Cela fait longtemps que je me tais, que je n'ose parler, que je ne dis rien...
De ma première fois… A aujourd’hui… Les interrogations demeurent… Pourquoi est-ce si difficile d’être homo ? … et déjà de le reconnaitre… …
Un témoignage sous forme de questionnement la plupart du temps, sur ce forum ou d’autres confient également avec confiance leurs interrogations, leurs doutes au bénéfice de tous, grâce aux conseils et réponses formulés par les membres du site 🙂
La première fois avec un homme (de mon propre chef), je ne m’en rappelle plus vraiment. Un trou noir, une absence de mémoire, une volonté de ne pas se souvenir, un espace temps révolu, dans un corps étranger, j’avais effacé sur l’ardoise le personnage à la craie que j’étais, que je suis, mais la poussière de craie est demeurée sur l’ardoise.
Ces souvenirs occultés, je ne peux que les supposer, les imaginer, mais aussi contradictoire que cela puisse être, ils sont bien réels.
Depuis cette époque, mais même avant à bien y réfléchir, j’ai toujours eu ce sentiment de ne pas être dans le bon corps, ni dans le bon endroit…
Ces après-midis à déambuler, je n’étais plus moi, mais j’étais encore et déjà moi.
Après ces moments peu gratifiants, je rentrais vite prendre un bain. Je me détestais, déjà à cette époque j’étais « dur » avec moi-même et après une nuit de sommeil, je regagnais le lendemain le travail pour apparaitre comme le « gentil » Séba, le « grâcieux » Séba, celui que tout le monde (ou presque) appréciait, sauf moi.
Quelquefois « dans le brouillard » au travail, mais personne ne s’en apercevait, je composais, je jouais un rôle, celui que la société par mes collègues ou mes chefs interposés voulaient.
Je n’ai jamais menti quand la question me fût posée.
Quand je suis tombé amoureux d’une fille, car cela m’est arrivé, je lui ai toujours dit « qui » j’étais, et chacune d’elle au nom de l’amour s’est montré compréhensive sans jamais répéter à qui que ce soit ou me juger, elles m’ont accepté. Les rares relations que j’ai pu avoir avec elles ne m’ont procuré que plaisirs égoïstes. Je ne partageais rien et aujourd’hui je me rends compte combien j’ai peut-être pu les blesser, sans le vouloir vraiment, ou paraître pour être celui qui n’était pas.
J’ai toujours trouvé les filles plus compréhensives, plus à l’écoute…
(Sur twitter en france, fin décembre, le hastag « simonfilsestgay » permettait hélas « le défouloir.. » (pfffff) de certaines personnes inconscientes !!!…. cette bêtise sur réseaux sociaux m’a attristé…)
Qui a un jour dit que l’homosexualité était facile à assumer ? Qui a un jour dit que l’homosexualité était facile à vivre ? à dire ? Les hétéros rencontrent certainement des problèmes aussi, femme comme homme, d’ailleurs des sexologues existent justement et très souvent sollicités aident certains hétéros à mieux vivre leur sexualité.
Dans mon cas, non seulement il y avait déni, cette non-acceptation dura très longtemps, mais il y avait le paramètre sociétal, le paramètre familial, le paramètre spirituel… Mais peut-être sont-ce des raisons que je me donne pour éviter d’affronter véritablement « LE » sujet qui pourrait me rendre enfin libre et me permettre, qui sait ?, d’être enfin « moi-même ». (Et j’ai l’impression qu’un long chemin de travail me reste à effectuer pour vraiment me trouver…)
Si un jour je faisais lire ces quelques lignes à un proche, à un intime, je me demande quelle serait sa réaction ? Doit-on tout partager aux autres ?
