déclencheur a été de lire que bisexuel·le peut aussi vouloir dire d’être attiré·e par des genres différents et par des genres similaires au nôtre, et pas seulement par “deux sexes”.
Il y a queer aussi! Être queer ça peut vouloir dire plusieurs choses et ça échappe aussi toutes les définitions. On peut dire que ça signifie généralement de ne pas rentrer dans, de refuser ou de vouloir complexifier les catégories traditionnelles d’hétéro, cisgenre et vanille. Queer a un long et riche historique de revendications politiques, ainsi que de réappropriation et de reprise de pouvoir sur son identité aussi. C’est difficile à expliquer, et c’est en partie ça le but aussi, de ne pas avoir besoin de se définir ou de se justifier.
À propos des relations sexuelles spécifiquement, je veux te dire c’est correcte de préférer certains types de préliminaires à d’autres, notamment selon ses partenaires ou leurs genres. Les préliminaires c’est un peu à la limite entre intimité, sensualité, érotisme et sexualité, un peu entre sexe et romance. Je peux comprendre comment tes préférences à ce niveau te font te poser des questions sur ton orientation. Mais par contre, je dois aussi te dire que pour beaucoup de personnes ayant un vagin, la masturbation (ou d’autres formes de préliminaires ou de préparation) est nécessaire pour la pénétration. C’est normal que le corps doive s’habituer et se mettre en position d’une façon ou d’une autre pour recevoir l’organe (ou le jouet sexuel) d’un·e partenaire.
Avant de terminer, je veux aussi te dire que je suis content·e que ta relation avec ton chum te rende aussi heureuse. 🙂 Tu as le droit de rester avec lui qu’importe ton orientation sexuelle/romantique. Vous semblez avoir une excellente communication, et une bonne dose d’honnêteté, de respect et d’amour. Un vrai modèle à suivre! J’ai moi-même découvert ma bisexualité après environ 4 ans dans ma relation avec mon chum, on s’en remet plutôt bien quand notre partenaire est là pour nous et qu’il veut sincèrement notre bonheur.
C’est pas mal ça! Je sais que ce n’est pas une réponse finale, complète et irréfutable, mais je souhaite tout de même que cela te soit utile avec tes futures réflexions. N’hésite surtout pas à nous réécrire si tu penses à autre chose ou si tu as d’autres questions.
Bonne continuation,
Maxime, intervenant·e pour AlterHéros
Iel/they/them, accords neutres