Je suis attirée par une fille, je me sens perdue
Je suis perdu!!!
Cette fille m’obssède complètement. Je l’ai rencontré dans le bar ou je sors tout les weekends elle m’a invité a danser et j’ai accepté . J’ai bien sentit qu’elle me charmait , j’ai trouvé ça plaisant et le courant est bien passé. Elle a tenté une approche en dansant collé serré, mais ça m’a fait peur et je suis partit, je l’ai ensuite éviter toute la soirée.
Ce week end je l’ai revu on s’est échangé des regards toute la soirée, on ne s’est pas parlé mais je sais qu’elle me veut. Elle a compris que je ne voulais qu’elle vienne , j’étais entouré de mes soeurs et amies. Elle est passé à plusieurs reprise près de moi profitant de la promiscuité pour m’effleurer le bras. Depuis je n’arrive pas à me la sortir de la tête, elle est vraiment canon, elle me plait mais j’ai peur de ce qui pourrai arriver. Je suis ouverte d’esprit surtout depuis mon année a l’etranger, contrairement à mon entourage en France. Je ne sais pas si je pourrais assumer. Pour conclure: je suis perdu !
Bonjour Evolette,
Merci de la confiance que tu nous porte dans ce moment de questionnements pour toi. Ta lettre laisse entendre que c’est la première fois que tu ressens une telle attirance pour une femme. Tu es confrontée à ta possible bisexualité ou homosexualité et ça te fait peur. Tu as l’esprit ouvert, tu as voyagé, tu as sûrement rencontré des personnes homosexuelles dans ton parcours et constaté que c’est quelque chose de bien normal après tout. Tu semble même fière de ton ouverture, qui te semble préférable au traditionnalisme qui existe dans ta famille. Mais maintenant que c’est toi qui te retrouves dans cette position, tu fais l’expérience d’une peur intense, au point ou tu te protèges de cette femme en la fuyant ou en utilisant tes amies comme boucliers humains!
C’est la raison pourquoi tu te sens perdue, car ta réaction négative de peur constraste avec l’image positive de personne ouverte que tu as de toi-même. Dans le jargon psychologique, tu es en état de dissonance cognitive, c’est à dire dans un état où deux sentiments opposés cohabitent soudain dans ton esprit. C’est un état très inconfortable et ton esprit fera tout pour essayer de s’en sortir: trouver des justification, blâmer, dénier, fuir, etc. Il est donc important que tu sois très attentive à ce que tu ressens et à comment tu réagis.
Le premier de tes sentiments contradictoire est l’attirance pour cette fille, qui semble être très forte. Tu es sans équivoque dans les mots que tu utilises: elle est canon, charmante, plaisante. Quand elle est là, tu perds le fil de ce qui se passe autour tant le contact de vos regards est fort. Malgré tous tes efforts pour la repousser, tu souhaites te rapprocher d’elle. Peut-être ce sentiment s’estompera si tu cesse complètement de la voir, mais s’il persiste comme ça semble être le cas, il faudra peut-être que tu aille jusqu’au fond de la chose en retournant voir cette fille, de façon ouverte cette fois. Que va-t-il arriver? Peut-être rien après tout, si tu réalise que cette fille n’est pas celle que tu croyais, ou que ton attirance n’est pas sexuelle après tout. Peut-être cela ira simplement jusqu’au lit, où tu pourras explorer ta sexualité et te faire une idée plus claire de ton orientation sexuelle sans craindre la réaction de tes proches, car après tout c’est une affaire privée. Enfin, peut-être cela mènera vers une relation amoureuse qui t’apportera beaucoup. Si c’est le cas, l’amour que tu vivras te donnera beaucoup de force pour affronter la suite des choses, car tu ne sera pas seule. Peut-être a-t-elle vécu des sentiments semblables aux tiens…
Parlons-en, de ton deuxième sentiment contradictoire, qui est la peur du rejet par tes amis et ta famille. Qu’est-ce qui te fait penser ça de ta famille? Sont-ils si traditionalistes que ça? C’est sûr que la grande majorité des familles assument et ont comme attente l’hétérosexualité, et en grandissant on absorbe ces attente et on internalise sa peur de l’homosexualité, de peur de décevoir les gens autour de soi. Toutefois, ça ne veut pas nécessairement dire qu’ils vont automatiquement te rejeter si tu entres en relation avec cette fille. Parfois, les parents peuvent sembler intolérants à l’homosexualité et à la bisexualité, mais mettent ces principes de côté quand ils se rendent compte que leur enfant n’a pas changé de par le fait qu’il ou elle est gai, lesbienne ou bisexuel-le.
D’un autre côté, il se peut que tes craintes soient fondées et que tes parents prennent mal la révélation de ton orientation sexuelle. Il y aura donc beaucoup à faire pour expliquer et démystifier l’homosexualité ainsi que la bisexualité. Cependant, ce parcours difficile pourra aussi de permettre de vivre des choses que tu ne t’étais pas permi de vivre jusque là: aimer une femme, être fière de cet amour, en parler aux autres, te sentir reconnue par ta famille et, finalement, être bien dans ton orientation sexuelle.
La clé est de révéler à ta famille ton orientation sexuelle lorsque tu te sentiras prête. C’est sûr que c’est difficile d’être prête à 100%, mais si tu sens quand même assez prête, que tu te sens assez bien avec ton orientation sexuelle et que tu t’attends à rencontrer des embuches, alors ce sont les conditions gagnantes pour une sortie du placard (ou « coming-out » en anglais). Un « coming-out » signifie annoncer aux autres son orientation sexuelle. Il se peut aussi que tu ne sentes pas la nécessité de faire ton coming-out ou que tu sens que les conséquences seront trop difficiles. Le coming-out n’est pas non plus une obligation, mais plutôt un passage. Un passage nécessaire pour certains et qui ne l’est pas pour d’autres, selon le contexte socio-culturel dans lequel l’individu vit.
Je comprends que c’est beaucoup de choses à démêler pour toi, mais prend le temps de le faire. Et si sur le chemin tu as d’autres questions, n’hésite pas à nous réécrire!