Bonjour!
Merci pour ta question, à travers ton texte tu sembles avoir une assez bonne compréhension des questionnements qui te préoccupent et des éléments pouvant avoir un impact sur ceux-ci. Si ça te va, je vais revenir sur certains éléments et te donner quelques informations et explications en lien avec ces derniers.
Alors premièrement, être bi ne signifie pas d’avoir une attirance complètement identique pour les hommes et les femmes, séparée à 50/50 pour l’un et l’autre. En réalité, la plupart des personnes bisexuelles ont une attirance différente pour différents genres, ça peut être au niveau de la fréquence et l’intensité des attirances (préférer les hommes, avoir des relations plus profondes avec des femmes, etc.) mais pas uniquement. C’est possible de préférer certaines caractéristiques chez un genre et d’autres totalement différentes associées à un autre genre.
Tu expliques que tu as longtemps tenté de te “programmer” une attirance pour les hommes, d’ignorer ton attirance pour les filles, ou de te convaincre d’une façon ou d’une autre de ton hétérosexualité. En grandissant, beaucoup de gens LGBTQ+ tentent de correspondre à ce qui est attendu de nous, en faisant semblant de se fondre dans le décor de ce que nos proches considèrent comme normal. Une fois devenu adulte, il nous est plus difficile de reconnaître et d’apprécier réellement nos émotions, nos attirances et nos compréhensions de nous-mêmes.
Je comprends donc tes difficultés à mettre des mots sur tes attirances. Par ailleurs, il n’est pas toujours simple de tracer la ligne entre de l’admiration, trouver une personne belle et/ou aimer passer du temps avec elle, et quelque chose de plus profond, de plus intime. Ce type de sentiments peuvent être fluides, changer et évoluer avec le temps et ne pas être parfaitement clairs et évidents à séparer.
Donc, ne pas avoir eu de modèle positif de couple féminin, avoir moins d’expérience et même faire certains efforts pour réprimer ses attirances : après tout cela il est plutôt
normal d’avoir maintenant, consciemment ou non, une certaine résistance ou inconfort à l’idée d’une relation avec une autre femme. Mais nous ne sommes pas uniquement le produit de nos apprentissages et de notre éducation, avec un peu de pratique il est possible de “désapprendre” les valeurs et visions du monde qui nous font plus de mal que de bien.
À ce sujet, tu donnes l’impression d’avoir déjà fait certains progrès encourageants! Par les réseaux sociaux, les médias et par le biais ton entourage, tu as pu être exposée à différents modèles de relations, de préférences, de points de vue et d’expériences en lien avec la sexualité et la romance. Tu t’autorises aujourd’hui à réfléchir sur ton orientation et je crois que tu fais bien. Explorer ce qui nous intéresse dans une relation intime avec une autre personne peut être une belle aventure de découverte de soi.
Je tiens à dire que tu n’as pas à te questionner et te tester indéfiniment dans le but d’obtenir une réponse définitive. Tu n’as pas nécessairement besoin de savoir si tu es bi ou non, mais il peut t’être utile et enrichissant de te laisser la chance d’explorer librement cette partie de toi-même. Se poser des questions et vouloir bien se comprendre ne signifie pas que tu te fais des idées ou que tu n’es pas suffisamment bi. Alors je t’invite à faire preuve de bienveillance, de patience et de compassion envers toi-même à travers ce processus. Ultimement, si tu arrives à une réponse quant à ta bisexualité, tant mieux, mais si pendant un certain temps tu ne sais pas, tu hésites ou tu changes d’idée c’est tout aussi correct et légitime.
Je ne peux pas déterminer ton orientation à ta place, mais j’espère que mes quelques paragraphes parviendront à te rassurer dans ces moments de questionnements. Sache que tu peux toujours nous écrire si tu en a besoin!
Bonne continuation,
Maxime, intervenant·e pour AlterHéros
Iel/they/them, accords neutres