Il pleut.  Une belle pluie.  Dure, puissante; quelques éclairs même.  Un bel orage.  Comme si toutes les tentions des hommes s’étaient accumulées jusqu’au point de non retour et perçaient à présent la voute céleste pour retomber laver nos petits corps faibles ; peut être aussi nos esprits torturés.

Tes yeux sauvages.  Chacun de tes regards est comme une enfournée de charbon dans la chaudière de mon coeur brûlant.  Ils en ravivent sans cesse la flamme.  Si seulement le déchainement des cieux pouvait tomber droit sur mes sentiments et les éteindre; grand dégagement de fumée et tas de cendres.  Si tout était si simple.  Ce n’est pas le cas.

Tu hantes mon esprit jour et nuit, chaque minute, chaque seconde, et je repasse sans cesse en boucle des scènes ou tu étais présente.  Un «bonjour», un «t’aurais pas l’heure s’il te plait?».  Chacun de tes gestes est forcément parfait pour moi; tu me cracherais dessus que je t’en remercierais.  A chaque amour on s’étonne de pouvoir aimer autant.  Aussi fort, aussi passionnément, aussi longtemps.  Je ne me reconnais plus, on ne me reconnait pas.

La pluie a cessé.  J’en reste là.