Salut Tryxie,

Ta question est très intéressante et pertinente et je comprends ton inquiétude. Je vais tenter de te rassurer (parce que je ne crois pas qu’il y a trop lieu de s’inquiéter) du mieux que je le peux.

Tout d’abord, est-ce que le vaginisme est possible après une vaginoplastie? Oui. J’ai en effet trouvé un article scientifique1 très intéressant sur le sujet de la vaginoplastie, mais je n’ai pas trouvé de statistiques précises. Même lorsque les troubles possibles pour les personnes ayant fait une vaginoplastie sont mentionnés de manière détaillée et précise, le vaginisme est à peine nommé comme étant possible, ce qui me porte à croire qu’on est loin d’une condition prévalente ou inquiétante.

Comment est-ce possible? Il faut comprendre que la physiologie d’un néo-vagin (le nom médical utilisé pour référer à un vagin issu d’une vaginoplastie) est très similaire à celle du vagin d’une femme cisgenre. En particulier ici, les muscles dont les spasmes involontaires causent le vaginisme sont les mêmes, les muscles pelviens. Le canal vaginal se situant à un endroit similaire, près et connecté avec ces muscles, il est possible que cela se produise.

Ces spasmes peuvent être liés à de multiples causes, dont plusieurs sont psychologiques, et je crois bien que c’est en lien avec ceci que tu as des inquiétudes, vu l’expérience que tu as vécue. C’est donc possible, mais il y a quand même des différences qui, je crois, pourraient jouer en ta faveur. Tu n’avais pas de vagin, à l’époque, et ton expérience au niveau de la sensation physique ne devrait donc pas être directement reliée à ton futur (potentiellement) vagin. Il y a aussi l’euphorie de genre vécue par plusieurs après la chirurgie (et après les débuts des soins, qui peuvent être un peu plus ardus) qui, j’ose l’espérer, peut constituer une expérience positive et affirmante qui te sera aidante à ce niveau. Enfin, je t’invite à considérer que le vaginisme, si tu en fais, est quelque chose qui se travaille par plusieurs moyens et que si, dans le pire scénario, cela t’arrivait, ça ne serait pas une condition incurable.

Pour terminer, je veux parler rapidement des soins postopératoires de la vaginoplastie et plus spécifiquement de la dilatation. La dilatation elle-même est nécessaire pour « faire comprendre au corps » que l’espace du nouveau canal vaginal n’appartient plus aux muscles qui occupaient précédemment l’espace. Elle est aussi une des méthodes utilisées pour traiter le vaginisme. Les soins postopératoires sont donc déjà les mêmes que ceux qui permettent de traiter la condition que tu crains.

Enfin, je crois qu’il serait tout à fait pertinent pour toi de mentionner ces inquiétudes à ta·on futur chirurgien·ne, si tu décides d’aller de l’avant. Ce sont les spécialistes du sujet et il est possible qu’iels aient des informations pertinentes à te fournir sur le sujet.

Sophie (elle/she), bénévole pour AlterHéros

1 Grimstad, F., McLaren, H., & Gray, M. (2021). The gynecologic examination of the transfeminine person after penile inversion vaginoplasty. American Journal of Obstetrics and Gynecology, 224(3), 266–273. https://doi.org/10.1016/j.ajog.2020.10.002