Suis-je normal, est-ce que je suis quelqu’un de bien ?

Bonjour,
j’ai depuis des années des fantasmes sexuels pour d’autres femmes que la mienne. Je suis bien en couple mais j’ai un besoin de regarder les autres femmes. J’ai ce qu’il faut pour être heureux, pourtant j’ai ce jardin secret dont je n’ai parler à personne car j’ai peur que sa se sache et qu’on me prenne pour un fou.
J’ai honte et je culpabilise parce que je me masturbe en secret en fantasmant ou en utilisant différents supports, ou j’ai des regards et des pensées sexuelles qui peuvent me provoquer des érections en présence de certaines personnes.
J’ai déjà essayé de changer à plusieurs reprise en arrêtant plus ou moins longtemps. Quand je rechute je m’enfonce encore plus dans mes travers et sa devient difficile à gérer car je vais toujours plus loin pour me procurer du plaisir et pour explorer ma sexualité en solo.
C’est comme une obsession, je pense à certaines femmes dès le réveil, et parfois je suis impatient de pouvoir être seul pour me soulager. Ce n’est pas ce que je veux être et pourtant je continue. Je suis perdu, Suis-je normal, est-ce que je suis quelqu’un de bien ?

Mélo

Salut Leka,

Je tiens à souligner tout d’abord ton courage de partager avec l’équipe d’AlterHéros ces pensées et ressentis. Ce n’est pas facile d’exprimer ce qui peut sembler honteux ou tabou dans la société. Saches que tes fantasmes, tes désirs et même la culpabilité ou la honte que tu peux ressentir ne te rendent pas moins humain, au contraire. Ces émotions sont fréquentes et universelles, même si elles peuvent être difficiles à vivre. Il est d’ailleurs important de différencier plusieurs aspects dans ce que tu décris.

Les fantasmes et désirs que tu décris ne sont pas anormaux, au contraire. La plupart des gens ont des fantasmes ou des attirances, même lorsqu’iels sont heureux·se·s en couple. Cela fait partie de la nature humaine et cela ne signifie pas que tu n’aimes pas ta partenaire ou que votre relation est vouée à l’échec. Ce n’est pas parce que tu es en couple que la terre arrête de tourner. On n’arrête pas du jour au lendemain d’être attiré·e par une personne parce qu’on devient en couple. Il est donc normal de vouloir continuer d’apprécier la beauté autour de nous. Cette pratique peut, d’ailleurs, être un exutoire à la routine ou à une sexualité répétitive. Bien que tu sois bien dans ta relation et aie ce que tu désires, la nouveauté reste un aspect excitant et peut apporter une dimension érotique à notre quotidien qui peut parfois manquer dans une sexualité de couple.

Dans cette situation, il est toutefois important de prendre en compte les limites de ta partenaire, puisqu’une pensée ou un fantasme est une chose, mais des agissements répétitifs en sont d’autres. Une petite discussion avec ta partenaire pourrait permettre de t’assurer qu’elle est confortable dans la situation. En parler pourrait même ouvrir la discussion sur de nouvelles expériences ou manières de voir votre sexualité ou votre couple. Est-ce une pratique que tu aimes simplement t’imaginer ou une pratique que tu aimerais mettre en place dans ta relation? Évidemment, tes pensées, notamment dans tes pratiques masturbatoires, sont propres à toi. L’imaginaire érotique est vaste et permet souvent de s’évader du quotidien. Dans tous les cas, la communication est bien souvent la clé. La transparence permet en effet souvent une plus grande compréhension et une envie de faire des compromis.

Tu sembles vivre beaucoup de culpabilité et de honte en lien avec cette situation. Les émotions que tu vis en lien avec la situation peuvent provenir de normes ou de valeurs qui ont été intériorisées. Plusieurs messages sociaux courent en lien avec la fidélité, la sexualité ou la vision du couple. Ces émotions sont compréhensibles, mais elles peuvent devenir envahissantes lorsqu’elles t’empêchent de vivre tes fantasmes et tes désirs de manière sereine. Tu parles d’ailleurs de « rechute » et « d’obsession ». Est-ce une situation qui t’apporte de l’inconfort ou de la détresse? Dans ce cas, parler à un·e sexologue pourrait t’aider à démêler tes émotions, à comprendre tes besoins et à explorer comment concilier tes désirs avec tes valeurs personnelles avec ta vie de couple. Un·e professionnel·le peut t’offrir un espace neutre, sans jugement, pour réfléchir et trouver des solutions adaptées à ta situation.

Je te conseille de faire preuve de compassion envers toi-même : Tu n’es pas une mauvaise personne parce que tu as des désirs ou des pensées qui sortent du cadre normatif. L’important est de reconnaître ces sentiments et de chercher à mieux comprendre leur origine plutôt que de te juger durement. Les fantasmes, les désirs, et les comportements sexuels, même ceux qui provoquent de la culpabilité, sont des expériences partagées par de nombreuses personnes. Être quelqu’un·e de bien ne signifie pas être parfait, mais plutôt être capable de reconnaître ses difficultés, de chercher à les comprendre et d’agir avec intégrité.
Je te souhaite du courage pour la suite,


Mélo, étudiante au baccalauréat en sexologie et stagiaire pour AlterHéros

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