Dois-je vraiment faire mon coming-out trans? Comment?
Bonjour,
Ça fait quelques temps que je me sens un peu mal à l’aise dans mon corps d’adolescent et je me commence à être attiré par des choses plus féminines (vêtements, maquillage, …), pourtant j’ai plus de copain que de copine. Je joue à des jeux-vidéos de garçon (Counter-Strike : GO) mais souvent, quand je suis seule, je regarde des vidéos de personnes MtF et je prends les habilles de ma soeur et pendant un moment je me sens enfin à l’aise.Je crains la réaction de mes parents si je fais mon coming-out, malgré le fait que j’ai un cousin qui a déjà fais son coming-out et qui est officiellement homosexuel. Je crains aussi de perdre toute vie sociale en annonçant ma décision à mes copains.
Donc ma question est : Dois-je vraiment faire mon coming-out et si oui, comment ?
Bonjour,
Ça fait quelques temps que je me sens un peu mal à l’aise dans mon corps d’adolescent et je me commence à être attiré par des choses plus féminines (vêtements, maquillage, …), pourtant j’ai plus de copain que de copine. Je joue à des jeux-vidéos de garçon (Counter-Strike : GO) mais souvent, quand je suis seule, je regarde des vidéos de personnes MtF et je prends les habilles de ma soeur et pendant un moment je me sens enfin à l’aise.Je crains la réaction de mes parents si je fais mon coming-out, malgré le fait que j’ai un cousin qui a déjà fais son coming-out et qui est officiellement homosexuel. Je crains aussi de perdre toute vie sociale en annonçant ma décision à mes copains.
Donc ma question est : Dois-je vraiment faire mon coming-out et si oui, comment ?
Lisa
Bonjour Lisa!
Merci de nous faire confiance avec ta question. C’est toujours un grand pas de prendre la décision de parler de ses questionnements face à son identité. Dans ta lettre, tu nous écris que depuis le début de ton adolescence tu ressens un inconfort avec ton corps. Tu ressens le besoin d’explorer le côté féminin en toi, et tu te demandes de plus en plus si tu dois faire un coming-out auprès de ta famille et de ta amis. Tu crains des répercussions négatives. Tu te demande donc quelle devrait être la suite des choses. Évidemment, ne connaissant pas l’entièreté de ta situation, je ne peux pas te dire quoi faire. Je peux toutefois te partager quelques informations et questionnements qui, j’espère, t’aideront dans ta réflexion. Je tiens à préciser que j’emploierai des pronoms féminins pour te répondre, puisque que tu signes un nom féminin et que tu t’identifies comme une fille. J’espère que tu seras à l’aise avec cela!
Qu’est-ce qu’au juste que la transsexualité? C’est tout simplement un désaccord entre le sexe de naissance d’une personne et l’identité qu’elle ressent intérieurement. Ça représente bien plus que de vouloir porter des vêtement féminins. Ce désaccord est un handicap pour la personne : il l’empêche d’être heureuse, de s’épanouir, de vivre une relation harmonieuse avec elle-même et les autres. La seule façon de mettre fin à tout ça est d’accepter son identité et d’entamer un processus de transition qui permettra de vivre dans un corps et une identité sociale qui correspond à son soi intérieur. Alors la question que tu devrais te poser, ce n’est pas seulement de savoir quel corps tu aimerais avoir, mais aussi comment tu voudrais que les gens te perçoivent, parmi ta famille, tes amis et ton milieu scolaire. Comme un gars, comme un fille, ou comme une personne au-delà du genre ? C’est à toi de le déterminer.
J’utilise souvent une analogie pour aider les gens dans leur réflexion, celle de la baguette magique. Si tu avais une baguette qui, d’un seul coup, pourrais faire de toi une fille de façon permanente et irréversible, tout en changeant les souvenirs dans gens autour de toi de telle façon qu’il t’auraient toujours connue ainsi, l’utiliserais-tu? L’avantage de cette analogie, c’est quelle met de côté tous les désagréments et risques associés à une transition pour aller au coeur de l’identité d’une personne. Si dans ta tête il est clair que tu utiliserais une telle baguette, c’est probablement que oui, tu as une identité féminine.
