Suis-je un homo refoulé ou je me fais du souci pour rien ?
Alors il fait préciser que je suis quelqu’un de très anxieux et que je fais régulièrement des crises d’angoisse.
Ducoup vous pensez que je suis un homo refoulé ou que je me fait du soucis pour rien ?
Il est vrai que certaines personnes s’affirment homosexuelles à 40 ans. Mais voici ce que j’ai proposé comme réponse à ce sujet dans un autre mail: « Est-ce que cela signifie qu’elles se sont menti pendant tout ce temps ? Très rarement. Certaines personnes savent pertinemment qu’elles sont homosexuelles ou bisexuelles mais n’ont pas la possibilité de faire leur coming-out (révéler leur orientation sexuelle à leur proches) pour des questions de sécurité, par exemple, et choisissent de passer leur vie avec une personne d’un autre genre en sachant très bien qu’elles ne sont pas hétérosexuelles. D’autres vivent une vie agréable en couple hétérosexuel, puis tombent amoureux d’une personne du même genre un jour et choisissent l’étiquette « homosexuel.le » pour se définir. Tu comprends ? » Je t’invite à relire l’ensemble de la réponse pour te donner un coup de pouce pour mieux comprendre.
La voici : « Je ressens une forte anxiété à l’idée d’être gay. Que faire ? »La réponse parle entre autres de la fameuse « peur d’être gay » et d’à quel point cette idée est souvent ancrée, qu’on le veuille ou non, dans l’homophobie ou du moins dans l’hétéronormativité. Qu’est-ce que l’hétéronormativité ? Voici une réponse que j’ai offerte à une autre personne qui se demandait s’il était possible de se croire hétéro pendant longtemps, mais de se découvrir homo :
« Il faut savoir d’abord que plusieurs personnes ont le malheureux réflexe de croire que tout le monde est hétérosexuel, à la base, et que c’est la norme. Cette façon de penser s’appelle hétéronormativité. Ça nous amène à penser que les personnes lesbiennes, gaies et bisexuelles sont « devenues » ainsi, qu’elles était hétéro avant, parce que ce serait la « normalité », alors que c’est faux ! La sexualité, c’est plus fluide qu’on ne le pense. De plus, de nombreuses personnes savent depuis l’enfance qu’elles sont attirées par le même genre qu’elles. »
Je complèterais avec ceci, un extrait qui vient (aussi) de cette réponse de mon collègue Guillaume:
« Nous vivons malheureusement dans des sociétés qui nous dictent dès le jeune âge que tout le monde est hétéro. Dans ce contexte, si nous expérimentons des désirs, des comportements ou des identités allant à l’encontre de ce standard hétérosexuel, il est possible de vivre une certaine stigmatisation et un certain stress à naviguer certaines orientations sexuelles […]. L’objectif est donc d’entrevoir la diversité sexuelle comme quelque chose de positif pour l’ensemble de notre société et d’émancipateur pour les personnes concernées, et ce, peu importe comment toi tu souhaites te définir par rapport à ta sexualité. » On peut donc dire que si tu vis cette anxiété, c’est probablement parce que le simple fait de te questionner dépasse la ligne du (faux) « standard hétérosexuel » qui nous est constamment martelé… alors que pourtant, on ne devrait pas se sentir mal ou stressé de se poser des questions, ou encore de ne pas être hétéro. »
« La première étape consiste à regarder autour de soi et d’identifier 5 choses qui font partie de votre environnement. Ensuite, d’identifier successivement 4 choses que vous pouvez entendre, 3 choses que vous pouvez sentir par le toucher (comme la bague à vos doigts, votre ceinture, vos pieds dans vos chaussures), 2 choses que vous pouvez sentir par l’odorat (l’odeur de l’herbe, du marchand de gaufre,…) et enfin 1 chose que vous pouvez « goûter » (il peut juste s’agir de percevoir le goût de l’intérieur de votre bouche ou de boire une gorgée d’eau par exemple). » Essaie-le et redonne-nous des nouvelles si tu en as envie !
» En fait, il est possible de nommer deux différentes dimensions à l’orientation : soit l’orientation sexuelle et l’orientation romantique. L’orientation sexuelle, c’est notre attirance physique pour certains corps ou certaines personnes. Notre attirance romantique, c’est notre attirance émotionnelle pour certaines personnes. Ces dimensions peuvent parfois être similaires, mais elles peuvent aussi varier. Si tu regardes le schéma ici-bas, il est possible de remarquer que nos attirances sexuelles et émotionnelles peuvent s’inscrire à différentes intensités selon le genre des personnes. Il est donc possible de ressentir une attirance romantique exclusivement pour les femmes, mais de ressentir une attirance physique envers des femmes et des hommes. Et vice versa! De plus, les orientations sexuelles et romantiques ne sont pas nécessairement fixes dans le temps, nos attirances peuvent fluctuer avec le temps, au rythme de nouvelles rencontres, de nouveaux besoins, de nouvelles curiosités que la vie nous apportent. Le fait de possiblement ressentir une attirance physique pour des hommes n’efface aucunement l’attirance romantique et sexuelle que tu peux ressentir pour des femmes. En fait, tout n’est pas nécessairement noir ou blanc, et c’est très correct de ressentir des formes d’attirances qui se situent dans des zones de gris! »
Je vais te dire en secret en terminant (en toute confidence, partagé avec nos 450 000 auditeurs): j’ai déjà été amoureuse d’un homme, j’ai déjà eu des relations sexuelles avec des hommes… je m’identifie comme lesbienne. Je trouve que le mot me correspond davantage, je trouve ça vraiment badass et je suis majoritairement attirée par les femmes de toute façon. Tout ça pour te dire que l’identification à un terme ou un autre, ça t’appartient. Et même si tu tombais amoureux d’un homme un jour, tu pourrais te dire que pour une bonne partie de ta vie, tu as été attiré par les femmes presque exclusivement et que tu es donc hétérosexuel. Oui oui, c’est permis – au-delà de la question des attirances profondes et des désirs, il y a une question d’auto-identification qui reste importante.
Bonne route !
Marie-Édith, B.A. sexologie, pour AlterHéros