Suis-je enceinte ? Le rapport non-protégé a eu lieu 3 jours après la fin de mes menstruations...
Bonjour, j’ai eu rapport non protégé avec mon partenaire. Est-ce possible d’être enceinte si cet événement a eu lieu 3 jours après la finition de mes menstruations? Si oui puis-je avoir des symptômes deux jours après? Car j’ai mal dans le bas du ventre et le matin je suis toute endormi, ça me prend une vriament du temps avant d’être vraiment réveiller. J’ai eu quelques mal de coeur… Alors j’attend de vos nouvelles!!
Véronique
Bonjour Véronique,
« Suis-je enceinte ? »
Peu de questions peuvent générer autant de joie ou d’appréhension, de soulagement ou d’anxiété. Comment savoir si je suis enceinte ?
Tout d’abord, pour être enceinte, la personne doit ovuler. L’ovulation est un phénomène physiologique qui débute généralement au cours de la puberté. L’âge normal du début de la puberté chez les personnes ayant un utérus est de 7 à 13 ans. Peu à peu, la personne notera une augmentation du volume de sa poitrine bientôt accompagnée par l’apparition de poils pubiens et axillaires. Viennent ensuite généralement les premières règles, c’est-à-dire les premières menstruations, des pertes sanguines vaginales témoignant de la production d’hormones par les ovaires (et d’une perméabilité normale des voies de sortie). Les premières règles sont généralement irrégulières, et il faut environ 18 mois pour en compter 12. Aussi, les premières règles sont généralement anovulatoires, ce qui signifie que les menstruations sont liées à la production des hormones (estrogène, progestérone) qui débute, sans pour autant qu’un ovule soit libéré à chaque cycle. On doit cependant mentionner qu’il s’est déjà reporté dans la littérature médicale des cas de grossesses chez des jeunes qui n’avaient pas encore eu leurs règles, mais ceci est très rare. Bref, par souci de prudence, il est essentiel qu’une personne ayant un utérus utilise un moyen de contraception dès qu’elle note ses premières règles, si elle est active sexuellement. Il est à noter que la moyenne d’âge du début des règles est de 12 ans et demi, et qu’on investigue l’absence de règles seulement à partir de 16 ans (ou 3 ans après le début du développement des seins, ou à 13 ans, s’il n’y a aucun signe du début de la puberté).
De même que l’ovulation est nécessaire pour produire une grossesse, il faut aussi la présence d’un spermatozoïde qui réussit à rejoindre cet ovule, et ce, au bon moment. Il faut donc une relation avec pénétration du pénis dans le vagin et éjaculation à l’intérieur du vagin, ou plus exceptionnellement, à l’entrée de celui-ci, pour que les spermatozoïdes aient une chance de remonter à l’intérieur du vagin, du col de l’utérus, de l’utérus, jusqu’aux trompes utérines. De plus, même si les spermatozoïdes peuvent vivre jusqu’à trois jours, l’ovule, de son côté, a une durée de vie de 24 heures. Pour maximiser ses chances de tomber enceinte, une personne doit donc avoir une ou des relations sexuelles complètes trois jours avant l’ovulation, ou dans les quelques heures après l’ovulation, ce qu’on appelle aussi la « fenêtre fertile ». En résumé, une personne avec des cycles réguliers (par exemple, à tous les 28 jours) peut être rassurée si elle a une relation sexuelle juste avant ou juste après ses règles, puisque l’ovulation se produit 14 jours avant la date de la prochaine menstruation prévue (pour une femme qui a des cycles réguliers tous les mois). Ainsi, si une personne a ses règles à tous les 34 jours et que le « jour 1 » est le premier jour de saignement, l’ovulation devrait survenir autour du « jour 20 ». La probabilité de devenir enceinte serait donc la plus importante autour du jour 17 jusqu’au jour 23, approximativement et en supposant que l’ovulation pourrait être retardée d’un jour ou deux. Il est à préciser qu’une personne irrégulière dans ses cycles, spécialement si ses cycles durent moins de 21 jours ou plus de 35 jours, ne peut utiliser ses méthodes de calcul puisqu’il nous est impossible de prédire quand cette personne ovule (et donc impossible de dire quand le risque est plus grand de devenir enceinte).
