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#santé mentale
#schizophrène
23 mars 2024

Suis-je schizophrène? J'aurais aimé être une fille à la naissance...

C’est bizarre dit comme ça mais je ne sais plus qui je suis. Qui dirige ce corps. Avant j’étais… Quelqu’un, mais je ne sais même plus comment définir cette personne, on est plus les mêmes, et je ne sais plus ce qu’est devenu cette personne, je ne sais plus ce que je veux, tout rentre en contradiction dans ma tête à un point que sa me fait mal, j’ai l’impression que je ne contrôle plus ce que je veux où ce que je fais mais en même temps si. Des fois je parle à voix haute à quelqu’un sans savoir qui sait, mais ce n’est pas moi qui parle, enfin si, mais ce n’est pas moi qui choisis ce que je dit et ce que je répond, comme si des gens avaient une conversation et que j’écoutais. Bien évidemment comme c’est mon corps je peux toujours les empêcher de parler. Certaines personnes pense que je suis schizophrène mais c’est impossible hein ? C’est rare et ça ne peux pas m’arriver ? Je fais juste un caprice comme d’habitude pour le rendre intéressant non ? Je ne sais pas, je ne sais plus rien. Aidez-moi et rassurer moi, dites moi que je suis pas malade, que j’ai pas besoin de voir un psy…
Le problème ne se limite pas qu’à sa. J’ai fait un « coming out » trans a mes parents. Sauf que je me rend compte que je ne sais même plus si c’est ce que je veux… Je ne sais plus si je veux devenir une fille ou pas… Je suis un homme à la base, et j’ai toujours voulu être né fille, j’ai toujours trouvé sa merveilleux et était jaloux des filles. Mais je ne sais plus si je veux en devenir une. On dit l’identité de genre tout ça l’acceptation de sois, mais en plus de ne plus savoir qui je suis je ne sais plus ce que je suis. On m’as dit dans ce cas tu es non-binaire, mais moi ça m’intéresse pas, j’aurais voulu être une fille à la naissance, maintenant c’est trop tard. Je veux qu’on me reconnaisse comme ayant une identité de genre biologique féminin, être non-binaire c’est cool mais sa ne change rien au fait que les gens savent que je suis un homme. Tout aurait étais plus simple en fille, j’aurais put être non-binaire si je le voulais, j’aurais put être trans si je le voulais, j’aurais put rester un homme… J’aurais put avoir le choix quoi, mais là le seul choix qui s’oppose à moi me perturbe et je ne sais plus rien. Je ne sais même plus ce que je raconte et puis merde…

Alayna

Rose Dorian

Bonjour Alayna, 

Merci tellement de faire confiance à AlterHéros!

Je vois tout de suite en te lisant que tu traverses une période de gros bouleversements. Depuis un moment, tu as l’impression de ne plus être en contrôle, en tout ou en partie, de ce qui se passe dans ton corps et dans ta tête. Tu te poses des questions sur ton état mental, les gens autour de toi ont commencé à faire des remarques et, comme si ce n’était pas déjà assez de difficultés à gérer, la détresse en lien avec ton identité de genre augmente et tu as l’impression d’être dans une impasse.

C’est normal d’avoir peur quand on a l’impression que la réalité est en train de nous échapper. Je te dis tout de suite que je ne peux pas te donner de diagnostic ou répondre à des questions sur ta santé physique et psychologique. En même temps, mon rôle comme bénévole ici avec AlterHéros, c’est de transmettre le plus possible d’informations et d’outils pour que tu puisses faire un peu plus de sens avec ce qui t’arrives.

J’aimerais commencer en précisant qu’il y a plusieurs explications possibles pour les expériences que tu décris. Par exemple, si quelque chose affecte physiquement ton cerveau, les conséquences peuvent varier selon la zone affectée. Un problème de santé physique peut très bien changer le comportement d’une personne. Tu as l’option de consulter un‧e professionnel‧le de la santé avec qui tu pourrais discuter des tests et des examens médicaux utiles pour identifier différentes conditions médicales.

La consommation de substances qui ont des effets sur ton système nerveux comme l’alcool, le cannabis, des stimulants, des hallucinogènes ou toute autre drogue/médicament avec ou sans prescription, peut aussi modifier nos comportements et procurer différentes sensations. Selon la personne qui consomme, le moment, le contexte et ce qui est consommé exactement, cela peut autant donner des sensations agréables que désagréables, des changements de comportement désirés ou non-désirés ou des périodes de bien-être ou encore de confusion et d’anxiété. 

Il y a aussi des explications possibles dans la catégorie de la «santé mentale». Je place cette expression entre guillemets pour souligner cette obsession que nous avons, en tant que peuples colonisateurs, de séparer le corps de l’esprit. Notre ressenti intérieur a des impacts sur notre corps et l’état de notre corps a des impacts sur notre ressenti intérieur.

Ainsi, peu importe ce qui se passe dans ton corps physique en ce moment, il est clair que tu vis beaucoup de détresse en lien avec ton identité de genre. Comme tu le dis, tout aurait été plus simple si tu avais pu naître en tant que femme cis dès le départ, mais la réalité actuelle n’est pas celle-là en ce moment.

Le stress, les émotions intenses et les traumatismes peuvent aussi créer ce qu’on appelle de la dissociation. C’est un phénomène qui peut se vivre de plusieurs façons. Moi, par exemple, j’ai souvent l’impression que les choses autour de moi deviennent floues et irréelles quand je vis une situation extrêmement stressante Je te partage ça parce que ça m’a beaucoup aidé‧e de trouver un‧e thérapeute qui m’accueille sans jugement et m’aide à comprendre ce qui se passe à l’intérieur de moi. D’autres personnes disent aussi qu’elles ont l’impression que des voix se chamaillent à l’intérieur d’elles ou qu’elles oublient des parties importantes de leur journée. 

Des personnes qui ont vécu des expériences de psychose ou d’hallucinations, qu’elles soient ou non schizophrènes, disent aussi que les émotions intenses, les dérèglements des habitudes de vie et la consommation de substances peuvent augmenter les effets désagréables de leur condition. 

Peu importe quelle étiquette la société nous mettrait, nous avons le droit d’obtenir du soutien respectueux de notre vécu et de notre diversité de genre, nous avons des droits qui nous protègent quand nous consultons et on peut choisir d’accepter ou de refuser des soins, des traitements et des médicaments.    

Comme je ne suis pas en France – je t’écris plutôt du territoire volé et non cédé de Tio’tia:ke que les colons européens appellent Montréal -, ma connaissance des ressources locales est quand même un peu limitée, donc je t’encourage à aller faire un tour sur les sites suivants pour accéder à de l’information complète :

Je termine en te disant que je te souhaite de trouver ce qui te permet à toi de ressentir plus d’euphorie de genre, de douceur et de joie. Si jamais tu souhaites approndir les lectures afin d’alimenter tes réflexions concernant ton identité de genre, tu peux consulter diverses questions de notre site internet concernant le genre. N’hésite vraiment pas a nous réécrire si tu as d’autres questions. 🙂

Rose Dorian, intervenant‧e bénévole pour AlterHéros

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