Doit-on les encombrer des questions existentielles de notre être ? les ami(e)s sont-ils là pour supporter nos questions ? peut-être, peut-être pas…
N’ont-ils pas eux-aussi leurs soucis, leurs interrogations personnelles, leurs parts d’ombres personnelles qu’ils ne souhaitent découvrir…
« Se mettre à nu » unilatéralement sans ôter ses vêtements et ainsi dévoiler une partie de son psyché, de son âme, de son esprit, sans heurter, tout en conservant une certaine pudeur, n’est-ce pas là une équation mathématique avec beaucoup trop d’inconnus qui pourrait se solder par un nouveau big-bang intérieur ou la matière même de la question ou de l’interrogation se déflagrait au nom d’une non-retenue de circonstance ? « Vivre en vérité » ne signifie-t-il pas tout dire à des personnes choisies ?
Mais « les autres » sont-ils là pour tout entendre ? tout supporter ?
Un jour, j’ai rencontré un homme, il était stewart, il menait sa vie à cent à l’heure entre les Etats-Unis, l’Europe, le Moyen-Orient, il me disait son ressenti en vérité, tout comme moi… Certaines de ses questions étaient miennes… mais il avait franchi divers paliers qui lui permettaient d’être davantage « libre », ne serait-ce que par son métier… L’homosexualité se résumerait-elle simplement à du sexe ? oui et non… il y a évidemment le sexe pour le sexe et il peut y avoir des rencontres amoureuses dans lesquelles jamais le sexe n’aura physiquement sa place… et ces dernières sont les plus belles, parfois…
Le temps compte… L’âge compte… Je vais faire bondir par ce que j’écris là, mais c’est à relativiser, ce n’est que de la prose… j’ai souvent l’impression que mon homosexualité (ou supposée) (je parle pour moi là) est une espèce de no-man’s land qui est défini cependant par des groupes, des mouvements (et quelque part heureusement qu’ils existent) mais qui souvent se limitent à un certain âge… avec la jeunesse comme créneau… ; passés le cap de la quarantaine ou de la cinquantaine, la peur s’installe, mais même déjà un peu avant, la peur de vieillir s’installe, alors que chez les hétéros je la pense moindre. Vieillir pour un homo serait-ce être condamné à vivre « seul » ou « seule » la plupart du temps ?
Ce texte est à peine commencé, et je me rends compte combien le « point d’interrogation » est souvent utilisé… Très peu de certitudes, beaucoup de questions, mais intimement j’ai certaines réponses, mais comme un effet boomerang la peur m’assaille. Si je devais me dessinais je me représenterais par un point d’interrogation je crois (lol)…
Si je prenais par ordre : un seul point par exemple, je repense à ma famille, leur silence est-il lié à cela ? leur silence est-il lié à mon silence ? très certainement… Ils ne savent pas, enfin je pense…
À chaque retour de chez eux, je ressens comme un malaise, je mets plusieurs jours à m’en remettre alors que l’accueil est chaleureux, courtois, mais les vraies questions de « vie » ne sont jamais abordées… Sûrement que je ne laisse jamais « ma porte intérieure » suffisamment ouverte, demeurant toujours sur la défensive, guettant la moindre suspicion pour mieux contre-attaquer et déjouer toute interrogation qui sèmerait un doute sur… en esquivant, en jouant le trublion, celui qui ne prend jamais rien au sérieux, et pour qui « tout va toujours très bien » à tous les niveaux, alors que c’est faux…
Cela fait longtemps que je me tais, que je n’ose parler, que je ne dis rien… comme un autre, je suis moi dans l’aujourd’hui d’une époque qui est mienne sans l’être… Peut-être un jour rencontrerai-je « mon autre » qui lui saura me comprendre, c’est ce que je me souhaite pour cette nouvelle année, car « sans amour » nous ne sommes que si peu de choses… (j’crois que c’est « mon amie la rose qui me la dit ce matin… » (loll confer chanson de Françoise Hardy)
Je vous souhaite à chacune et chacun également de trouver (si ce n’est déjà fait) « votre autre » qui sera vous élever tout comme vous l’élèverez pour mieux grandir ensemble tous les deux sur « le » chemin qu’ensemble vous aurez choisi de construire,
Très belle année d’Amour à chacune et chacun 🙂