Comment me persuader que je suis légitime d’être ou de penser être trans?

Bonjour,

C’est un peu cliché, vous en avez plein des questions comme ça, j’en ai déjà posé avant la mise à jour du site (il est très beau maintenant) et je vais faire comme en évaluation je vais mettre les grandes questions ici et apporter des précisions, après :

Je n’aime pas être un garçon, mais je me sens un peu obligé, que faire ?
Un coming out trans est déjà presque fait, mais j’ai peur.
Est-ce que mon envie d’être une femme ou autre chose est dut aux saisons ? En mode dépression saisonnière ?
Comment me persuader que je suis légitime d’être ou de penser être trans ?

Ça fait vraiment beaucoup de question, désolé, vraiment, j’espère que ça ne vous empêcheras pas de répondre.
Je vais faire un paragraphe pour développer chaque question, j’essaie de faire court car je comprends que vous avez pas que ça à faire, répondre à presque les mêmes questions toute la journée ça doit être désolant…

Je ne sais pas vraiment si je veux être une femme. Du moins si je le sais, j’ai juste beaucoup de mal à l’accepter. Actuellement je suis un homme, un vrai comme on dit. Je me fais pousser la barbe naissante, je vais à la salle de sport, je regarde du porno pour « homme » alors que je sais que je détesterais faire ça dans la vrai vie. Mais je me sens obligé d’être un homme car justement je ne fais rien pour être autre chose, que je vie bien ma vie comme ça et que ça me fermerais des portes.

L’an dernier, j’ai annoncé ma volonté, ou mon sentiment de ne pas etre un homme à mes parents. Ils l’ont bien pris, ils m’aidaient même. Mais j’ai eu très peur, une sorte d’anxiété sociale, ça a fait pleurer ma mère, créer des conflit dans la famille avec mes grands-parents et donc j’ai fait croire que j’avais changé d’avis et que c’était juste un passage. J’ai fait la même chose à certains de mes amis, j’ai eu peur qu’une sorte de rumeur se lance, j’ai extrêmement peur du regard des autres donc j’ai commencé un coming out que j’ai annulé juste après. Je me dit aussi que si j’en refaits un ils vont me prendre pour un con…

Je me rends compte que même si j’ai souvent envie de devenir une femme, ça me travaille beaucoup plus en hiver et en automne, je me demandais si c’était peut-être lié.

Je n’arrive pas à m’affirmer en tant que personne femme. Je me trouve toujours des excuses, même si je les avoue je reste persuadé que ce sont des excuses valables. Par exemple je vais me dire que de toute façon je ne le suis pas et que ce n’est qu’un fantasme sexuel. Ou que je ne suis pas prêt. Ou que ça ne changerait rien dans ma vie. Ou que je n’en ai pas besoin. Ou que j’ai juste besoin d’attention. Et pour moi ce sont des vrais excuses, du moins je le pense, tout en sachant au fond de moi que non (c’est vraiment pas clair désolé…).

Caroline
Bonjour Taerell, je tiens d’abord à te remercier de nous faire confiance pour t’aider à y voir plus clair avec tes questions.
Je tiens également à te dire que les questions sur l’identité de genre ne sont jamais clichées ou banales et qu’ il est tout à fait normal de chercher des réponses. L’organisme Alterhéros a pour mission de répondre aux questions liées à l’identité sexuelle et de genre alors c’est toujours avec intérêt et attention que nous lisons et répondons aux questions qui nous sont posées à ce sujet.
Je peux répondre à ta première question sur un possible lien entre ton envie d’être une femme et un cycle de dépression saisonnière. La dépression saisonnière peut affecter les gens à différents moments de l’année, mais il n’existe pas de données probantes qui établissent un lien entre la dépression saisonnière ou le cycle des saisons et le désir de vivre dans un genre différent. Il pourrait cependant y avoir un lien entre le fait de te sentir déprimée, triste et mal dans ton corps à certains moments de l’année et le fait que tu sois une personne qui vit des hauts et des bas en raison des nombreux défis et questionnements sur ton identité de genre.
Comme tu le mentionnes dans ton message, tu as déjà lu plusieurs des réponses qui ont été publiées sur notre site et qui sont en lien avec la transition ou l’identité de genre. Tu as sans doute constaté que plusieurs personnes vivent des situations similaires à la tienne et qu’un des enjeux qui ressort souvent est le besoin de se sentir légitime comme personne trans. Certains éléments négatifs qui résonnent chez toi comme la crainte d’être perçue comme une personne qui vit un caprice ou qui désire attirer l’attention ou encore qu’il ne s’agît que d’un fantasme ou d’une situation temporaire, m’amènent sur la piste de la transphobie et des propos qui sont souvent véhiculés au sujet des personnes trans. Il est possible que tu aies intériorisé certains de ces propos et que cela te rende réticente à l’idée d’aller de l’avant avec le dévoilement de ton identité de genre.
Le fait que tu mettes de l’avant ta masculinité en adoptant des comportements qui sont contraires à ce que tu es, comme aller à la salle de sport ou regarder du porno pour homme, reflète probablement un désir de te sentir normale. À la longue, tu risques toutefois de trouver de plus en plus difficile de vivre cette double identité et de ne pas pouvoir exprimer librement qui tu es. En lisant ton message, je perçois que ce qui te retient le plus d’aller de l’avant avec ta transition, c’est la peur du regard des autres et des jugements qui pourraient être faits à ton endroit. Je comprends que tu puisses ressentir une telle crainte et je crois qu’il serait bénéfique pour toi de pouvoir discuter avec des personnes qui sont également  passées par là.
Il existe des organismes ou des associations pour personnes trans en France qui pourraient t’offrir du soutien en ligne ou en personne. Il est également probable que certaines personnes de ton entourage soient en mesure de comprendre ce que tu vis et puissent t’aider à vivre cette période stressante. Il est important que tu ne sois pas isolée et que tu puisses bénéficier de ressources qui vont de permettre d’aller de l’avant avec plus de confiance.
Enfin, tu mentionnes dans ton message que tes parents sont au courant de ce que tu vis et qu’ils sont prêts à t’offrir leur soutien. C’est vraiment positif, car le soutien des parents est reconnu comme un des éléments qui peuvent  faire une grande différence lors de la transition.
Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de faire une transition, l’important c’est que tu te sentes à l’aise et que tu respectes ton rythme. Il est possible que tu ne te sentes pas encore prête à aller de l’avant avec un coming out et une transition mais tu peux y aller par étapes. Tu pourrais par exemple commencer par choisir  le ou les pronoms qui te conviennent et  voir comment tu vis avec ce changement. 
Je termine en te disant que tu es une personne courageuse et réfléchie qui mérite de s’épanouir dans le genre qui te correspond. J’espère que tu trouveras tout le soutien qu’il te faut.
Prends soin de toi,
Caroline (elle) pour Alterhéros

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