En silence

Il est si difficile de vivre avec une partie de soi que personne ne connait, qui est enfouie au plus profond de moi. La peur d’être rejeté et ridiculisé me pousse à cacher une partie de ma personnalité. Je suis un jeune homme de 22 ans, mon père possède une ferme et il m’a transmis sa passion pour le grand air et les animaux.

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Il est si difficile de vivre avec une partie de soi que personne ne connait, qui est enfouie au plus profond de moi. La peur d’être rejeté et ridiculisé me pousse à cacher une partie de ma personnalité.  Je suis un jeune homme de 22 ans, mon père possède une ferme et il m’a transmis sa passion pour le grand air et les animaux.

 

Du plus loin que je puisse me rappeler, j’ai vécu une enfance très heureuse entourée de mes frère et de mes cousins. Nous avons grandi dans le milieu rural, entourés de braves gens qui travaillent sans relâche. Je savais depuis le tout début que je voulais devenir comme eux.

Rien ne laissait présager que je serais gai.  J’ai joué au hockey, j’ai possédé ma moto et ma motoneige, j’ai toujours accompagné mon père dans les travaux à la ferme. Bref, j’ai grandi dans un monde assez masculin.  Je fus donc le premier surpris à mon adolescence lorsque j’ai commencé à avoir des attirances pour les garçons. Je n’acceptais tout simplement pas cette réalité.  Je croyais que ce serait passager et que si je n’y pensais pas trop que ça finirait par passer.

J’ai donc passé toutes les années de mon secondaire sans accorder trop d’importance à mes amours. J’étais entouré de bons amis et ça faisait l’affaire.  Je suis tombé amoureux de quelques filles, mais ce fut des relations qui n’ont mené nulle part. J’étais très heureux même si je savais très bien que mon attirance était envers les garçons et qu’était bien réelle. Je me disais que je garderais ça pour moi et que ça m’éviterait bien des tracas.

Virent ensuite mes années au cégep où j’ai pris la décision de me diriger vers le monde agricole puisque c’était ma passion. Seulement rien n’avait alors changé.  Ma tête de cochon avait décidé de ne rien dire au sujet de mon orientation sexuelle. En fait je n’avais rien décidé, je suivais tout simplement mon instinct.  Je n’osais même pas imaginer le choc que j’aurais pu causer à tout mon entourage. Je ne laissais aucun indice. Je fuyais tout simplement la réalité. Je n’accordais aucune importance aux amours, je me disais tout simplement que la bonne personne se pointerait à un moment ou à un autre. J’étais tout de même mélangé, je ressentais beaucoup d’attirance envers les gars, mais je me disais qu’il fallait que je passe ma vie avec une fille.

Puis, j’obtenu enfin mon diplôme pour ensuite m’établir sur la ferme familiale, accompagné de mon frère aîné.  Pour en arriver à aujourd’hui. J’ai un bon travail, j’aime ce que je fais, je suis entouré de bonnes personnes, mais je me sens terriblement vide.  Personne ne se doute que je suis gai. Mes amis et ma famille se questionnent tout simplement : « qu’est-ce qu’un beau gars de 22 ans fait encore tout seul ? »…

Je ne dis rien parce que j’ai honte d’être à part des autres. Je sais très bien que je serais très mal jugé par les gens autour de moi, juste à me fier au propos homophobes qui retentissent dans mes oreilles à tous les jours. Plus le temps avance et plus je réalise que cette vie n’a pas de bon sens. Je sais très bien que la seule solution serait d’en parler et je suis certain que mes parents l’accepteraient très bien, cependant je ne trouve pas la force de cracher le morceau.

C’est certain que je souffre beaucoup de solitude car je n’ai personne de réellement complice. Quelqu’un avec qui vivre de beaux moments. Quelqu’un à qui je pourrais partager mes joies et mes peines. Le grand amour quoi. Je crois cependant que je ne trouverai jamais cette personne. En 22 ans, je n’ai pas rencontré une personne avec qui ça pourrait fonctionner. Malheureusement, j’ai fini par ne plus me faire d’illusions. Je peux compter sur plusieurs amis, mais c’est différent, ils en ont encore beaucoup à apprendre à mon sujet.

Je réussis quand même essayer d’être heureux, je n’ai jamais eu de pensée suicidaire car j’aime trop la vie et j’ai beaucoup de projets devant moi. Je suis un gars positif et j’espère que tout finira finalement à rentrer dans l’ordre.

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