Une fois qu’il y a eu pénétration complète et éjaculation à l’intérieur du vagin, sans moyen de contraception fiable, surtout dans une période susceptible, il y a évidemment risque de grossesse. Commence alors l’attente et les sentiments positifs ou négatifs qui l’accompagnent. En effet, le signe le plus suggestif d’une grossesse est un retard dans l’apparition des règles (une fois de plus, beaucoup plus facile à noter s’il y a cycles réguliers). Rarement, on peut noter un faible saignement autour du moment des règles et penser qu’il s’agit d’une règle peu abondante : toutefois, cette petite perte sanguine moins abondante que la normale peut aussi indiquer un saignement d’implantation qui survient au moment où l’ovule fécondé prend racine dans l’utérus.
Si vous êtes à risque de grossesse et que vous notez une période peu abondante ou que vous présentez un retard dans vos règles, le meilleur test pour vous confirmer/infirmer demeure le test urinaire de grossesse, disponible généralement en pharmacies (sinon, consultez votre médecin ou une clinique médicale ou clinique soin des femmes, etc.). Vous n’avez qu’à lire le dépliant dans la boîte pour l’utiliser. Il s’agit généralement d’uriner sur un bâtonnet et un changement de couleur (ou l’apparition d’un « + ») confirmera ou non la grossesse. Il est généralement conseillé d’utiliser l’urine du matin qui est plus concentrée en hormones ou à tout le moins, de se retenir quelques heures et de limiter les breuvages avant d’uriner sur le bâtonnet. Les tests urinaires de grossesse sont très sensibles et seront positifs à partir de la date prévue de la règle manquée. Un test faiblement positif est généralement un signe de grossesse (considérer le répéter dans quelques jours selon votre besoin de certitude). Si vous avez des cycles irréguliers et que vous êtes inquiète, je vous conseille d’attendre deux semaines après la relation sexuelle à risque avant d’acheter le test (si vous n’avez toujours pas eu vos règles). Une fois que vous notez un test clairement positif, il est inutile de le répéter, consultez plutôt un médecin pour obtenir des conseils pour le suivi de la grossesse ou la possibilité d’un avortement. Les faux négatifs sont très rares à moins que vous soyez un peu trop tôt (avant la date de vos règles prévues). Au besoin, si le test est négatif, répétez un autre test quelques jours plus tard pour vous rassurer.
Certaines personnes commenceront à ressentir de la nausée avec ou sans vomissements au moment de la règle manquée. Un(e) médecin lors d’un examen gynécologique peut parfois remarquer des changements au niveau du col qui peuvent indiquer une grossesse. Une fois de plus cependant, le test urinaire de grossesse qui mesure une hormone produite par le placenta demeure le meilleur moyen de confirmer s’il y a grossesse ou non. Des échantillons sanguins et des échographies sont parfois utilisés pour le suivi d’une grossesse, mais pas généralement pour le diagnostic d’une grossesse en premier lieu (le test sanguin peut permettre un diagnostic quelques jours plus tôt et aussi d’obtenir un chiffre précis sur la quantité d’hormones présentes dans le sang).
J’aimerais ici réitérer l’importance de consulter un médecin si vous avez un test urinaire de grossesse positif (spécialement si la grossesse est non désirée et ce, le plus tôt possible) ou si vous notez un retard prolongé anormal dans vos règles. De plus, il est important de consultez immédiatement un médecin si vous êtes enceinte depuis quelques jours ou semaines et que vous notez des douleurs abdominales basses avec des saignements vaginaux, puisqu’il peut s’agir d’une grossesse ectopique qui est une complication sérieuse. Finalement, il ne faut pas oublier que le meilleur moyen de prévenir une grossesse non désirée demeure la prévention avec l’utilisation de moyens de contraception comme la pilule anticonceptionnelle prise régulièrement, le condom qui protège aussi des infections transmises sexuellement ou le stérilet (généralement pour les personnes ayant déjà accouchée dans le passé, car mieux toléré). Il existe aussi des « mesures d’urgence » si vous venez d’avoir une relation sexuelle non protégée pour diminuer les chances de grossesse. La « pilule du lendemain » constitue de la progestérone. Elle réduit les risques de grossesse de 75 à 90 %, avec un taux d’échec de 2.5 %. Les effets secondaires les plus communs de la « pilule du lendemain » incluent nausée, vomissements, maux de tête et sensibilité des seins. Il faut aussi se rappeler que seulement 20-25 % des couples qui désirent une grossesse y arriveront lors du premier mois d’essai… Bref, même si le condom une fois s’est brisé, attendez deux semaines pour le test urinaire avant de songer à vous arracher les cheveux ! Les chances sont de votre côté…
Frédéric, pour AlterHéros