Maintenant, est-ce que ça veut dire que tu dois entreprendre une transition? C’est à toi de le déterminer. Peut-être voudras tu, avant de te lancer, explorer de façon individuelle ton identité. Plein de possibilités s’offrent à toi: faire des lectures, en parler à un intervenant à ton école, et peut-être même entrer en contact avec d’autre jeunes trans afin d’en apprendre sur leur vécu et comprendre le tien. Il y a de nombreux organismes jeunesse LGBT qui organisent diverses activités ou font de l’écoute active en France. Je ne sais malheureusement pas dans quelle région tu vis mais tu peux toujours nous réécrire en précisant ce détails afin d’avoir une référence près de chez toi.
Tu n’es pas encore adulte et tu crains la réaction de tes proches, famille et amis. Le coming-out est une étape cruciale et il est important d’être bien préparé si jamais tu décides de le faire. Tu dois t’attendre à toutes les possibilités, y compris qu’on ne te prenne pas au sérieux. Je comprends ta nervosité face à ton éventuel coming-out. Si ta conviction d’être une femme est profonde et inchangeable, il n’y a pas d’âge pour commencer une transition de genre. Si tu as le soutien de ta famille, tu pourras commencer ta transition même si tu n’as pas 18 ans. Tu pourras commencer ton processus d’évaluation auprès d’un psychologue ou sexologue, évaluation qui te permettra éventuellement de commencer la prise d’hormones. De plus, ta famille pourrait t’aider dans tes démarches auprès de ton école en allant elle-même rencontrer la direction pour établir un plan pour t’aider. Le moment le plus stressant, c’est les 10-20 premières secondes où il faut dire « je suis trans ». Il y a plusieurs façons d’y arriver. Certaines personnes vont y aller avec une lettre ou un texte écrit, ce qui est une bonne chose à condition d’être présente au moment où la personne lit la lettre. Peu importe la façon dont tu t’y prendras, il est important de rappeler à tes parents que tu les aimes et que tu vas rester leur enfant. Tu dois réaliser à quel point ce sera un choc pour eux et à quel point ils auront peur de te perdre tel qu’ils t’ont connue.
Il serait donc très important de te munir d’une liste de ressources qui pourraient les aider à traverser cette période. Il est fort possible qu’ils se sentent perdus et impuissants et qu’ils ressentent le besoin d’être guidés et de fraterniser avec d’autres personnes qui vivent la même situation qu’eux. Voici une liste des ressources les plus importantes :
– Si tes parents ont une compréhension correcte de l’anglais, je te suggère fortement d’imprimer le guide Families in TRANSition et de leur donner lorsque tu feras ton coming-out. Ce document est une mine d’or d’informations pour les parents de jeunes trans et couvre toutes les étapes de la démarche (acceptation, aspect médicaux, accompagnement du jeune).
– Sur Youtube, on trouve de nombreux reportages sur des jeunes trans qui ont une vie tout à fait normale. Tu pourrais en trouver un que tu trouves inspirant et le regarder avec tes parents.
– AlterHéros,
hé oui! Si tes parents veulent nous écrire une question, il me fera un plaisir d’y répondre!
Pour ce qui est de tes amitiés, elle changeront immanquablement si tu fait ton coming-out. Toutefois, ces changements ne veulent pas dire que tu te retrouveras sans amis. Chacun d’entre eux va devoir s’adapter à une nouvelle réalité et chacun réagira de façon différente. Oui, il est possible que certains s’éloignent de toi, de façon temporaire ou permanente. Mais d’autres verront au-delà de ton changement et seront un support essentiel durant une transition. Bien sûr, tu te feras probablement tasser de certaines « soirées de gars », mais tu gagneras un accès privilégié aux « soirées de filles »! Et soit dit en passant, ma meilleure amie est trans et est une grande joueuse de Counter-Strike. À ce qu’elle me dit la communauté de ce jeu est super inclusive, et elle est accueillie sans problème dans les équipes de filles. Si ça peut te rassurer!
Sache que même si tu décides de garder le silence sur ta situation pour encore quelques temps, ta vie peut continuer! Continue de t’impliquer dans les activités, hobbies, sports et loisirs qui te font vibrer. Travaille fort à l’école. Ainsi, si un jour tu entreprends des démarches, tu te connaîtras bien toi-même et auras des bases solides pour avancer. Alors continue ta réflexion. Je te souhaite le plus grand courage!