4 avril 2009

Ai-je fait un transfert de sentiments vers cette fille ?

Bonjour,l’été dernier,
je suis tombée amoureuse d’un garçon, c’était réciproque),on n’est pas sorti ensemble parce que mes études ne me permettent pas d’avoir de relation amoureuse pour le moment.Il m’est TRES difficile d’ignorer mes sentiments,donc lorsque je le vois, j’essaie d’abréger la discussion, pour que la relation ne prenne pas trop d’importance.Je le fuis.Problème, nous avons une amie en commun, fille que je vois très souvent (nous sommes voisines).J’ai l’impression d’avoir « transféré » les sentiments que j’ai pour ce garçon, sur cette fille. Je m’explique: lorsque je la vois, je l’associe à lui, j’ai le coeur qui se met à battre.Mais jamais je n’ai fantasmé sur elle.Cette situation m’inquiète beaucoup, je suis complètement perdue.Suis-je bi?Suis-je amoureuse de ce garçon,de cette fille,des deux?A noter que ce n’est pas l’idée d’être homo qui me pose problème, mais je suis toujours tombée amoureuse des garçons, et je ne m’imagine pas du tout avec une fille…

Benoît

Bonjour Camille.

Tout d’abord, je te remercie de t’être confiée à nous.

Dans ton message, tu nous révèles que tu as privilégié tes études au détriment d’une possible relation amoureuse avec un garçon. Cependant, tu te demandes si tu n’aurais pas « transféré » les sentiments que tu éprouves à l’égard de ce garçon sur une amie commune, laquelle semble faire battre ton coeur…

D’emblée, disons que tu fais bien d’accorder une part importante de ton temps aux études et de leur consacrer toute ton énergie. Par contre, je me demande si ta décision de suspendre toute forme de vie amoureuse pendant la durée de ces mêmes études n’est pas trop radicale. Je te pose la question sans toutefois oser y répondre, car il n’appartient qu’à toi de juger en cette matière ce qui te convient. Cependant, quand je lis qu’ « il (t’) est très difficile d’ignorer (tes) sentiments » et que, lorsque tu vois l’ami dont tu es amoureuse, tu fais tout pour écourter vos rencontres, de peur de donner trop d’importance à cette relation, je constate qu’il se passe exactement le contraire, c’est-à-dire que, loin d’atténuer tes sentiments envers ce garçon, la fuite semble, au contraire, les exacerber. Tant et si bien qu’il te suffit de voir votre amie commune pour que le souvenir de celui que tu aimes te revienne à l’esprit.

Cette amie commune suscite d’ailleurs un grand questionnement chez toi. Sans avoir jamais fantasmé sur elle, ni avoir d’attirance particulière pour les filles, tu te demandes si tu ne serais pas une personne bisexuelle ou lesbienne. Or, la condition première pour appartenir à l’une ou l’autre de ces orientations réside dans le fait d’éprouver une attirance physique pour les gens de notre propre sexe. Comme tu as toujours été amoureuse de garçons, il est fort probable que tu sois hétérosexuelle… à moins, bien sûr, que tu ne te mentes à toi-même sur la nature des sentiments qui te lient à ton amie. Il est parfois difficile d’admettre que l’on appartient à une minorité, surtout si celle-ci est décriée par une partie de la population. C’est peut-être ton cas…

Par rapport au « transfert » que tu évoques, et bien que je ne sois pas un spécialiste en psychologie, je ne crois pas cette idée plausible. En effet, on va parler d’un transfert lorsqu’on éprouve un désir, que l’on juge moralement et socialement inacceptable, et, qu’à défaut de pouvoir extirper de notre coeur, on cherche inconsciemment à vivre avec quelqu’un d’autre, quelqu’un de plus « acceptable », justement, sur le plan de la conscience. Un cas typique? Par exemple, un gars aime secrètement son ami, mais a honte de ses sentiments. Ne pouvant s’en détacher, il en viendra, par exemple, à se dire et même à se croire amoureux de la soeur de cet ami, ce qui serait peut-être plus socialement acceptable et qui, en prime, lui permettrait de continuer à fréquenter celui qu’il aime sans problème. Or, quelle serait la différence entre ce cas fictif et le tien? Tout simplement le fait que tu es amoureuse, au départ, d’un garçon et qu’un amour de ce type est, en Occident, socialement et moralement acceptable. Par ailleurs, s’il devait y avoir un transfert, ce ne serait probablement pas avec une fille, les amours lesbiennes n’étant, hélas!, généralement moins bien vues que les rapports hétérosexuels (à cause des préjugés qui existent toujours et encore!).

En résumé, deux hypothèses semblent se profiler à l’horizon. D’une part, la fébrilité que tu ressens face à ta voisine pourrait s’expliquer par le fait qu’elle rappelle à ton souvenir le garçon que tu aimes et dont tu parais t’ennuyer; d’autre part, il se pourrait que tu te mentes à toi-même en refusant d’admettre que tu as des désirs homosexuels. C’est à toi, maintenant, de voir laquelle des deux possibilités colle davantage à ta réalité. Cependant, quelle que soit la conclusion à laquelle tu aboutiras, je pense que le chemin le plus droit est celui qui va directement au coeur et que le plus important est de vivre pleinement tes désirs et tes passions.

Voilà! En espérant que j’ai pu t’aider à y voir un peu plus clair, je t’invite, Camille, à nous réécrire si jamais le besoin s’en fait sentir et, par-dessus tout, je te souhaite d’être heureuse et de toujours grandir dans l’amour!

Bonne chance!

Benoît

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